mardi 31 mars 2020

Le fabuleux destin d'une vache qui ne voulait pas finir en steak haché

Résumé : 

Mis à part l'infidélité de son taureau, le bien nommé Champion, Lolle, une vache laitière, mène une vie tranquille dans un pré du nord de l'Allemagne.
Jusqu'au jour où elle apprend de la gueule de Giacomo, un chat errant qu'elle a sauvé de la noyade, que le fermier a décidé de vendre le troupeau de bovins pour régler ses dettes.
Afin d'éviter de finir entre deux tranches de pain de hamburger, Lolle, maligne comme un singe, décide de s'enfuir avec ses congénères pour rejoindre le pays où les vaches sont sacrées, l'Inde ! Mais la route est longue et semée de dangers, à commencer par Old Dog, le chien sanguinaire du fermier.
Débute alors pour Lolle et ses amis un périlleux voyage qui les conduit de l'autre côté de l'Atlantique, de New York à l'Ouest américain, territoire des bisons, jusqu'aux contreforts de l'Himalaya...

Mon avis : 

Tout d’abord merci à Ichmagbücher pour l’organisation de cette lecture commune sur Livraddict car ce roman trainait depuis bien trop longtemps dans ma PAL et puis surtout elle m’a permis de découvrir David Safier.

Lolle est une vache laitière qui rêve de fonder une famille avec Champion mais quand elle découvre que le taureau lui a été infidèle, son cœur est brisé. En plus, elle découvre que dans quelques jours tout le troupeau va finir à l’abattoir pour payer les dettes du fermier. Elle décide donc d’organiser une évasion direction l’Inde, avec toutes les vaches qui voudraient la suivre.

C’est un roman vraiment drôle, léger mais sans jamais tombé trop bas. L’auteur a une façon d’humaniser les vaches comme personne et l’on s’attache vraiment à elles. En tout cas, je vous assure que lors de votre prochaine virée à la campagne vous ne regarderez plus un troupeau de la même façon.

Le roman est habillement construit peut-être un peu long au début ou l’on a vraiment hâte que le voyage commence mais très vite tout s’accélère et s’enchaîne à merveille. Les chapitres sont courts et le roman se dévore en un rien de temps.

Comme je le disais plus haut, on s’attache vraiment à nos vaches : Lolle bien sûr mais aussi P’tit Radis et sa naïveté, Hilde qui se montre toujours dure de peur de dévoiler ses sentiments, Champion et sa virilité, Susi et son coté dragueur et puis sans oublier le chat Giacomo qui leur sauve la mise plus d’une fois.

C’est une chouette aventure et j’ai adoré voyager à travers le monde au fil des pages de l’Allemagne à New-York, puis du Mississippi à l’Himalaya pour enfin arriver en Inde. Nos vaches ont fait preuve de  force et de courage envers et contre tous et si vous ne l’avez pas encore lu, il faut vite vous y plonger.
 

vendredi 27 mars 2020

L'épidémie

Résumé : 

Le charismatique Premier ministre Johan Svärd n'a qu'un seul objectif en tête : faire de la Suède le pays le plus sain d'Europe. Et le plus mince. Sa promesse de campagne repose sur une idée précise. Il veut éradiquer l'obésité, considérée comme une maladie et une menace pour l'économie.
Les églises se transforment peu à peu en centres de sport, les régimes extrêmes et les opérations chirurgicales se multiplient, et tous ceux dont l'indice de masse corporelle dépasse un certain seuil sont licenciés et expulsés de leur logement. Mais, à l'approche des nouvelles élections, le chef du gouvernement perd patience. Les "porcs", comme il les surnomme, restent encore trop nombreux et continuent de mettre en péril l'avenir de la nation. S'inspirant des pages les plus sombres de notre histoire, il décide alors de passer à la vitesse supérieure et de mettre son plan à exécution...
Landon Thomson-Jaeger, un jeune chercheur, comprend très vite le danger qui menace la population, mais lorsque sa voisine, Helena, disparaît subitement, il découvre que la situation est bien pire que ce qu'il pouvait imaginer.
L'Épidémie est le roman glaçant du basculement vers le totalitarisme, annoncé par le nuage noir du populisme qui assombrit le ciel de notre humanité.

Mon avis : 

Jamais un titre n’a été plus d’actualité et il arrive à pic dans le catalogue de chez Actes Sud. Mais je vous rassure, ici il n’est pas question de Corona virus.

La Suède a élu Johan Svärg, comme Premier ministre, il y a quatre ans. Il était nouveau dans le paysage politique, et peu de gens l’on prit au sérieux. Pourtant son programme de santé, ce veut radical : éliminer l’obésité et les gens en surpoids. Les prochaines élections sont dans six mois et il tient absolument à être réélu.

On suit donc quatre personnages
- Johan Svräg, lui-même, qui met en place son plan diabolique pour sa réélection. Sa mégalomanie est absolument incroyable et fait froid dans le dos. C’est un homme sans scrupule, prêt à tout pour le pouvoir et l’argent.
- Landon, qui est en surpoids mais ne fait pas encore partie de ceux qui sont classés comme très vulnérables par le gouvernement. Il ne rêve que de quitter le pays pour s’installer aux États-Unis et ça se comprend vu les discriminations auxquelles il doit faire face.
- et Gloria, qui avec ses 150 kilos est déjà aux prises avec le changement de société.Tout comme Helena qui se bat pour sauver sa fille.

L'auteur nous montre très ouvertement et directement quelles dimensions les actions politiques peuvent prendre, et c’est terrifiant. Propagande, endoctrinement (et ça dès le plus jeune âge), discrimination…. Tout est bon pour le gouvernement pour arriver à ses fins. On débarque dans une Suède ou toute la société à reçu un lavage de cerveau. Depuis l’arrivée de Johan Svärg au pouvoir, des centres de fitness ont remplacé les églises, les cliniques de liposuccion ou de chirurgie gastro-intestinale sont partout, les émissions de cuisine avec des nutritionnistes tournent en boucle sur toutes les chaines et l'industrie pharmaceutique est bien sûr en plein essor!

C’est un récit captivant, prenant dès les premières pages. Une fois commencé, il est impossible de le lâcher. Certaines méthodes employées dans le roman ne sont pas sans rappeler Hitler et l'on est toujours aussi consterné / fasciné par la façon dont on pourrait contrôler une société entière sans que personne ne semble le remarquer. Il y a un côté voyeur, on est souvent très mal à l’aise au fil du récit et j’ai vraiment eu peur d’une fin terrible. Je me demandais sans cesse comment tout cela pouvait finir. La tension est présente du début à la fin et j’ai dévoré ce roman en à peine 48h.

En tout cas, c’est vraiment très bien écrit, original et effrayant.  Åsa Ericsdotter est, définitivement, une auteure à suivre ! Elle décrite à merveille la sphère politique et son roman est encore et toujours d’actualité. Un livre qui fait réfléchir sur ce que nous tenons souvent pour acquis dans la société d'aujourd'hui : la Démocratie, la liberté d'expression et, surtout, les droits de l'homme qui au final pourrait être très vite supprimés au profit d’une société comme celle décrite dans ce roman.
 

mardi 24 mars 2020

La mauvaise herbe

Résumé :

Quand Jacobo se réveille d'un long coma, la police est légèrement embarrassée : il semblerait que le commanditaire des deux assassins qui ont tué sa femme et l'on laissé pour mort ne soit autre que leur propre fille de 14 ans. Il faut reconnaître que les parents abusent. Comment peut-on quitter Madrid pour vivre dans un "trou" privé d'Internet ?

Une ambiance aussi obsessive et claustrophobique que dans Monteperdido, dans un oppressant Far West andalou.

Mon avis :

J’avais envie de découvrir Agustin Martinez depuis un petit moment et j’ai profité de la sortie de ce nouveau roman pour enfin le lire. La mauvaise herbe est un thriller efficace, prenant mais qui pèche par certaines maladresses.

Jacobo, se réveille à l’hôpital et on lui annonce que sa femme est morte et que sa fille (de quatorze ans) est accusée d’avoir commandité le meurtre de ses parents. Imaginez le choc, pour lui qui a récemment perdu son travail et a dû quitter la ville avec sa famille pour s’installer dans une maison décrépite au milieu d’un village paumé. La fille est-elle coupable ou juste une ado en pleine rébellion ? Jacobo est-il si innocent que ça ?

C’est un véritable voyage dans l’Espagne rurale, désertique, sous une chaleur pesante. Il y a comme un petit air de western façon ibérique dans ses pages et l’ambiance y est bien particulière. C’est la petite touche charme de ce roman, qui détonne car ce n’est absolument pas l’image de l’Espagne que l’on connait. On est très loin des plages a touristes, des villes magnifiques, du patrimoine et de la culture. Ici, on est paumés au milieu de nulle part et à part ce petit village, il n’y a rien autour. Village ou tout le monde se connait mais chacun cache ses secrets…

Suspense addictif et le récit très prenant. Difficile de lâcher le roman avec de connaitre le fin mot de l’histoire. On est pris par l’intrigue, les personnages tellement complexes qui cachent très souvent leur jeu et ne montre qu’une seule facette de leur personnalité.

Le livre traite d’un sujet intéressant : la criminalité chez les jeunes, sujet peu souvent abordé dans les romans et le désarroi des parents face à la montée de la violence, du sexe, de la drogue. L’adolescence est un âge difficile comme nous le montre très bien l’auteur.

Je reste malgré tout un peu déçue par le style confus et le manque de repères temporels précis. On fait constamment des allers-retours entre passé et présent et j’ai trouvé difficile de s’y retrouver : quels événements arrivent quand ? Combien de temps avant le meurtre ? A quelle époque ? Bref, j’aurai aimé un peu plus de clarté ou peut-être un meilleur découpage en termes de chapitres.

Enfin je suis également un peu déçue par la fin du roman qui va trop vite. Le roman est lent à démarrer et soudain tout s’accélèrent. C’est encore plus confus, on a l’impression que l’auteur s’est précipité pour en finir au plus vite et je trouve ça dommage.