Résumé : « Il ne faut pas sous-estimer la rage de survivre. » Amélie Nothomb
Mon avis :
Une rentrée littéraire sans un nouveau roman d’Amelie Nothomb c’est comme un été sans soleil. Et comme chaque année, je suis au rendez-vous et ce roman m’a beaucoup plu.
Amélie se glisse dans la peau de son père pour lui rendre un très bel hommage. Elle nous raconte, a la première personne du singulier, son enfance, adolescence et ses premières années en tant que diplomate où il est pris en otage au Congo.
On parle souvent de l’humour britannique mais on oublie à quel point les Belges sont très forts dans ce domaine. Car ce roman, malgré la récente disparition de Patrick Nothomb, est truffé d’humour. On sourit et même parfois rit franchement des péripéties du jeune homme. On comprend aussi bien mieux le coté déjanté de l’auteure face a cette famille hors du commun.
Le style si particulier de l’auteure et les thèmes qui lui sont chers notamment l’enfance de Patrick tiennent une place très importante dans le livre. Elle analyse comment son père s’est forgé en tant qu’homme et diplomate et nous livrant cette enfance parfois, voir même souvent difficile.
En revanche, comme toujours le roman est beaucoup trop court. Lu en à peine deux heures, il va falloir à nouveau attendre aout 2022 pour un nouveau roman.
Extraits :
Chaque fois que je ne craignais pas de le déranger, je prenais André contre mon cœur. Le mystère renaissait à chaque étreinte : un gouffre d’amour, aussi vide que plein, me déchirait la poitrine. C’était une gigantesque interrogation : la paternité était ma vocation, je le sentais et, pourtant, je n’avais aucune idée de ce en quoi elle consistait.
Je comptais sur le bébé pour me l’enseigner.
Un diplomate ne part pas aussitôt à l’étranger. Il passe d’abord deux ans à travailler au ministère des Affaires étrangères, histoire d’apprendre qui seront ses interlocuteurs pendant les quarante années à venir.
Dans les années 50, ces milieux, en Belgique, étaient aussi codifiés que la cour de Henri III. Je dus attendre que Danièle ait dix-huit ans et « fasse son entrée dans le monde » pour la courtiser de manière officielle.
De ce que j’avais connu en six années et demie d’existence, ces vacances de Noël furent ce qui ressemblait le plus au bonheur. Les jours passés à patiner sur le lac blotti dans la forêt ou à fouler la neige des chemins m’éblouissaient sans relâche. Appartenir à une bande d’enfants ne cessait de m’exalter.
Les quatre heures de train me parurent féeriques. À mesure que nous nous enfoncions dans les Ardennes, l’épaisseur de la neige augmentait. La forêt supportait un tel poids de blancheur que certains arbres baissaient les bras, comme moi avec ma valise.
Deux années plus tôt, il avait épousé Claude, ma mère. C’était le grand amour comme on le vivait en cette Belgique des bons milieux qui évoque si singulièrement le dix-neuvième siècle : avec retenue et dignité. Les photos montrent un jeune couple se promenant à cheval en forêt. Mes parents sont très élégants, ils sont beaux et minces, ils s’aiment. On dirait des personnages de Barbey d’Aurevilly.
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