Résumé :
Au début des années 90 à San Salvador, Olga María Trabanino est froidement assassinée d'une balle dans la tête. Qui peut donc avoir voulu la mort de cette jeune femme apparemment sans histoires ? Au fil de l'enquête, sa meilleure amie, Laura, découvre incrédule tout ce qu'elle lui avait caché : son passé, ses fréquentations, ses vices... Le portrait qui se dessine alors est celui de la bourgeoisie tout entière, qui abrite ses turpitudes et sa corruption sous le masque impavide de la respectabilité. Le jour où l'assassin s'évade de prison, elle voit le piège se refermer sur elle. Avec cette intrigue menée d'une plume haletante, l'auteur du Dégoût poursuit sa radiographie au vitriol de la société salvadorienne, gangrenée par les luttes politiques et le trafic de drogue.
Mon avis :
Mon avis :
La Diablesse dans son miroir est un court roman très original puisque c’est un long monologue. Laura nous raconte l’assassinat de sa meilleure amie, Olga-Maria, et se lance dans l’enquête. Mais nous sommes à San Salvador dans les années 1990 et la plupart des crimes reste impuni et la corruption est partout.
On entrevoit dans le récit de Laura : l’instabilité politique, les cartels de drogues et la faillite des banques. C’est un roman inclassable qui mêle avec finesse un peu de crime, un peu d'érotisme, beaucoup de commérages, un peu de politique et un peu de psychologie.
Le bavardage incessant de Laura et ses ragots sont souvent très drôles mais il y a des moments, ou l’on a l’impression de devenir fou. On voudrait lui dire de se calmer, de faire une pause, sans pouvoir pour autant arrêter de lire. Et c’est un incroyable exercice de style livré par un auteur masculin.
Enfin destinataire du monologue n'est jamais révélé avant les dernières lignes même si avec le titre du roman en dévoile un peu trop. La fin est une vraie réussite, elle clôture le récit à merveille.
Extraits :
Ma belle, il faisait une de ces chaleurs dans cette église ! Je ne sais pas ce qui leur a pris d’organiser les funérailles si tôt. On devrait climatiser les églises ! Ne crois pas que ce soit la première fois que j’y pense : je t’assure que si les curés y mettaient l’air conditionné, on irait plus souvent à la messe. Quand j’ai dit ça à ma mère, elle a fait une telle tête qu’on aurait dit que j’avais blasphémé. Heureusement qu’on est déjà dans la voiture et que je l’avais garée à l’ombre. À un moment donné, je transpirais tellement que je sentais mon maquillage commencer à fondre. Et quel bavard, ce curé, ma belle !
Quel cauchemar ! Tout à la fois : la perte de l’argent d’Olga María, l’arrestation d’Alberto, la maladie de doña Olga, l’évasion de Robocop. J’ai l’impression d’être dans un film. Et l’assassin qui s’est mis en tête de me filer. Il faut que je boive une tasse de tilleul pour calmer mes nerfs.
Regarde celle-là en minijupe, on dirait qu’elle vend de la cellulite. Les gens n’ont plus aucun sens du ridicule, ma belle ; la règle, c’est le laisser-aller.
Un soir, j’y suis venue avec Olga María. On a commandé une bouteille de vin blanc français et une assiette de fromages et de viandes froides. Exquis. On n’a pas arrêté de parler. Je crois que c’est la dernière fois qu’on a autant bavardé. Elle était superbe, minijupe noire, bottes montantes. Elle était impressionnante ; je ne l’avais jamais vue aussi coquette. On a d’abord visité l’endroit ; de ce côté, après le comptoir, il y a des magazines et des journaux étrangers, au cas où tu serais seule et aurais envie de lire. Puis on a choisi cette table. Olga María était un peu triste, après sa déception avec El Yuca et à cause de ses problèmes de couple avec Marito, mais après les premiers verres, elle est devenue pétillante, joyeuse, extrêmement sympathique. Ce qu’il y a de plus agréable ici, ce sont les serveurs, étudiants à l’université, de beaux garçons qui te mettent l’eau à la bouche. On dit que Mirna les choisit pour que les femmes deviennent accros de l’endroit. Des mauvaises langues, ma belle : quoique moi, si j’étais à la place de Mirna, qui sait si je résisterais à la tentation de les essayer ? Celui qui passe est celui qui nous avait servies quand je suis venue ici avec elle. Joli comme un cœur, n’est-ce pas ? Je crois qu’il s’appelle Rodolfo. Tu aurais vu Olga María ce soir-là ! Elle n’a pas arrêté de jacasser avec ce Rodolfo. Chaque fois qu’il passait près de nous, elle l’appelait et se mettait à lui poser des questions. Le pauvre gosse en était tout retourné. Olga María ne plaisantait pas quand elle avait le béguin pour quelqu’un.
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