mercredi 15 avril 2020

Au 5e étage de la faculté de droit

Résumé : 

Cinquième étage de la faculté de droit d’Athènes, section de criminologie. Anghélos Kondylis, doctorant en criminologie, découvre le corps sans vie de la professeure Irini Siomou… avant d’être tué à son tour. Chargé d’enquêter sur ce double meurtre, Christophoros Markou, jeune capitaine fraîchement diplômé, entre dans l’univers secret de l’Université : un effrayant dédale où s’entrelacent ambitions professionnelles, compromissions, lâchetés et vanités. Markou trouvera-t-il la lumière ? Puisant dans sa propre expérience, Christos Markogiannakis, diplômé de criminologie et de droit, auteur d’un essai remarqué, Scènes de crime au Louvre, signe un brillant premier polar qui dévoile la personnalité atypique du capitaine Markou, empêcheur de tourner en rond dans une Grèce au bord du chaos.

Mon avis : 

Un policier venu de Grèce, forcément, je me jette dessus, moi qui rêve de découvrir ce magnifique pays et ses îles toutes plus belles les unes que les autres, sa gastronomie alléchante et son histoire passionnante. 

Nous voici donc à Athènes, où dans une université, au département de criminologie, une professeure et un étudiant sont sauvagement assassinés. C’est Christophoros Markou, jeune flic ambitieux et fraîchement diplômé de cette fac à qui ont confié l’enquête.

J’ai trouvé ce roman vraiment réussi et ce qui m’a le plus plu c’est le rythme très lent de l’enquête. On est loin des thrillers américains, des séries télévisées style 24h où tout va très (trop !) vite. Ici, on prend notre temps et l’on remet volontiers au lendemain ce qui peut l’être. « Si l'on ne trouve pas l'auteur d'un crime dans les quarante-huit heures, après, plus le temps passe, plus c'est difficile. Ce stupide lieu commun véhiculé par la presse et les séries télévisées lui revint en mémoire. Il était bien placé pour savoir que la résolution de cette affaire serait le fruit d'un long travail. Et que cela prendrait du temps. Sans compter la chance. Celle qui avait toujours été de son côté. Comme on dit en Grèce, aide-toi, Athéna t'aidera. »

Markou est un flic sympa et je me verrai bien le retrouver dans d’autres romans, car il ferait un très bon personnage récurrent de saga. Il est jeune et zélé, sait s’entourer des bonnes personnages et est très perspicace. Il ne laisse jamais tomber et je me suis très vite attachée à lui. Dommage qu’on n’en sache pas un peu plus sur sa vie personnelle mais en tout cas dans le boulot c’est un très bon flic. « Il me paraît invraisemblable, irréel, que l’auteur de ce double crime odieux soit un de nos professeurs, étudiants ou employés. Ce serait une catastrophe pour l’image du département, continua le professeur à voix basse, comme effaré par ce qu’il venait de dire. En tout cas, je vous le répète pour la énième fois, il faut trouver le coupable. J’ai toute confiance en vous et en vos compétences pour lui mettre la main dessus ! »

L’enquête est prenante, on apprend au compte-goutte certains détails sur la vie des deux personnages assassinées de part avec les interrogatoires de l’entourage des victimes. Encore une fois, j’ai adoré voir que certaines personnes ont une vision diamétralement opposée d’une même personne ce qui n’est pas toujours facile pour le lecteur ou le policier de se faire une vraie idée de la personne, de son caractère…« Je suis perdue. Tu me diras, c'est normal, ce n'est pas mon job, je ne suis pas flic, mais putain, j'ai lu des dizaines de livres sur la nature humaine et le crime, j'ai dévoré des bibliothèques entières de polars, ça devrait bien servir à quelque chose, non ? »

La dernière partie du roman est excellente et un vrai clin d’œil au romans d’Agatha Christie mettant en scène le célèbre détective Hercule Poirot. Markou réunit, en effet, tous les suspects pour leur exposer ses hypothèses et faire la lumière sur ce double crime. C’est une vraie réussite et je dois dire que si l’on a l’impression de piétiner pendant les trois quarts du roman à cause de la lenteur de l’investigation, cette fin est à la hauteur de toutes nos attentes. « Ces dernières paroles finirent de jeter un froid. Quatre innocents et un coupable attendaient anxieusement la suite. Attendaient un nom. Ce nom, Markou le connaissait. Il percevait les sensations qui traversaient les corps, par la posture de l’un sur sa chaise, la tension du buste de l’autre, les regards affolés ou fuyants. Parmi ceux qui l’évitaient, deux yeux haineux, glaçants, fixés sur le policier tels ceux d’une gorgone prête à lancer son regard mortel, tâchant de lire sur son visage et d’interpréter ses paroles. Un regard dépourvu de peur. Juste le doute, un doute cuisant – et si j’avais négligé des indices qui pourraient me démasquer ? »

Enfin j’aurais sans doute aimé un peu plus de dépaysement, découvrir un peu plus le pays, la Grèce qui me fait tant rêver mais l’auteur choisit ici de mettre son enquête davantage en avant. C’est un choix judicieux mais je reste un peu sur ma faim en matière de tourisme et de découverte culturelle. Le roman s’adresse peut-être davantage aux grecs eux-mêmes qui connaissent déjà les us et coutumes du pays mais pour nous autres étrangers, j’aurais aimé quelques anecdotes supplémentaires. En tout cas, c’est une belle découverte et je lirai très vite un autre roman de l’auteur pour en découvrir un peu plus sur lui.

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