samedi 11 août 2018

Donna Mimma et autres nouvelles

Résumé : 

En Sicile, Donna Mimma est aussi connue que la sorcière Befana ! Depuis trente-cinq ans, elle pratique l'art des accoucheuses et raconte aux enfants qu'elle a vu naître comment elle est allée les acheter loin, très loin, à Palerme. Mais une jeune pimbêche fraîchement diplômée débarque du continent et l'évince. Pour continuer d'exercer, Donna Mimma doit réapprendre son métier à l'université ! Le chevalier Piccarone a perdu sa femme il y a peu. Pour l'enterrement de sa bien-aimée, il n'a pas regardé à la dépense... Cependant, il s'interroge : à quoi sert un beau cercueil une fois la cérémonie passée ? Convaincu de sa mort prochaine, l'homme déloge la défunte et fait mettre la boîte de côté ! Entre réalisme et théâtralité, et sur fond de folklore sicilien, le recueil réunit cinq nouvelles tour à tour drôles, insolites et cruelles.
 

Mon avis : 

Donna Mimma et autres nouvelles est un recueil de cinq courtes nouvelles toutes plus passionnantes les unes que les autres. Toutes écrites entre 1900 et 1917, on y découvre la plume de Pirandello qui n’a pas pris une ride, son humour, ses intrigues.

Le recueil s’ouvre sur Donna Mimma, la nouvelle qui donne son titre à l’ouvrage. Donna Mimma arrive presque à la soixantaine et a toujours été la seule sage-femme du village. Depuis près de 35 ans, elle met au monde les bébés et s’est forgé une bonne réputation. Mais voilà qu’arrive une jeune femme tout juste diplômée qui vient lui prendre sa place et que l’on interdit à Donna Mimma l’exercice de ses fonction. Mais elle n’a pas dit son dernier mot. C’est drôle, plein de quiproquo et cette Donna Mimma est un sacré personnage ! « Son cœur saigne. Elle est seule depuis trente-cinq ans à remplir cet office au pays. Ou pour mieux dire, elle était seule jusqu’à hier.
Voici maintenant qu'est arrivée du Continent une pimbêche de vingt ans, une Piémontaise, jupe courte jaune, jaquette verte, les mains dans les poches comme un gars, sœur encore célibataire d'un employé de la douane, Diplômée de l’université royale de Turin. De quoi faire le signe de croix des deux mains, grand Dieu !
 »

Ensuite vient Cédrats de Sicile, ou l’on rencontre un jeune homme qui sauve une femme de la misère. Il va dépenser tout son argent pour lui payer des cours de chants voyant en elle une future grande cantatrice. Pour cela, il doit se séparer d’elle et l’envoyer en ville mais quelques années plus tard quand il l’a retrouvé prêt à l’épouser la jeune femme à beaucoup changé. C’est une nouvelle que j’ai beaucoup aimé car le personnage masculin de Micuccio m’a beaucoup touché. En bonus à la fin du recueil, on y retrouve cette intrigue mais sous sa forme d’origine : une courte pièce de théâtre.
« Micuccio tendit la main vers la bouteille, mais la porte de la salle venait de se rouvrir : le froufrou de la soie, quelques pas rapides, un éblouissement comme si le réduit s’était soudain violemment illuminé pour l'aveugler.
«Teresina...»
Sa voix mourut sur ses lèvres. A quelle reine !
Le visage en feu, les yeux écarquillés, bouche bée, il resta à la contempler, stupéfait. Mais comment, elle... ainsi? La gorge et les épaules nues, les bras nus... tout étincelante de bijoux et d’étoffes précieuses. Impossible d'arriver à la voir comme un être vivant et réel. Que lui disait-elle ? La voix, les yeux, le rire, cette apparition de rêve ne lui restituait rien d'elle. 
»

Le cercueil en réserve, ou l’histoire d’un homme fortuné mais très radin. Cette nouvelle est vraiment très drôle et vous aurez un énorme sourire du début à la fin. On y retrouve aussi des quiproquos et des retournements de situations proches du théâtre.
«Hum, hum... L'Italie... Il parait qu'on a fait l'Italie ! Belle merveille, hum, l'Italie ! Des ponts, des routes... hum... l'éclairage public... l'armée, la marine nationale, hum, hum... l'instruction obligatoire. Et si j'entends rester un âne? Eh bien, non m'sieur ! Obligatoire, l'instruction... Autrement dit les impôts ! Et qui est-ce qui casque : Piccarone. »
A vrai dire, il ne payait rien ou presque rien à force d'arguties chicaneuses qui fatiguaient, exaspéraient la patience la plus exercée. Il concluait toujours ainsi :
«En quoi tout cela me concerne-t-il? Les chemins de fer? Je ne voyage pas. L'éclairage? Je ne sors pas le soir. Je ne demande rien, moi, merci bien, je n'ai vraiment besoin de rien. Juste un peu d'air pour respirer. Cet air oui, c'est peut-être vous qui l'avez fait ? Je devrais le payer? L'air qu'on respire, ça se paye aussi?
»

Certaines obligations est l’histoire d’un homme, allumeur de lampadaire qui passe son temps à se faire insulter. En effet, la population lui répète sans cesse qu’il est cocu. Un jour, il explose et rentre chez lui, prêt à tuer sa femme. Je ne vous en dis pas plus mais le twist final vaut le détour !

Enfin Le bouton du balandran, c’est la nouvelle qui est un peu en dessous des autres, celle qui n’a pas éveillé ma curiosité. Dommage mais il faut dire qu’après les quatre nouvelles précédentes, la barre était très haute.

Bref, je ne peux que vous recommander ce recueil, d’autant que mon édition ne couter que 3,70€. C’est une belle découverte et j’espère vite découvrir d’autres écrits de l’auteur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire