jeudi 25 février 2021

La peine capitale

 

Résumé :

La dernière fois que Joaquín était venu le voir, le vendredi, Chacaltana l'avait trouvé un peu pâle. " Prends soin de toi. Tout ira bien ", lui avait-il dit. Apparemment, il avait tort. Félix Chacaltana Saldívar est assistant archiviste au Palais de Justice de Lima. Fonctionnaire tâtillon, il vit sous la coupe de sa mère, une veuve austère, bigote et mal embouchée. Il aime l'ordre, le code pénal, le bouillon de poulet et sa fiancée Cécilia, qu'il essaye en vain d'embrasser. Jusqu'au jour où il tombe sur un procès-verbal rédigé à la hâte et qu'il ne sait pas où classer. Profondément incommodé par cette mystérieuse " irrégularité administrative migratoire mineure ", il découvre dans la foulée que son seul ami, le professeur Joaquín, a disparu. Au coeur de la coupe du monde de 1978, au rythme des matchs qui paralysent la ville (et dont Chacaltana semble se moquer éperdument), notre parfait Candide se lance bien malgré lui dans une enquête sordide sur fond d'opération Condor, mettant à jour les basses oeuvres des services secrets latino-américains cornaqués par la CIA. Jamais à court de naïveté, il promène sa bonne foi sans faille dans un Pérou en plein renouveau démocratique, et croise tour à tour des activistes méfiants, un amiral de l'Intelligence navale, une belle blonde mystérieuse et un vétéran de la guerre d'Espagne, tous plus rompus que lui aux secrets du monde. Roncagliolo raconte les années de formation de l'anti-héros d'Avril rouge avec un incroyable talent. On passe sans crier gare de la parodie au pur roman noir, sans jamais perdre l'humour ni le plaisir. Finalement, la naïveté est peut-être aussi une forme de courage...

 

Mon avis  :

Une virée au Pérou, une grande première pour moi et je suis vraiment conquise tant par la plume de Santiago Roncagliolo que par son personnage Félix.

La peine capitale se déroule dans un Pérou instable, en 1978, à la vieille d’élections et en plein milieu de la coupe du monde de foot. On rencontre Félix qui travaille aux archives, et qui va découvrir le corps de son meilleur ami, assassiné d’une balle dans la tête. Il se rend vite compte qu’il ne le connaissait pas si bien et qu’il va devoir mener l’enquête lui-même pour trouver l’identité du meurtrier.

J’ai beaucoup aimé Félix, tantôt naïf, tantôt extrêmement courageux, zélé dans son travail et amoureux de Cécilia. Fils vraiment dévoué à sa mère tyrannique, c’est un personnage très attachant.

Le roman est habilement construit, nous entrainant très souvent sur de fausses pistes. De ce fait, les rebondissements et les surprises s’enchainent et il n’y a pas un seul temps mort.

J’ai adoré le dépaysement, on frisonne face à l’instabilité politique, que tout le monde semble oublier lors des matches de foot. On déguste des plats exotiques, on prie dans cette société extrêmement pieuse et traditionnelle tandis que les années 70 amènent de la modernité avec ses mini-jupes et les films de John Travolta.

Je suis conquise par l’auteur que je découvre et  je lirai sans hésiter un autre de ses romans. 

 


Extraits :


Elle avait placé sur la veste de son tailleur rose une broche représentant le visage de la Vierge Marie, ce qui devait être, à ses yeux, un signe de sensualité. 

 

Les femmes ne se conduisaient plus comme des femmes. Les années 70 étaient désastreuses. Chacaltana aurait aimé vivre dans les années 30, ou 50, quand l'ordre régnait encore dans le monde.  


Si le Pérou gagnait, tout le quartier allait sortir pour fêter la victoire. Et s'il perdait, tout le quartier sortirait pour se lamenter dans les bars. Dans les deux cas, le climat reviendrait à son rythme habituel.

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