Résumé :
Pour élucider malgré lui le mystère d’un crime dont il ignore tout, un jeune homme se fait introniser dans le club le plus select de Cambridge. Sur fond de campus novel et d’amours impossibles, un premier roman vertigineux.
Mon avis :
La fraternité est un roman allemand qui nous emmène à Cambridge, en Angleterre. On y fait la connaissance de Hans, un jeune homme qui a la suite du décès de ses parents se retrouve dans un pensionnat. Après, ses études secondaires, sa tante maternelle, lui propose d’entrer à Cambridge et d’infiltrer un club très select où se sont passé plusieurs crimes.
J’ai beaucoup aimé tout le mystère qui plane autour de ce club. La construction du récit est intéressante car nous apprenons les faits en même temps que Hans. L’auteur nous force donc à enquêter, à analyser chaque petit détail disséminé au fil des pages. J’ai aussi apprécié les chapitres courts ou alternent les différents protagonistes.
L’ambiance universitaire est très bien décrite et le récit est vraiment plaisant. On ne devine rien avant la fin et j’ai été choqué par les faits et surtout tant d’années de silence. Le récit aborde des thèmes qui sont malheureusement très présents dans l’actualité : privilèges sociaux, pouvoir, masculinité toxique. Ces thèmes sont très bien traités et le roman sonne vraiment juste. Ce club élitiste fait tout simplement froid dans le dos.
Le personnage de Hans est vraiment très attachant. C’est un garçon qui n’a pas eu la vie facile mais qui a su rebondir. Sa relation avec Charlotte est vraiment touchante. C’est un personnage aussi très intéressant et qui au fil du récit grandit et se pose les bonnes questions sur la responsabilité envers sa famille et ses amis mais aussi la loyauté et ses limites.
Extraits :
Chelsea, ce sont des fenêtres inondées de lumières, de hautes haies, des allées de gravier blanc. C’est presque comme si on n’était pas à Londres. Je crois que c’est pour cette raison que j’ai toujours aimé être ici.
Avant l’internat, j’ai vécu dans une villa du Somerset. Le silence dans la nuit, le parfum des fleurs au matin, l’attente du jour où l’on presserait le raisin. Telle a été mon enfance.
À une époque, Londres, son béton et sa sarabande de lumières me rendaient dépressif. Le métro est le péché de la civilisation, on y est coincé comme un porc en route pour l’abattoir, on respire les vapeurs d’inconnus, il fait toujours trop chaud et il y a toujours quelqu’un pour éternuer. C’est le moyen de transport le plus grossier qui soit. Quand je pense aux visages des gens qui sortent des bouches de métro, mon humeur tourne toujours à l’aigre.
On dit que les Londoniens sont désagréables envers les étrangers. Je crois au contraire que les Londoniens sont des gens foncièrement sympathiques – jusqu’à ce qu’ils mettent les pieds dans le métro le matin et perdent la boule.
Longtemps avant cette soirée, quand je faisais mes premiers pas en boxe, j’avais appris que ce n’étaient pas les coups qui faisaient mal – les os du crâne sont solides –, mais l’humiliation, et comme j’étais plutôt petit, comme personne ne pensait que je pouvais vaincre un type de cent kilos en blazer bleu pâle, j’allais forcément gagner. Bien boxer quand on a peur, c’est difficile.
« [...] Il n’y a que deux catégories de gens à Cambridge. Ceux qui sont riches jusqu’à l’absurde, et ceux qui essaient de paraître plus riches qu’ils ne le sont. Parfois, je me dis que je suis le seul à être normal, ici », a-t-il dit.
Dans la cour, devant son bureau, les pavés avaient l’air d’avoir été posés au Moyen Âge, ce qui devait même être le cas. Au cours des siècles, le cuir durci de milliers de semelles d’étudiants en avait poli et arrondi chaque aspérité. J’étais resté dehors pendant une demi-heure, appuyé contre un mur, et j’avais observé les étudiants, qui ressemblaient à mes camarades d’internat. En les regardant, je n’avais rien vu en eux qui les unisse ni les distingue. Il y avait des étudiants à la peau sombre, des Asiatiques, des Blancs, des jeunes gens en pantalon de coton informe, en jupe courte, en costume, avec des sacs à dos, des attachés-cases, des sacs en toile ou des livres à la main. Je m’étais tout d’abord dit qu’il n’y avait pas de profil type de l’étudiant de Cambridge, puis j’avais remarqué que certains, les hommes surtout, levaient le menton un peu plus haut que ce à quoi j’étais habitué : ils semblaient savoir un peu mieux que les autres qui ils étaient, c’était du moins l’impression qu’ils m’avaient donnée.
Deux semaines plus tard, assis dans un bureau qui donnait sur la cour de la chapelle du St John’s College, à Cambridge, j’observais, derrière Alex, un tableau accroché au mur. Je me demandais si les vieux tableaux s’assombrissaient au cours des siècles ou s’ils avaient été peints ainsi.
Mes parents me manquaient, la maison, l’odeur du vieux plancher, les meubles que mon père avait construits, chaque recoin de mur frais auquel je rattachais un souvenir. C’était un peu comme la faim que j’avais éprouvée avant un combat de boxe, quand j’avais dû jeûner pour perdre deux kilos et
atteindre le poids de ma catégorie. La faim faisait un trou au niveau du ventre. La solitude me faisait un trou dans tout le corps, comme s’il n’était resté de moi que l’enveloppe vide d’un être humain.