jeudi 19 août 2021

Le diable de la Tamise

 

Résumé : 

Londres, 1889. Quand une victime du choléra est retrouvée dans la Tamise, le Dr Anton Kronberg, bactériologiste de son état, est appelé pour confirmer les causes du décès. Toutes les précautions sont prises pour éviter une épidémie. Les choses auraient pu en rester là si les résultats intrigants de l'autopsie n'avaient poussé Kronberg à s'intéresser de pus près à cette affaire. Alors que Scotland Yard souhaite classer le cas, Kronberg se rapproche de Sherlock Holmes. Et il ne faut que peu de temps au célèbre détective pour percer le secret du médecin qui, en réalité, est... une femme. Un secret qui pourrait la mener droit en prison s'il venait à être révélé. Mais tous deux vont unir leurs forces pour débusquer un criminel aussi redoutable que Jack l'Eventreur...

Mon avis : 

Le diable sur la Tamise est un très bon policier historique que je suis contente d’avoir découvert. Il s’agit du premier tome d’un saga et c’est une bonne entrée en matière malgré quelques défauts.

On fait la connaissance d’un personnage atypique : Anna qui se travestie en homme et devient Anton, pour pouvoir exercer son métier de médecin. C’est une femme résolument moderne pour l’époque, elle exerce une profession masculine comme je le disais précédemment mais elle n’est pas mariée et entretient une aventure avec un homme. C’est le coté plus moralisateur qui m’a dérangé : l’auteure veut en effet, un personnage fort, qui se bat contre toutes les injustices du monde. Le manque de soin, de propreté, la famine et les conditions de vie difficiles dans les bas-fonds londonien, mais aussi le fait d’être une femme dans un monde d’hommes. Pourtant, j’ai souvent eu l’impression qu’Anna n’était pas aussi droite et parfaite. Elle a des réactions extrêmes, poussée par l’impulsivité. Son passé la hante beaucoup mais nous apprenons les détails qu’au compte-goutte.

Bien évidemment, l’intérêt du récit repose aussi sur la présence du Docteur Watson et surtout de Sherlock Holmes. Je n’ai pas l’habitude de retrouver ces deux personnages étant plus familière avec les Austenneries. J’ai été ravie de les retrouver mais j’ai trouvé Holmes un peu fade.

L’intrigue est intéressante, bien construite même si au départ, on se demande un peu ou l’on va puisque notre duo enquête en sous-main, loin des policiers. Le suspense grandit au fil des pages et le roman se dévore.

L’auteure dresse, par contre, un portrait saisissant de Londres a la fin du XIXe. On frémit, on tremble à l’évocation d’un simple coin de rue mal éclairé, on se révolte face aux inégalités, a la promiscuité et à la misère de l’époque. Les épidémies sont fréquentes et touchent toujours les plus démunies en priorité.

En parlant de maladie, le lecteur n’est pas épargné par les descriptions bien croustillantes d’autopsies notamment. Ames sensibles s’abstenir.

Enfin, je dirai que le livre est trop court et manque un peu de profondeur mais il s’agit uniquement d’un tome un et j’imagine que la suite doit apporter un plus en termes de personnages et d’intrigues.





Extraits : 

Watson commença à s’agiter.
- L’un d’entre vous pourrait-il avoir l’obligeance de m’expliquer pourquoi le Dr Kronberg est une femme, et pourquoi vous enquêtez sur une affaire ou, de toute évidence, aucun crime n’a été commis ?



Londres était un monstre aux nombreuses têtes, ou plutôt aux nombreux visages. On pouvait se promener dans une rue propre et animée et. En s’engageant par erreur dans un chemin de traverse, se perdre dans un dédale de ruelles sombres et crasseuses qui abritaient des millions de rats énormes. Les rongeurs étaient les seuls ou presque à prospérer dans les taudis, car c’étaient les seuls occupants à avoir toujours assez à manger, que ce soir du chou fermenté, des excréments, ou des cadavres d’humains ou d’animaux. Une personne étrangère a ces lieux risquait fort de ne pas en revenir vivante, ou a tout le moins de se faire agresser ou rouer de coups. Il était très difficile de s’y procurer de l’eau potable, de la nourriture, un logis, de quoi se chauffer pendant l’hiver, des vêtements, enfin tout ce qui rendait la vie tolérable. A l’autre extrémité de l’échelle se trouvaient les quartier propres et paisibles de la haute société. Des dames et des messieurs élégamment vêtus, aux manières distinguées, pouvaient flâner tranquillement dans des parcs sans être importunés par des pauvres malodorants. Même les arbres et les buissons avaient un aspect soigné. Ces gens-la mangeaient à leur faim, même si ce n’était pas toujours le cas de leur domestique.
Tous les jours, le trajet entre mon domicile et l’hôpital m’amenait à traverser ces quartiers si contrastés de Londres.


Comme cela se produisait avec une certaine fréquence, j’avais le plaisir de travailler à l’occasion avec les inspecteurs de la police métropolitaine. C’était un groupe d’hommes fort divers, a l’esprit aussi affuté qu’un couteau à beurre pour les meilleurs d’entre eux, et digne d’une prune pourrie pour les plus médiocres.



Amusée, je songeai a un proverbe irlandais : « Si on n’en guérit avec du beurre et du whisky, c’est qu’il n’y a pas de remède pour ça » ; je me dis que je devrais peut-être essayer ce nouveau traitement avec mes patients.



Une des premières choses que j'ai apprises en tant qu'adulte, c'est que, pour les gens qui ont toujours vécu dans la peur et les préjugés, la connaissance et les faits n'ont strictement aucune importance.

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