Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague...
Enfin les vacances, direction Knokke-le-Zoute ! Le peintre Magritte et sa femme Georgette se préparent à savourer les plaisirs de la côte belge : promenades en cuistax, croquettes de crevettes et moules-frites. Mais avant ça, ils profitent de la plage, bien installés dans leur transat. Un peu plus loin, les aboiements de leur chienne Loulou sonnent la fin du farniente. En grattant dans le sable, elle a déterré une main. Une aubaine pour René et Georgette qui vont se livrer à leur plaisir secret : traquer le meurtrier.
Mon avis :
René et Georgette m’ont tellement plu lors de notre première rencontre que j’ai voulu lire immédiatement la suite de leurs aventures.
On quitte Bruxelles pour la côte belge où les Magritte prennent quelques jours de vacances. C’est aussi l’occasion pour eux de mener l’enquête sur la disparition d’une femme qui très vite est suivie par la mort de son mari.
Encore une fois, je me suis régalée avec cette enquête. Difficile à dire si j’ai préféré le premier ou second tome. En tout cas, l’enquête est prenante, l’auteurs nous entraine sur de fausses pistes et pendant les ¾ du livre on se demande vraiment où l’on va. Et puis les pièces du puzzle s’emboitent et la résolution de l’enquête est à la hauteur de nos attentes.
Concernant les personnages, je les ai trouvés encore plus attachants ici car il y a beaucoup moins de personnages secondaires puisque notre couple est loin de chez eux. Dans le premier tome, René ramenait les informations pêchées au café ou lors de ses rencontres et Georgette faisait preuves de déductions. Ici, on est plus sur une enquête classique. Et si le procédé est différent les deux tomes sont vraiment prenants.
J’ai beaucoup aimé croiser du beau monde belge, après une rencontre avec Jacques Brel dans le premier tome, on fait la rencontre de Hergé dans celui-ci. Il me tarde de lire la suite te j’espère que de nombreux tomes verront le jour.
Nadine Monfils nous entraine dans son pays, nous le fait vivre grâce à ses personnages, son histoire, sa culture et sa gastronomie et je ne m’en lasse pas. Il faut dire que le récit est truffé d’humour, les dialogues sont vraiment très drôles et l’on savoure chaque page.
Extraits :
— Rien de tel que l’iode pour se requinquer, avait décrété Georgette.
Chaque fois qu’ils allaient à la côte, ils séjournaient au même endroit, à l’hôtel de la Plage donnant sur la mer. C’était un hôtel chic mais familial et on s’y sentait comme chez soi. Georgette aimait beaucoup parce qu’on lui lançait du « madame Georgette » à tout bout de champ : « Tout va bien madame Georgette ? Besoin de rien madame Georgette ? », et que le personnel se souvenait de son prénom d’une année à l’autre. Elle faisait en quelque sorte partie de la famille ! René y retrouvait le tic-tac rassurant des pendules et le décor qui faisait penser aux salons de thé des vieilles ladies ou de Miss Marple. Tasses en porcelaine décorées de roses, buffet en bois foncé et fauteuils confortables recouverts de chintz. Ici, il était aussi à l’aise que dans ses pantoufles malgré le parfum de luxe que laissaient derrière elles les veuves argentées à la peau ridée par le soleil. Le personnel était aux petits soins pour la clientèle et voltigeait d’une table à l’autre, telles des mouches affairées soucieuses de satisfaire les moindres désirs et caprices de ces messieurs-dames. Le must est que leur chienne Jackie, qu’ils appelaient affectueusement Loulou, avait sa gamelle en faïence et quelques douceurs de bienvenue.
La chambre était dans le style du reste, avec une armoire flamande en chêne et un lit recouvert d’une parure fleurie assortie aux tentures. Chaque fois que René se trouvait dans un endroit où il se sentait bien, il avait coutume de dire : « On est ici comme dans un presbytère. »
Une fois leur valise déballée et les vêtements légers rangés dans l’armoire, les Magritte descendirent à la salle à manger, située dans une grande rotonde d’où on voyait la mer.
Au menu : croquettes de crevettes, bisque de homard et moules avec des frites, bien sûr ! Et pour accompagner ces délices des fonds marins, un petit chablis dont vous me direz des nouvelles.
- René, y a quelque chose de pas net, je le sens…
Au loin, la mer grondait comme si elle annonçait une tempête.
- […] Me dis pas que tu n’as pas une idée derrière la tête…
Georgette regarda son mari avec ses grands yeux bleus et lui adressa ce petit sourire énigmatique qu’il connaissait bien et qui lui annonçait que les vacances n’allaient pas de tout repos.
La mer c’est toujours magique. Ce sont les vagues violettes et leurs éclats d’émeraude qui déposent sur le sable nos souvenirs d’enfance. Des couleurs, des odeurs, le sel marin, le parfum sucré des beignets et celui des ballons en caoutchouc. Les halls des hôtels encombrés de malles. Les cris des enfants qui ont peur de l’eau et de ceux qui s’y éclatent en s’éclaboussant. Ou encore ces pêcheurs de crevettes avec leur filet… Les femmes en maillot, le regard attentifs des mères, les gosses qui creusent leurs rêves et font des châteaux de sable. Est-ce si différent lorsqu’on devient adultes ? Magritte se disait que les emmerdants, les gens creux, sont ceux qui ont oublié que tout ce que l’on construit n’a pas plus d’importance que les châteaux de sable de notre enfance. Tout est éphémère. Seul compte le plaisir de l’instant.
- Si tu veux mon avis, a l’heure qu’il est, cette journaliste est sur un yacht en compagnie d’un milliardaire.
- Tu vois trop de films, René !
- Vu le rastaquouère qu’elle a épousé, ça doit être le genre à suivre un vieux plein de pognon. Ces gens-là ne m’intéressent pas.
- Ah non ? Pourtant elle parle de ta fresque au casino…
Georgette lui tendit le magazine en pointant du doigt un passage ou la journaliste faisait son éloge, le qualifiant de « plus grand peintre belge, qui fait parler les images pour traduire la pensée, et qui utilise la peinture pour penser et non pour s’exprimer ». Elle terminait son article par « ne manquez pas d’aller admirer les œuvres de ce génie au Grand Casino de Knokke. »
- Finalement, je crois que tu as raison mon p’tit poulet, conclut Magritte en lui rendant sa revue. Cette dame mérite qu’on s’intéresse à ce qu’elle est devenue.
Georgette sourit, Même s’il s’en défendait, clamant qu’il n’aimait pas qu’on lui cire les pompes, René n’était pas insensible aux compliments. En plus venant d’une jolie femme, car sur la photo trouvée sur son défunt mari, Daisy ressemblait à une star de cinéma. Si elle n’avait pas disparu, Georgette en aurait été jalouse.
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