Résumé :
Un divorce douloureux fragilise Esther et les week-ends sans son fils sont durs à vivre. Pour se consoler quand elle est seule un samedi sur deux, Esther va s'asseoir sur un banc proche d'un superbe vieux chêne, au bord d'un lac près de chez elle. Un jour, une certaine Ruth y est assise et semble l'attendre. C'est une vieille dame d'un optimisme incroyable sur la vie. Ruth se met à dévoiler sa jeunesse à Esther, fascinée, et une jolie amitié naît.
Mais il pourrait y avoir des apparences trompeuses. Quels secrets Ruth semble-t-elle garder ? La réponse à cette question mènera Esther vers un long périple, jusqu'au lac de Côme, où elle comprendra que le passé de Ruth est bien plus sombre qu'annoncé. Et le chêne est toujours là est un roman saisissant et d'une grande tendresse sur la solitude, la résilience et la force de l'amitié, peu importe la différence d'âge et d'origine.
Mon avis :
Il y a longtemps que je veux lire un roman de Sofia Lundberg et je suis contente d’avoir enfin franchi le pas avec ce merveilleux roman.
Avec Et le chêne est toujours là, nous faisons la connaissance d’Esther, une jeune femme divorcée qui souffre des séparations d’avec son fils lorsqu’il se rend chez son papa. Une semaine sur deux, elle se morfond, se nourrit à peine et rasasse le passé. Pour elle, c’est très dur de tourner cette lourde page, de faire le deuil de son amour perdu pour son ex-époux qui semble si parfait aux yeux de tout le monde. C’est à ce moment-là qu’elle fait la connaissance de Ruth, une vieille dame qui s’assoit sur un banc et avec qui elle papote. Ruth, lui raconte son histoire d’amour et ses souvenirs et va inconsciemment aider Esther à enfin être elle-même.
C’est une très belle histoire d’amitié qui unit ces deux femmes, de deux générations différentes mais qui pourtant ont tellement en commun. J’ai adoré la construction du roman et comment les deux histoires sont amenées : celle d’Esther, on l’apprend en lisant son journal ou elle couche ses pensées sur le papier pour comprendre ce qui n’a pas fonctionné dans sa relation avec Alex. Ruth aussi a écrit un journal et elle demande à Esther de lui en lire des passages pour se remémorer son passé puis ensuite c’est au coté d’Esther que l’on va remonter le temps et apprendre à connaitre Ruth.
J’ai adoré voyager entre la Suède et l’Italie, le froid de l’hiver nordique puis le printemps ou renait la nature et ou la prairie est en fleur et la chaleur des bords du lac de Come. Les personnages que l’on croise ont tous un élément charmant, sont tous plein d’une sagesse et d’une richesse dont Esther a besoin pour se reconstruire. C’est une très belle leçon de vie.
Ce roman éveillera une flopée de sentiments auprès des lecteurs, une ribambelle d’émotions positives qui font tellement de bien par les temps qui court. C’est le genre de lecture qui donne le sourire et qui met du baume au cœur. Je suis vraiment conquise et il me tarde de découvrir les autres romans de l’auteure.
Esther contemple longuement le visage de la vieille dame sur le dessin, les rides sous ses yeux et sur ses joues qu’elle a consciencieusement tracées au crayon a papier.
« Ses pommettes n’étaient pas aussi hautes », dit-elle au bout d’un moment en passant l’index sur les joues et en les estompant légèrement.
« Et ses rides de rire étaient plus profondes, son visage plus joyeux. »
Simona se penche au-dessus du dessin, le menton dans ses mains.
« Mhm », commente-t-elle.
« Et les cheveux sont ratés aussi. Les siens étaient beaucoup plus jolis.
- En fait, tu la vois différemment, maintenant que tu sais qu’elle est décédée ? » dit Simona en se rasseyant au fond de sa chaise. Elle remonte ses genoux et les enveloppe dans son ample jupe a fleurs.
« Qu’est-ce que tu veux dire ?
- JE veux dire que la mort efface certains détails, en renforce d’autres. Elle va devenir de plus en plus belle dans ton souvenir, tu verras. Tu devrais la redessiner, je trouve. »
Esther range le dessin dans la chemise plastifiée.
« Alors il vaut mieux que je fasse attention a celui-ci, dit-elle. C’est la vraie Ruth que j’aimais. »
Je suis lasse de ressasser mes souvenirs, mes peurs et ces sentiments qui m’animent et qui jettent un voile sur tout ce que je vis. Tout ce que j’entends. Tout ce que je ressens. Je suis devenue incapable d’objectivité.
Pourtant, j’aimerais vraiment comprendre comment nous en sommes arrivés là. Pourquoi notre histoire a aussi mal tourné. Alors qu’elle était si belle à tant d’égards.
Elle contemple le lac. C’est si beau. La végétation autour. Les maisons pittoresques. Les fleurs. Tout cela devait manquer à Ruth. L’hiver suédois est si froid, si sombre et si gris. C’est étrange qu’elle ait fait le choix de rester là-bas au lieu de revenir en Italie. Mais après tout, l’hiver est peut-être aussi triste ici. Peut-être les habitudes et les souvenirs de notre enfance nous manquent-ils, ou qu’on se trouve.
« Tu sais quel est le problème avec les salauds ? dit Ruth tout à coup.
- C’est qu’ils sont des salauds, non ?
- Pas du tout. Le problème avec les salauds, c’est qu’ils pensent être des gens bien. Ils en sont convaincus. Et pour peu qu’ils soient malins, ils parviennent même à en convaincre leur entourage. »
Une bonne odeur de cuisine flotte dans la maison. Le jambon est au four, sauces et légumes mijotent. Sa mère s’active du réfrigérateur au plan de travail, et du plan de travail a la table. Elle dispose la charcuterie sur un plat, découpe la salade, écale des œufs. Elle est sans cesse en mouvement. Son père n’est jamais loin, toujours prêt à lui donner un coup de main si nécessaire.
Esther les regarde, debout l’un à côté de l’autre, la main ridée de son père posée dans le creux du dos de sa mère. Ils vivement ensemble dans cette maison depuis quarante ans. Ils sont sa famille, et un havre de paix ou venir se mettre à l’abri.
J’ai lu quelque part qu’il est plus facile de traverser un deuil qu’une séparation. Cela peut paraître surprenant. Mais dans une séparation, il y a toujours un « et si » et un « mais ». Alors qu’un décès est définitif. Et qu’en général, ce n’est la faute de personne. Tandis qu’une séparation est comme un abcès plein de pus, qui ne guérirait jamais. Une grosse pustule qui crève parfois, laissant s’écouler une peine visqueuse.
Aurait-ce été plus facile si l’un d’entre eux était mort ? Comment puis-je penser ainsi ? Quel égoïsme. Je ne veux pas qu’Adrian meure, jamais. Alex non plus. Si quelqu’un devait mourir, ce serait moi. Parce que j’ai détruit cette famille. Parce que j’ai fichu en l’air l’enfance d’Adrian et qu’à cause de moi, il est maintenant l’un de ces pauvres gosses déracinés, obligés de changer de maison toutes les semaines.
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