mardi 14 décembre 2021

Les mamies font parler la poudre


 Résumé : 

Dagny Svensson, 74 ans, a tout pour passer une retraite heureuse. Son centre de divertissement et bien-être pour personnes âgées, qu’elle a fondé avec sa sœur dans la campagne suédoise, rencontre un franc succès. Elle décide pourtant de se lancer dans un nouveau défi : créer le collectif « Les Mamies pour la paix » pour lutter contre la prolifération des armes.
Le jour où ses nouveaux voisins, officiellement en train de développer le premier champagne nordique, se révèlent être des trafiquants d’armes, Dagny comprend que cette nouvelle étape ne sera pas un long fleuve tranquille ! Quant à la police locale, elle n’a pas l’intention de se laisser marcher sur les pieds…

Mon avis : 


Un livre amusant sur un groupe de mamies qui lancent un mouvement pour la paix dans le monde. Malgré cela, je m’attendais à quelque chose de différent et je suis légèrement déçue. Je pensais avoir à faire à un cosy murder, ces romans policiers à la mode mais on est plus sur un roman feel-good.

On passe un bon moment avec Dagny et sa sœur mais le roman est long et les nombreuses péripéties n’arrivent pas à susciter l’intérêt du lecteur. J’aurais aimé un peu plus d’interaction avec leurs voisins, trafiquants d’arme. Or le roman est plus une succession de situations cocasses et peu réalistes malheureusement.

C’est un roman léger qui fait sourire mais il manque quelque chose pour que ce soit un coup de cœur. Malgré tout, il apporte matière à réflexion sur la course à l’armement mais il ne me lassera pas un grand souvenir. Dommage….



Extraits : 

Voyons, de nos jours, les gens font ce qu'on leur dit : ils font la guerre et tirent sur d'autres hommes parce qu'une espèce de cinglé leur dit de le faire. Mais si plus personne n'obéit, il n'y aura plus de guerre.

lundi 13 décembre 2021

The heights


 Résumé : 

He thinks he’s safe up there. But he’ll never be safe from you.

The Heights is a tall, slender apartment building among the warehouses of Tower Bridge, its roof terrace so discreet you wouldn’t know it existed if you weren't standing at the window of the flat directly opposite. But you are. And that’s when you see a man up there – a man you’d recognize anywhere. He’s older now and his appearance has subtly changed, but it’s definitely him.

Which makes no sense at all since you know he has been dead for over two years. You know this for a fact.

Because you’re the one who killed him. It’s time to confess what we did up there.

Mon avis : 

Première rencontre avec Louise Candlish et quelle rencontre ! J’ai littéralement dévoré ce roman.

On fait la connaissance d’Ellen, qui croise par hasard la route d’un jeune homme mais dès les premières lignes, elle nous confesse pourquoi cette rencontre est improbable : elle a tué cet homme deux ans auparavant. Finalement, on se replonge dans le passé et on va découvrir comment Kieran est entré dans la vie de son fils Lucas et comment Ellen en est venue à cette haine.

La construction du roman tout d’abord est très intéressante : on alterne entre les parties ou Ellen est le personnage central puis Vic fait son entrée. Il est le père de Lucas et l’ex-mari d’Ellen. Et leurs deux manières de penser nous donne une image totalement différente de l’autre.

En effet, les personnages sont extrêmement complexes et difficile à cerner. Kieran est-il bon ou mauvais ? Ellen est-elle une mère stable et protectrice ou étouffante et psychologiquement instable ? Vic quand a lui est-il un homme qui ne veut pas d’histoire avec son ex ou est-il manipulateur ? On passe vraiment par tous les sentiments concernant les personnages et j’ai vraiment adore me poser toutes ses questions d’autant que l’auteure attend les dernières pages pour nous révéler l’intrigue complète.

J’ai vraiment adoré ce roman qui se dévore. Le suspense est omniprésent du début a la fin et la tension monte progressivement. Certains passages font froid dans le dos et j’ai eu certains frisons lors de ma lecture.

Je ne connaissais pas l’auteure mais je lirai prochainement un autre de ses romans qui j’espère sera aussi bon que celui-ci.



Extraits : 

Kieran Watts has been dead for over two years when I see him standing on the roof of a building in Shad Thames.




It can't be Kieran Watts, I tell myself. And if anyone can be sure of that it is me.
Because I'm the one who killed him.

lundi 29 novembre 2021

Elma

 

Résumé : 

Dans la petite ville d'Akranes, une femme est retrouvée morte près du phare.

Qui pouvait en vouloir à cette mère de famille sans histoires ? L'enquête est confiée à Elma, inspectrice, de retour après vingt ans passés à Reykjavik.

Aux prises avec ses propres démons depuis une rupture douloureuse, elle se retrouve plongée dans les plus sombres secrets de cette tranquille communauté.

Mon avis : 

Elma est dans ma PAL depuis plus d’un an et je regrette de ne pas l’avoir lu avant car c’est un vrai coup de cœur.

J’ai pris la direction de la petite ville d’Akranes en Islande (rien que ça, ça me fait rêver !). Elma, une jeune flic revient dans la ville de son enfance après un drame. Quand une jeune femme est retrouvée morte, elle et ses collègues se chargent de l’enquête.

L’enquête d’abord est habillement menée, l’auteure nous entraine sur une fausse piste tandis qu’Elma suit son intuition. Et elle a entièrement raison de vouloir creser davantage. C’est une flic qui a beaucoup d’intuition.

Les personnages sont attachants et il me tarde de retrouver Elma dans la suite de ses enquêtes. Mais j’ai aussi beaucoup aimé qu’elle nous livre un peu de sa vie personnelle. Ce n’est pas juste une flic, c’est une femme blessée avant tout. Les autres policiers qui travaillent avec elle sont tous sympa, tout comme sa famille. J’ai beaucoup aimé l’ambiance petite ville ou tout le monde connait tout le monde.

L’Islande, me fait rêver, et après ce roman, j’ai encore plus envie de découvrir un jour ce pays complètement fascinant. C’est un petit pays qui n’est pas très loin de nos frontières et pourtant si différents culturellement.

Vous l’aurez compris, c’est un premier tome très prometteur et une de mes premières lectures de 2022 sera la suite, déjà parue en anglais.




mercredi 17 novembre 2021

Alabama 1963

 Résumé : 

Birmingham, Alabama, 1963. Le corps sans vie d’une fillette noire est retrouvé. La police s’en préoccupe de loin. Mais voilà que d’autres petites filles noires disparaissent…

Bud Larkin, détective privé bougon, alcoolique et raciste, accepte d’enquêter pour le père de la première victime.

Adela Cobb, femme de ménage noire, jeune veuve et mère de famille, s’interroge : « Les petites filles, ça disparaît pas comme ça… »

Deux êtres que tout oppose. A priori.

Mon avis : 

Alabama 1963 a été la surprise de la rentrée littéraire de septembre 2020. Un roman écrit a quatre mains par deux français qui nous plonge au cœur de l’Amérique profonde des années 1960. J’étais intriguée depuis sa sortie et je suis contente d’avoir participé à la lecture commune organisée par Julie27 sur Livraddict pour enfin sortir ce roman de ma PAL. J’ai vraiment adoré ce roman même s’il y a quelques maladresses aux fils des pages.

On fait la connaissance de deux personnages centraux : Adela, femme de ménage noire, veuve et mère de trois enfants et Bud, ancien flic, alcoolique, reconverti en détective privé. Et c’est ici le premier défaut : même si les personnages sont extrêmement attachants, on est vraiment dans la caricature parfaite. Et autour d’eux gravitent encore plus de personnages caricaturaux : Edwin, le flic blanc super raciste membre du KKK ou encore la femme blanche canadienne ultra naïve et ingénue.

Cela n’enlève rien au fait qu’Adela et Bud forment un duo d’enquêteurs hors-pair. L’intrigue est intéressante et prenante, des disparitions d’adolescentes noires dont la police se désintéresse à cause de leur couleur de peau. L’enquête est bien menée et les auteurs nous entraine sur de fausses pistes. La tension monte progressivement et l’étau se referme progressivement sur le meurtrier mais il y a là un deuxième défaut selon moi : la fin arrive beaucoup trop rapidement.

J’ai aimé la plongée dans les années 1960, on revit vraiment l’époque a travers son actualité : l’assassinat de JFK, les chansons qui passe sur le jukebox, les magazines que lisent les femmes…. Cette époque en pleine mutation est vraiment très réaliste et bien décrite. Le racisme envers les noirs aux Etats-Unis reste malheureusement toujours d’actualité.



Extraits : 

Dorothy manqua de glisser sur le parquet fraîchement lustré.
« Ouh, vous avez failli me tuer, Adela, dit-elle en s’esclaffant.
- Ah… » fit Adela, une pointe de regret dans la voix.


« Si c’est pas malheureux de voir ça. Des blancs qui traînent avec des négresses !
- Mais je vous emmerde, Monsieur. »
Le vieil homme en resta pantois. De même qu’Adela. Bud et elle poursuivirent leur chemin. Plus loin, Adela se mit à rire.
« Quoi ? » fit Bud.
Elle le regarda et se remit à rire.
« Quoi ? J’ai été poli, j’ai dit ´monsieur’. »


-Vous préférez qu'on dise de vous que vous êtes une femme noire ou que vous êtes une femme de couleur ?
-Je préfère qu'on dise que je suis une femme bien.


- T'es allée voir pour l'annonce ?
- Oui. C'était une porcherie. Et le type, soi-disant un détective... Agressif, grossier, sale. Et arrogant. Et fainéant.
- Un Blanc, quoi.


Et voilà comment une femme de ménage noire de Birmingham se retrouva à feuilleter McCall's, un chocolat chaud à la main, dans le salon de sa patronne qui passait l'aspirateur. Le livreur qui assista à cette scène n'en crut pas ses yeux.

jeudi 11 novembre 2021

Le murder club du jeudi


 Résumé : 

Elizabeth, Joyce, Ibrahim et Ron frisent peut-être les quatre-vingts ans, mais ils en ont encore sous le capot. Leur passe-temps favori : s’atteler, tous les jeudis, à de vieilles affaires de meurtre, pour en découvrir le fin mot là où la police a échoué. Jusqu’à ce que la nouvelle leur parvienne : Tony Curran, l’associé du directeur de leur village de retraite, vient d’être retrouvé assassiné dans sa cuisine. Ni une ni deux, Elizabeth convoque ses trois acolytes et lance le Murder Club sur la piste du tueur, toutes cannes dehors. Quand il s’agit de tromper l’ennui et de doubler la police, il ne faut jamais sous-estimer les personnes âgées.
Succès absolu au Royaume-Uni, Le Murder Club du jeudi nous entraîne, entre rires et larmes, sur le chemin tortueux des émotions humaines. Car, derrière le meurtre, ce sont les liens tissés au crépuscule d’une vie que Richard Osman dépeint avec brio.

 Mon avis : 

Un nouveau cosy murder venu d’Angleterre et qui a beaucoup de succès. Le tome 2 vient d’ailleurs de paraître en anglais et le tome 3 est prévu pour septembre 2022.

Ce roman est le premier roman de l’auteur et même si j’ai passé un bon moment, il y a malgré tout quelques petits défauts.

Commençons par le positif :

- l’originalité du scénario : 4 petits vieux qui mènent l’enquête depuis un village de retraités. Ils ont créés leur « murder club » pour résoudre des enquêtes classées sans suite. C’est étrange et un peu morbide mais pourquoi pas, ça met un peu de piment dans leur vie, sans doute plus que les sudokus ou le tricot.

- J’ai aimé la relation entre Donna et Chris et leur petit jeu de séduction. C’est un couple de flic que j’ai aimé même s’ils manquent tout deux d’un peu de flair.

Je suis malgré tout dubitative concernant les points suivants :

- Le rythme est très lent. Malgré une construction intéressante avec des chapitres courts qui alternent les points de vue, le roman manque de dynamisme.

- Les personnages qui sont bien trop caricaturaux : l’ancien syndicaliste barbant, le vieux psy qui analyse la situation, le polonais qui travaille dans le bâtiment... Ce n’est pas vraiment recherché et ça empêche de vraiment s’attacher à un personnage en particulier. Je suis également un peu déçue de ne pas en avoir appris un peu plus sur le passé d’Elizabeth.

- La fin m’a également déçue. Je l’ai trouvé trop complexe et brouillonne.

Je suis maintenant curieuse de découvrir la suite et de donner une seconde chance à l’auteur.


lundi 11 octobre 2021

Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette, tome 2 : À Knokke-le-Zoute !

Résumé : 

Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague...
Enfin les vacances, direction Knokke-le-Zoute ! Le peintre Magritte et sa femme Georgette se préparent à savourer les plaisirs de la côte belge : promenades en cuistax, croquettes de crevettes et moules-frites. Mais avant ça, ils profitent de la plage, bien installés dans leur transat. Un peu plus loin, les aboiements de leur chienne Loulou sonnent la fin du farniente. En grattant dans le sable, elle a déterré une main. Une aubaine pour René et Georgette qui vont se livrer à leur plaisir secret : traquer le meurtrier.

Mon avis : 

René et Georgette m’ont tellement plu lors de notre première rencontre que j’ai voulu lire immédiatement la suite de leurs aventures.

On quitte Bruxelles pour la côte belge où les Magritte prennent quelques jours de vacances. C’est aussi l’occasion pour eux de mener l’enquête sur la disparition d’une femme qui très vite est suivie par la mort de son mari.

Encore une fois, je me suis régalée avec cette enquête. Difficile à dire si j’ai préféré le premier ou second tome. En tout cas, l’enquête est prenante, l’auteurs nous entraine sur de fausses pistes et pendant les ¾ du livre on se demande vraiment où l’on va. Et puis les pièces du puzzle s’emboitent et la résolution de l’enquête est à la hauteur de nos attentes.

Concernant les personnages, je les ai trouvés encore plus attachants ici car il y a beaucoup moins de personnages secondaires puisque notre couple est loin de chez eux. Dans le premier tome, René ramenait les informations pêchées au café ou lors de ses rencontres et Georgette faisait preuves de déductions. Ici, on est plus sur une enquête classique. Et si le procédé est différent les deux tomes sont vraiment prenants.

J’ai beaucoup aimé croiser du beau monde belge, après une rencontre avec Jacques Brel dans le premier tome, on fait la rencontre de Hergé dans celui-ci. Il me tarde de lire la suite te j’espère que de nombreux tomes verront le jour.

Nadine Monfils nous entraine dans son pays, nous le fait vivre grâce à ses personnages, son histoire, sa culture et sa gastronomie et je ne m’en lasse pas. Il faut dire que le récit est truffé d’humour, les dialogues sont vraiment très drôles et l’on savoure chaque page.



Extraits : 

— Rien de tel que l’iode pour se requinquer, avait décrété Georgette.
Chaque fois qu’ils allaient à la côte, ils séjournaient au même endroit, à l’hôtel de la Plage donnant sur la mer. C’était un hôtel chic mais familial et on s’y sentait comme chez soi. Georgette aimait beaucoup parce qu’on lui lançait du « madame Georgette » à tout bout de champ : « Tout va bien madame Georgette ? Besoin de rien madame Georgette ? », et que le personnel se souvenait de son prénom d’une année à l’autre. Elle faisait en quelque sorte partie de la famille ! René y retrouvait le tic-tac rassurant des pendules et le décor qui faisait penser aux salons de thé des vieilles ladies ou de Miss Marple. Tasses en porcelaine décorées de roses, buffet en bois foncé et fauteuils confortables recouverts de chintz. Ici, il était aussi à l’aise que dans ses pantoufles malgré le parfum de luxe que laissaient derrière elles les veuves argentées à la peau ridée par le soleil. Le personnel était aux petits soins pour la clientèle et voltigeait d’une table à l’autre, telles des mouches affairées soucieuses de satisfaire les moindres désirs et caprices de ces messieurs-dames. Le must est que leur chienne Jackie, qu’ils appelaient affectueusement Loulou, avait sa gamelle en faïence et quelques douceurs de bienvenue.
La chambre était dans le style du reste, avec une armoire flamande en chêne et un lit recouvert d’une parure fleurie assortie aux tentures. Chaque fois que René se trouvait dans un endroit où il se sentait bien, il avait coutume de dire : « On est ici comme dans un presbytère. »



Une fois leur valise déballée et les vêtements légers rangés dans l’armoire, les Magritte descendirent à la salle à manger, située dans une grande rotonde d’où on voyait la mer.
Au menu : croquettes de crevettes, bisque de homard et moules avec des frites, bien sûr ! Et pour accompagner ces délices des fonds marins, un petit chablis dont vous me direz des nouvelles.




- René, y a quelque chose de pas net, je le sens…
Au loin, la mer grondait comme si elle annonçait une tempête.




- […] Me dis pas que tu n’as pas une idée derrière la tête…
Georgette regarda son mari avec ses grands yeux bleus et lui adressa ce petit sourire énigmatique qu’il connaissait bien et qui lui annonçait que les vacances n’allaient pas de tout repos.




La mer c’est toujours magique. Ce sont les vagues violettes et leurs éclats d’émeraude qui déposent sur le sable nos souvenirs d’enfance. Des couleurs, des odeurs, le sel marin, le parfum sucré des beignets et celui des ballons en caoutchouc. Les halls des hôtels encombrés de malles. Les cris des enfants qui ont peur de l’eau et de ceux qui s’y éclatent en s’éclaboussant. Ou encore ces pêcheurs de crevettes avec leur filet… Les femmes en maillot, le regard attentifs des mères, les gosses qui creusent leurs rêves et font des châteaux de sable. Est-ce si différent lorsqu’on devient adultes ? Magritte se disait que les emmerdants, les gens creux, sont ceux qui ont oublié que tout ce que l’on construit n’a pas plus d’importance que les châteaux de sable de notre enfance. Tout est éphémère. Seul compte le plaisir de l’instant.





- Si tu veux mon avis, a l’heure qu’il est, cette journaliste est sur un yacht en compagnie d’un milliardaire.
- Tu vois trop de films, René !
- Vu le rastaquouère qu’elle a épousé, ça doit être le genre à suivre un vieux plein de pognon. Ces gens-là ne m’intéressent pas.
- Ah non ? Pourtant elle parle de ta fresque au casino…
Georgette lui tendit le magazine en pointant du doigt un passage ou la journaliste faisait son éloge, le qualifiant de « plus grand peintre belge, qui fait parler les images pour traduire la pensée, et qui utilise la peinture pour penser et non pour s’exprimer ». Elle terminait son article par « ne manquez pas d’aller admirer les œuvres de ce génie au Grand Casino de Knokke. »
- Finalement, je crois que tu as raison mon p’tit poulet, conclut Magritte en lui rendant sa revue. Cette dame mérite qu’on s’intéresse à ce qu’elle est devenue.
Georgette sourit, Même s’il s’en défendait, clamant qu’il n’aimait pas qu’on lui cire les pompes, René n’était pas insensible aux compliments. En plus venant d’une jolie femme, car sur la photo trouvée sur son défunt mari, Daisy ressemblait à une star de cinéma. Si elle n’avait pas disparu, Georgette en aurait été jalouse.

jeudi 7 octobre 2021

Sans passer par la case départ


 Résumé : 
Skurusundet, détroit huppé dans l'archipel de Stockholm, réveillon de la Saint-Sylvestre. Quatre jeunes sont réunis pour fêter la nouvelle année. Pour braver l'ennui, ils décident de jouer au Monopoly. Mais ils ne sont plus des enfants : il faut pimenter les règles et les enjeux. La partie d'action ou vérité dans laquelle ils se lancent les entraîne vers des révélations de plus en plus fracassantes et des mises en situation de plus en plus dangereuses, jusqu'au point de non-retour...


Mon avis : 


Avec Camilla Lackberg, je ne suis jamais déçue et une fois de plus, ce nouveau roman est à la hauteur de mes attentes.

On fait la rencontre de 4 adolescents qui sont réunis pour célébrer le Nouvel an. Ils sont issus de familles aisés, sont dans la villa des parents qui font la fête dans celle d’à côté. Ils boivent énormément et pour patienter jusqu’à minuit, décident de se lancer dans une partie de monopoly en modifiant les règles avec un jeu d’action ou vérité. Très vite, les langues se délient et l’on découvre que chaque jeune cache un sombre secret.

J’ai vraiment adoré ce roman ou la construction est vraiment habile. On sent la tension et le suspense monter progressivement. C’est un huis clos qui fait froid dans le dos. Encore une fois, l’écriture est crue, sans fioriture, c’est troublant et dérangeant au départ mais on s’y fait rapidement. Les pages se tourne très rapidement tant le roman est fascinant.

Nos quatre jeunes semblent froids, désagréables et superficiels au premier abord, issu de la jeunesse dorée, qui ont toujours été gâtés et qui ne connaissent rien a la vie. Mais au fil du roman, on se rend compte que derrière les portes closes, ils ont, en réalité, vécus des choses traumatisantes. Et c’est la toute l’habilité de l’auteure à nous faire changer de regard sur ces quatre personnages.

La fin du roman est étonnante, on ne s’y attend pas mais elle est vraiment réussie. Ce roman est court et je pense que certains lecteurs diront qu’il aurait pu être plus long mais je ne trouve pas. Il se suffit à lui-même et n’a pas besoin de plus de pages.

C’est un roman subversif, avec des personnages brisés qui reproduisent ce qu’on leur a inculqué. Excellent thriller psychologique qui pointe du doigt les travers de la société moderne en toile de fond : les écarts entre riches et pauvres, le problème de l’immigration en Suède, les réseaux sociaux ou l’on s’invente une vie.

Vivement le prochain roman de l’auteur !




Extraits : 

Le père de Max dirige une grande banque, sa mère est femme au foyer.
Quoique la notion de femme au foyer soit plutôt trompeuse. Car elle ne prend pas particulièrement soin de la maison, pas plus qu’elle ne s’occupait des enfants quand ils étaient petits. Ils ont des employés pour tout. Max est le plus jeune d’une fratrie de quatre et le seul à vivre encore sous le même toit que ses parents.


C’est ici, du côté chic de Skurusundet à l’extérieur du centre-ville, qu’elle a grandi. Elle avait quatre ans quand sa famille a quitté Örebro pour venir s’y installer. Les villas sont grandes, tournées vers l’étroit bras de mer. Les plus cossues ont un accès privé à la mer, bien sûr. Vues d’un bateau, les vastes baies vitrées font penser à des aquariums où des gens fortunés vivent leur vie. Liv sait de quoi elle parle : sa famille habite l’un de ces aquariums. Il n’y a plus que des taxis qui tournent encore, les SUV et les voitures de sport sont garés dans les allées des propriétés ou dans les garages. La plupart des maisons sont dans le noir. Les habitants de Skurusundet fêtent en général le réveillon du Nouvel An à l’étranger. À Chamonix, aux Seychelles, à St Anton ou aux Maldives. L’Instagram de Liv est un véritable tour du monde à cette période de l’année.




Secrets et mensonges sont étalés, déballés au grand jour. Des abîmes s’ouvrent. Parfois, celui qui raconte pleure, parfois ceux qui écoutent pleurent. Ils remplissent leurs verres et continuent leurs confessions.

mercredi 6 octobre 2021

Les folles enquêtes de Magritte et Georgette, tome 1 : Nom d'une pipe !


 Résumé : 

C'était au temps où Bruxelles bruxellait...
À l'arrêt du tram, le célèbre peintre René Magritte, chapeau boule, costume sombre et pipe au bec, a une vision étrange : une jeune femme en robe fleurie, debout à côté de son corps ! Il en parle à Georgette, son épouse, et immortalise la scène dans un tableau. Quelques jours plus tard, cette femme est retrouvée assassinée, avec une lettre d'amour parfumée dans son sac et un bouquet de lilas sous sa robe.

Mon avis :

Je découvre Nadine Monfils avec ce titre et je n’ai qu’un seul regret : ne pas avoir lu un de ses romans avant.

Nom d’une pipe est le premier tome d’une saga qui met en scène un couple emblématique : René et Georgette Magritte. Tous deux se plongent dans une enquête en se déclarant détectives. Si j’ai douté de leur capacité dans les premières pages, j’ai très vite été épatée par la suite. Georgette est incroyablement douée, dotée d’un esprit de déduction impressionnant, qui ferait pâlir Sherlock Holmes. René est attendrissant, vraiment malin et bluffant dans sa capacité à s’introduire chez les gens aux risques de découvrir de mauvaises surprises. C’est un couple incroyablement amoureux et tellement mignon.

Bonne surprise également coté enquête parce que pour un cosy murder, l’intrigue se révèle être bien plus profonde qu’elle n’y paraît au premier abord. Deux femmes sont assassinées et toutes deux avaient un admirateur secret qui leur envoyé des mots doux dans des enveloppes bleues. Qui se cache derrière ses meurtres ? Un mari ou amant jaloux ? L’intrigue se révèle un peu plus compliquée que cela et après quelques retours dans le passé, les pièces du puzzle viennent s’emboiter à merveille avec une fin de roman très prenante.

J’ai été transporté grâce à l’ambiance bruxelloise très agréable. Bruxelles et la Belgique en général est un pays que j’aime beaucoup. J’y ai retrouvé cette ambiance si chaleureuse, ses bistrots emblématiques, sa gastronomie délicieuse. Certains diront que l’on tombe dans certains clichés mais cela ne m’a pas dérangé du tout bien au contraire.

Je suis impressionnée par l’imagination débordante de l’auteure : mettre en scène un couple célèbre, se documenter sur leur vie et les faire revivre sous nos yeux ce n’est pas facile mais Nadine Monfils relève le défi avec brio. Son humour est très appréciable et j’ai très souvent sourit voire carrément ri lors de certains passages. Et puis, elle arrive même à nous faire vivre une scène incroyable avec Jacques Brel et sa rencontre fictive avec Magritte.

Un premier tome vraiment incroyable, qui annonce une série passionnante. Il me tarde de lire la suite.





Extraits : 


Jeanne, la gouvernante qui s’occupait de ses frères et lui a la mort de sa mère, leur avait expliqué que les pensées tricotent les choses. Que quand on a des idées noires, on les provoque dans la réalité. Elle avait du tellement souhaiter devenir la femme de leur père veuf qu’il avait fini par l’épouser ! Il faut dire qu’elle était belle et avait de l’allure avec ses chapeaux cloche, son grand manteau noir en poils de singe et ses hauts talons. Côté vertu, en revanche, elle n’avait pas le cul dans un bénitier…




Elle arborait un sourire mystérieux et ses collègues s’en étaient aperçus. Ils la charriaient par des « Oh, elle est amoureuse ! ». Madeleine restait silencieuse. Un secret, ça vous donne du charme et vous rend belle.




Comme disait une de ses collègues : « Vaut mieux épouser la sécurité. L’amour est un jeu de dupes dont personne ne sort gagnant. Et puisque, souvent, la plupart des hommes meurent avant leur épouse il te restera suffisamment de pognon pour mener la belle vie et aller rigoler sur la tombe de ton vieux crétin. »




Il était convaincu que l’art, le vrai, n’a besoin d’aucune explication. Il se suffit à lui-même. Ceux qui entourent une œuvre de mots comblent le vide qu’elle cache en cherchant à faire illusion. Seuls les esprits creux sont dupes.

mardi 28 septembre 2021

Mexican Gothic

 

Résumé : 

Après avoir reçu un mystérieux appel à l’aide de sa cousine récemment mariée, Noemí Taboada se rend à High Place, un manoir isolé dans la campagne mexicaine. Elle ignore ce qu’elle va y trouver, ne connaissant ni la région ni le compagnon de sa cousine, un séduisant Anglais.

Avec ses robes chic et son rouge à lèvres, Noemí semble plus à sa place aux soirées mondaines de Mexico que dans une enquête de détective amateur. Elle n’a pourtant peur ni de l’époux de sa cousine, un homme à la fois troublant et hostile, ni du patriarche de la famille, fasciné par son invitée… ni du manoir lui-même, qui projette dans les rêves de Noemí des visions de meurtre et de sang.

Car High Place cache bien des secrets entre ses murs. Autrefois, la fortune colossale de la famille la préservait des regards indiscrets. Aujourd’hui, Noemí découvre peu à peu d’effrayantes histoires de violence et de folie.

Mon avis : 

Mexique, dans les années 50. Noemí est envoyée à High Place par son père qui a reçu une lettre maladroite et suspecte de sa cousine Catalina, récemment mariée. La lettre impliquait qu'elle souffrait d'une maladie mentale et que quelque chose n’allait pas dans le manoir ou elle s’est installée avec son mari Virgil. Noemí s'y rend donc pour vérifier l'état de santé de sa cousine et découvrir la vérité cachée derrière sa lettre. Mais quand elle découvre la maison, elle sent qu’il s’y passe des choses anormales : elle est présentée à la famille de Virgil qui nous ressemble un peu à la famille Addams. Ils sont tous plus bizarres les uns que les autres, vivent selon des règles très strictes, se marient uniquement entre membres de la famille, couvrent les murs de la maison de mariées décédées… Mais il y a aussi une grande tragédie qui affecte encore l'âme de la maison : l’histoire de cette jeune fille qui a tué tous les membres de sa famille avant de se suicider.

Ce récit est captivant, bouleversant, glaçant et effrayant. Il contient énormément d'éléments étranges qui nous alerte : notamment des fantômes, des crises de somnambulisme, de la violence, des effusions de sang, une tension sexuelle. C'est une aventure gothique sombre qui fait froid dans le dos heureusement un soupçon de romance rééquilibre le tout et apporte un peu de légèreté.

J’ai trouvé Noemí extrêmement courageuse puisqu’elle devrait crier à l'aide, s’enfuir à la première occasion, lorsqu’elle rencontre tous ces gens bizarres ou lors de la scène d’agression sexuelle de Virgil mais pourtant elle reste pour sa cousine. C’est un personnage féminin extrêmement forte, têtue et déterminée à être une femme libre et indépendante. Je l’ai trouvé tellement attachante que je suis triste de devoir lui dire au revoir.

Le récit a malheureusement un petit défaut : son rythme. Il ne se passe pas grand-chose dans les 3/4 du roman puis soudain la fin arrive et est très vite bâclée. Tout le début est basé sur le fait que Noemí se morfond dans ce manoir a l’atmosphère étrange et tout s’accélère dans les cinquante dernières pages.

En tout cas j’ai adoré le contexte historique : les années 50 sont vraiment intéressante, on sent que les femmes ont envie d’émancipation mais la société est encore très masculine. Et puis, la façon dont l'auteure a intégré les discussions sur le colonialisme ou le racisme dans l'intrigue est vraiment bien habile. C’est intéressant de découvrir un autre visage du pays car aujourd’hui quand on parle du Mexique, c’est forcément synonyme de drogues et de cartels.



Extraits : 

La réalité du mariage soutenait difficilement la comparaison avec les belles histoires d'amour des livres. Noemí pensait même qu'il s'agissait d'un jeu de dupes. Les hommes se montraient polis et attentionnés lorsqu'ils courtisaient une femme, l'invitant à des fêtes, lui offrant des fleurs, sauf qu’après les noces, les fleurs fanaient vite. Un homme marié n'envoyait pas de lettres d'amour à sa femme. Voila pourquoi Noemí passait d'un soupirant à l'autre : elle craignait toujours que son admirateur du moment finisse par se lasser d'elle. De plus, elle appréciait les plaisirs de la chasse, la joie qui coulait dans ses veines lorsque son numéro de charme fonctionnait. Mais, au final, elle trouvait les garçons de son age sans intérêt, ne sachant parler que de leurs fêtes de la semaine précédente et de celles prévues la semaine suivante. Des hommes trop simples, trop ennuyeux. 'pourtant, la perspective de s'attacher à quelqu'un de plus solide la rendait nerveuse. Elle se sentait prise entre deux feux, le désir d'une relation perenne et l'envie de ne jamais changer, de vivre une jeunesse éternelle.



Lorsque Noemí était encore petite fille et que Catalina lui lisait des contes de fées, cette dernière évoquait souvent « la forêt », l’endroit où Hansel et Gretel jetaient leurs morceaux de pain, ou le Petit Chaperon rouge croisait la route du loup. Enfant de la ville, Noemí avait compris sur le tard que les forets existaient réellement et pouvaient être placées sur une carte. Sa famille passait les vacances dans l’Etat de Veracruz, en bord de mer, sans l’ombre d’un grand arbre en vue. Même après toutes ces années, la forêt restait associée dans son esprit aux images des livres pour enfants, avec lignes au fusain et à-plats de couleur.



Noemí gardait un très mauvais souvenir de sa dernière conversation avec Virgil. Surtout des allégations sur la manière dont elle menait les hommes par le bout du nez. Cela la gênait d’être si mal perçue ; au contraire, elle voulait qu’on l’apprécie. Ce qui expliquait peut-être toutes ces fêtes, le rire cristallin, les belles coiffures, le sourire travaillé. Elle pensait que les hommes avaient le droit de se montrer sévères, comme son père, ou froids, comme Virgil, mais que les femmes devaient savoir se faire apprécier pour éviter les ennuis. Une femme mal perçue devenait une salope, or toutes les portes se fermaient devant les salopes.



Comme toute bonne mondaine, Noemí faisait ses emplettes au Palacio de Hierro, portait du rouge à lèvres Elizabeth Arden, possédait deux jolis manteaux de fourrure, parlait un excellent anglais grâce aux bonnes sœurs de Monserrat – établissement privé, bien sûr – et était censé dévouer ses heures a deux occupations principales : les loisirs et la traque de son futur époux.

lundi 13 septembre 2021

Sparks et Bainbridge, tome 1 : Le bureau du mariage idéal


 Résumé : 

Alors que Londres se remet lentement de la Seconde Guerre mondiale, deux femmes que tout oppose s’associent pour monter une société au cœur du quartier de Mayfair, le Bureau du Mariage Idéal. L’impulsive Miss Iris Sparks à l’esprit vif et Mrs Gwendolyn Bainbridge, veuve pragmatique et mère d’un jeune garçon, sont résolues à s’imposer dans un monde qui change à toute vitesse.
Mais les débuts prometteurs de leur agence matrimoniale sont menacés quand leur nouvelle cliente, Tillie La Salle, est retrouvée morte et que l’homme arrêté pour le meurtre se trouve être le mari potentiel qu’elles lui avaient trouvé. La police est convaincue de tenir le coupable mais Miss Sparks et Mrs Bainbridge ne sont pas du même avis. Afin de laver le nom du suspect – et rétablir la fragile réputation de leur agence – Sparks et Bainbridge décident de mener leur propre enquête. Elles ne savent pas encore qu’elles vont mettre leur vie en danger…
 
Mon avis : 

Le bureau du mariage idéal, un titre un peu cucul, si vous me permettait l’expression, qui cache en réalité un excellent roman à mi-chemin entre le roman policier historique et le cosy-murder.

Nous sommes à Londres, juste après-guerre, la ville est en ruine suite aux bombardements et nous faisons la connaissance de deux jeunes femmes Iris et Gwen, qui se sont associés pour fonder une agence matrimoniale. Mais quand une de leur cliente est assassinée et que l’homme qu’elles planifiaient de lui présenter est incarcéré Iris et Gwen décident de mener l’enquête.

Iris et Gwen forment un duo attachant et il me tarde déjà de les retrouver dans leurs prochaines aventures (3 tomes sont déjà parus en anglais et le 4eme est prévu pour 2022). Elles sont charmantes, indépendantes et sournoisement intelligentes. Chacune a connu une période difficile pendant la guerre et aucune n'est disposée à entrer dans les détails, même pas l'une envers l'autre. Mais voir leurs relations professionnelles se transformer en une véritable amitié m’a beaucoup plu. J’ai beaucoup aimé leur modernisme et leur indépendance : Iris est son amant marié tandis que Gwen veut reprendre sa vie en main et récupérer son fils des griffes de ses beaux-parents. Le roman se veut aussi féministe et dénonce la dure vie des femmes dans un monde encore très masculin : une chose qui m’a surprise a été l’évocation des femmes qui étudiaient à l’université mais qui ne pouvait pas obtenir de diplômes.

 C’est un roman très divertissant et amusant tout en abordant des problèmes de fond.  L’auteure n’aborde presque pas la guerre en elle-même mais aborde plutôt les séquelles sur ceux qui ont combattu et ceux qui ont perdu des êtres chers. Les descriptions de Londres après la guerre permettent de replacer l'histoire dans son contexte : les ruines de la ville, le rationnement continu de la nourriture et des vêtements. On ressent vraiment les dommages physiques mais surtout psychologiques sur les survivants, mais surtout un envie de liberté et de reprendre une ville normale.

Le roman est très bien écrit avec des dialogues vifs, des personnages authentiques, un mystère intelligent avec une fin fabuleuse. L’auteure nous entraine sur une fausse piste alors que le coupable était sous notre nez depuis le début et je dois vous avouer que je n’avais rien vu venir.

C’est un roman drôle mais aussi terriblement émouvant : mon passage préféré reste sans aucun doute le moment ou Gwen trouve la lettre de son défunt mari. On rit mais les larmes ne sont vraiment pas loin. 

 


 

Extraits : 
 
- Je vous avais pourtant avertie que l’enquête pouvait être dangereuse.
- Il existe deux catégories de dangers : l’inévitable, qui surgit sans prévenir, et l’évitable, qui se produit parce que vous l’avez provoqué. 
 
 
 
Sur un bureau s’entassaient des livres de comptes. Elle n’avait pas le temps de les feuilleter et, quand bien même, elle eût été incapable de déceler la moindre irrégularité, fût-elle soulignée en rouge et signalée par une flèche.  



- Personne ne vous a donné la fessée quand vous étiez enfant ?
- Personne. C'est venu plus tard. 
 
 
 
— Ça ne vous manque pas ? l’interrogea Iris, curieuse.
— « Ça » ? Vous voulez dire le sexe ?
— Oui, ce que vous avez fait au moins une fois dans votre vie puisque vous avez un enfant. Ça fait partie de l’existence.
— Ça faisait. Beaucoup même.
— Et ça ne vous donne pas envie de…
— Si, bien sûr, rétorqua sèchement Gwen. Ça me manque, comme vous dites, parce que Ronnie me manque, parce que je l’aimais. S’il était vivant, je l’accueillerais chaque soir dans un déshabillé de soie affriolant en prenant des poses qui feraient passer les cartes postales françaises pour des images pieuses. Je chercherais dans l’Enfer des bibliothèques des traités de techniques érotiques orientales dont je m’inspirerais chaque nuit, parce que, oui, ça me manque, car Ronnie était Ça avec une majuscule.  



Ah, encore une chose, dit Parham. Sur votre plaque il est écrit "Entrepreneurs".
- En effet.
- C'est un terme réservé aux hommes, non ?
- "Entrepreneuses" eût sonné ridicule, non ? rétorqua Sparks.
- Et "entreprenantes" eût prêté à confusion. Qui nous aurait prises au sérieux ? ajouta Mrs Bainbridge.
Le lieutenant Kinsey, debout derrière son chef, eut un sourire en coin.
- Eh bien, je n'aime pas ça, bougonna Parham.
Mrs Bainbridge baissa la tête et répondit humblement :
- Nous nous efforcerons de poursuivre notre activité sous le joug de votre désapprobation. Bonne journée, messieurs, et bonne chasse