vendredi 28 mai 2021

Lune de papier


 Résumé : 

Mariée depuis peu, Rika tente avec beaucoup d’humilité de correspondre à l’image qu’elle se fait du bonheur conjugal, mais ne tarde pas à percevoir l’inélégance de son mari.

À cela la jeune femme ne voit qu’une parade : réintégrer le monde du travail pour assumer ses propres dépenses, être relativement autonome, et retrouver un semblant de vie sociale. Dès lors, elle prépare un examen qu’elle obtient haut la main et entre dans une banque où lui est rapidement attribué un poste de responsable de clientèle. Rika s’attelle ainsi à la gestion de produits d’épargne un peu particuliers, puisqu’il s’agit de les vendre exclusivement à des personnes âgées dont elle doit gagner la confiance à l’occasion de visites régulières, et toujours à domicile.

Quand un jeune homme la croise chez son grand-père, Rika a déjà basculé dans une véritable addiction. Bien loin d’être une héroïne hollywoodienne, cette femme ordinaire est néanmoins sur le point de mettre en place l’une des plus importantes escroqueries de l’époque.

Avec une férocité saisissante, Mistuyo Kakuta explore de livre en livre les effets de la société japonaise sur la psychologie du féminin. Capables de briser le carcan du quotidien, de sauter de l’autre côté de leur vie pour échapper au renoncement, ses créatures sans faille apparente sont inoubliables car effroyablement proches de nous.

 Mon avis :

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de Lune de papier, mon dernier coup de cœur littéraire et une lecture qui va rester longtemps dans ma mémoire dans j’ai adoré ce roman.

Dès les premières pages, on sait que le personnage central Rika, a détourné une très grosse somme d’argent dans la banque qui l’employait. Elle est en cavale et se cache dans des pensions miteuses en Thaïlande. Elle va peu à peu nous raconter son histoire et surtout comment elle en est arrivée là. En parallèle, on découvre des personnages qui l’ont connu au lycée ou à l’université et qui s’interrogent eux aussi sur Rika et sa descente aux enfers.

C’est un roman passionnant dans son ensemble. Tout d’abord, la construction qui apporte lentement les différents éléments de l’intrigue mais juste assez pour happer le lecteur et que l’on puisse sentir la tension monter.

Rika est attachante, et malgré son détournement d’argent qui peut sembler un geste complètement fou et incompréhensible, on peut facilement s’identifier à elle. Elle se sent seule, délaisser par un mari qui ne la regarde pas, qui ne lui donne pas d’amour et qui pour combler son manque de virilité a un besoin constant de l’a rabaissé. Et ensuite c’est un enchainement de petites choses qui font que le destin de Rika bascule sans retour en arrière possible.

J’ai adoré découvrir différentes facettes de la société nippone : les relations hommes-femmes que je trouve toujours très compliqués, relations ou l’on communique peu ou pas du tout. Le rapport à l’argent dans le couple, ou il est important pour l’homme de gagner plus que son épouse. Cette société de surconsommation ou prendre un crédit à la consommation est tellement simple. Le rapport à la beauté et au shopping et pour avoir été au Japon il y a quelques années, j’étais déjà extrêmement surprise du nombre de boutique de luxe et de la coquetterie des femmes.

C’était une première rencontre avec l’auteure, Mitsuyo Kakuta et j’ai adoré son style et sa plume. Il est certain que je lirais très vite un autre de ses romans mais une chose est sure c’est qu’elle a placé la barre très haute avec celui-ci et j’espère que je ne serai pas déçue avec les prochains. 

 

 

 

Extraits : 

L'argent, plus on en a, moins on le voit, pour une raison inexplicable. Quand on n'en a pas, on y pense sans arrêt, mais quand on en a beaucoup, on trouve immédiatement cela naturel.  


Ce qu'elle ressentait maintenant, cette liberté formidable, infinie, était-elle due aux sommes énormes qu'elle n'aurait jamais pu gagner mais qu'elle avait dépensées, ou au fait qu'elle avait abandonné tout ce qu'elle avait, y compris un endroit où revenir et ses livrets de banque ?


lundi 24 mai 2021

Stavros


 Résumé : 

Athènes, à l'aube... Un morceau de La frise du Parthénon a disparu et le cadavre d'un archéologue gît au pied de l'Acropole. Le passé du commissaire Stavros Nikopolidis vient de ressurgir violemment ! En effet, quelques années auparavant, sa femme Elena - alors responsable des fouilles archéologiques - disparaissait mystérieusement au même endroit. Depuis, Stavros n'est plus que l'ombre de lui-même... Mais aujourd'hui les signes sont là. Rodolphe, le probable meurtrier, son ennemi de toujours, est revenu. Stavros, véritable électron libre, impulsif, joueur invétéré de tavli et buveur impénitent, n'a plus que la vengeance en tête ! Flanqué de ses plus fidèles collègues - Dora, ancienne des forces spéciales, Eugène le hacker et Nikos l'Albanais -, soutenu par son amie Matoula, tenancière de bar au passé obscur, et malgré l'étrange inspecteur Livanos, Stavros va enfin faire sortir de l'ombre ceux qui depuis tant d'années pourrissent sa ville ! Mais la vie révèle parfois bien des surprises...

 Mon avis : 

Stavros me laisse un sentiment mitigé car je m’attendais à mieux à la lecture du résumé de la quatrième de couverture.

Stavros, c’est le nom du personnage principal que j’ai eu beaucoup de mal à cerner. Flic bourru, aigri, qui n’en fait qu’a sa tête, qui lutte avec ses vieux démons. C’est le stéréotype même du flic de roman policier vu et revu. Si encore, il était attachant mais ce n’est malheureusement pas le cas….

L’enquête est intéressante mais beaucoup trop brouillonne. Les éléments arrivent trop vite et j’ai eu du mal à cerner certains détails, comme s’il s’agissait d’une suite de roman et que je n’aurais pas lu le tome précédent. Les références au passé des personnages ne sont pas toujours bien expliquées.

Le point positif est le voyage en Grèce que nous offre ce roman. L’auteure nous décrit un pays différent des clichés et des descriptions des guides touristiques. Elle aborde plein de sujets et parsème son roman de référence au cinéma, à la poésie, à la gastronomie ou aux jeux traditionnels. Je me suis vraiment sentie dépaysée et j’ai vraiment aimé découvrir des coutumes différentes. 

 

 

Extraits : 


Sans un regard pour ce qui l’entoure, tête baissée et regard vide, Stavros s’enfonce dans le dédale de ruelles désertes. Seuls les chats et les étrangers s’aventurent désormais dans ces vieux quartiers d’Athènes autour de Metaxourgieo autrefois remplis de bars, de tavernes et de petits entrepôts. Les murs tagués de slogans antigouvernementaux tombent en ruines, les portes des maisons sont cadenassées pour éloigner les squatteurs, les rideaux de fer des entrepôts sont baissés, et les trottoirs défoncés s’ouvrent, béants, sur des flaques d’eau suintantes. Dans ces bas-fonds, Stravos n’erre pas. Il sait où il va.  



Stavros est ce qu’on appelle un bel homme. La cinquantaine avancée et une épaisse chevelure brune, légèrement poivre et sel, qui encadre un visage hâlé, un menton carré, des sourcils épais. De grands yeux noir velours qui, à eux seuls, ont fait bien des conquêtes. Des yeux si foncés qu’il est impossible parfois d’en décoder les messages. Son nez légèrement busqué surplombe une bouche charnue qui oscille constamment entre une moue dubitative et un sourire dévastateur. Chez lui, la virilité est une seconde peau.

 

Stavros est un bon vivant. Son médecin et ami d’enfance, Pavlos Sakellaridis, l’a longtemps harcelé pour qu’il arrête de boire, de manger, de fumer. Autant dire de vivre. Pour Stavros, rien ne vaut un poulpe grillé ou du kontosouvli. Il a rapidement écarté l’idée de manger sain tant il a déprimé devant une assiette de légumes bouillis. Il aime à répéter qu’il est des pays où la notion même de régime est déplacée et qu’il est incapable de stimuler et entretenir sa réflexion sans l’abreuver, la sustenter et l’enfumer quelque peu. Peut-on décemment résister à de l’agneau garni de pommes de terre au citron ou à du veau avec des petites pâtes en sauce ?
Quand à l’absence du liquide dionysiaque, elle avait privé son corps de la chaleur et de la torpeur nécessaires à sa légendaire perspicacité. Seul l’effet du vin dans ses veines permet à son esprit de vagabonder et lui procure la léthargie nécessaire pour démêler ses enquêtes. Sans parler des matchs de football qui perdaient toute leur saveur sans quelques accompagnements éthyliques.
Stavros avait jugé inutile de poursuivre une abstinence si contre-productive. Devant autant de mauvaise volonté, son propre médecin l’avait personnellement poussé à renoncer.
Enfin, arrêter de fumer l’avait rendu tellement nerveux et irritable, qu’au bout d’un mois, ses collègues avaient eux-mêmes déposé sur son bureau une cartouche de ses cigarettes préférées sous son regard soulagé. Stavros partait du principe qu’un non-fumeur dans les Balkans était quasiment un hors-la-loi, considéré avec suspicion, et que les jeunots de son équipe pouvaient se charger des courses-poursuites.
 


Le séminaire des assassins


 Résumé : 

Au retour d'un paisible séjour dans son Epire natale, le commissaire Charitos découvre avec plaisir qu'il est enfin promu directeur intérimaire de son service. Comble de bonheur, Katérina sa fille adorée attend un heureux événement. Une atmosphère détendue bientôt troublée par un premier meurtre, suivi d'un deuxième, puis d'un troisième. Ces trois crimes semblent connectés : les victimes sont d'anciens professeurs devenus ministres.
Cette fois le projecteur est braqué sur l'université grecque. Charitos est confronté à un monde dont il ignore tout : l'université, dont les faiblesses, compromissions et magouilles malodorantes sont peu à peu exposées au grand jour. Et le commissaire va devoir plonger dans les méandres des technologies nouvelles et autres réseaux mystérieux pour faire la lumière sur cette sinistre affaire. Au bord de la crise de nerfs, Charitos pourra bien sûr compter sur son antidote de toujours : la chaleur humaine, l'amour familial et l'amitié indéfectibles.

Mon avis : 

Première rencontre avec Petros Markaris dont j’entends souvent parler mais que je n’avais encore jamais eu la chance de lire.

Le commissaire Charitos rentre de vacances et le voilà promu quand tombe une affaire bien complexe. Un ministre et ancien professeur d’université est assassiné, très vite un second meurtre est commis puis un troisième. La classe politique est en émoi et Charitos est dans une position inconfortable, entre son enquête au sein du commissariat et les journalistes qui lui mettent la pression.

J’ai aimé l’enquête que j’ai trouvée prenante et bien menée. Ce n’est pas le premier roman policier grec que je lis et j’aime cette espèce de lenteur qui les caractérise. Les policiers prennent leur temps, remettent au lendemain quand c’est possible (et c’est très souvent le cas !).

J’ai adoré découvrir la Grèce, loin des clichés touristiques idylliques mais avec ses vrais problèmes économiques, le milieu corrompus de la classe politique et le milieu universitaire.

La forme m’a un peu moins convaincu. Il y a beaucoup trop de dialogue et de personnage qui se succèdent. J’aurais aimé un peu plus de contexte, de narration pour saisir un peu mieux l’enquête et les enjeux du pays.

Je suis malgré tout très contente de cette découverte. Il me tarde de lire un autre roman de l’auteur et je reposerais mes valises en Grèce avec plaisir.


Extraits : 

- Les choses de l’esprit, aujourd’hui... les travailleurs de l’esprit n’existent plus, monsieur le commissaire, nous n’avons plus que des intellectuels.
- Quelle est la différence ?
- Les travailleurs de l’esprit sont dans les bibliothèques, ils se consacrent à l’étude, à la science. Les intellectuels sont spécialistes en généralités sur tous les sujets. Les travailleurs de l’esprit ont des connaissances, les intellectuels ont des points de vue qu’ils aiment exposer à la moindre occasion. 

 

Même si nous choisissions une île éloignée, ou la montagne, nous subirions le martyre du départ et du retour, les routes bloquées par les bouchons et Adriani s’écriant « sois prudent » chaque fois que je fais démarrer la Seat.