lundi 28 mai 2018

Les Crèvecoeur, intégrale, tome 1 : Edith et Romain

Résumé : 

Ce premier volet de la saga des Crèvecœur commence en 1914, lorsque la belle Édith est mariée bien malgré elle à Romain Crèvecoeur, un cordonnier fétichiste aux habitudes étranges, pour sauver l’affaire familiale. La guerre 14-18 éclate et la jeune femme y voit l’occasion de fuir le désastre de son mariage. Amours secrètes et interdites, obsessions dangereuses et ambitions démesurées, le couple Crèvecoeur donnera néanmoins naissance à un enfant, Germain, qui bouleversera leur existence. Enfant sensible et conscient de sa différence, Germain puisera dans l’amour inconditionnel de sa mère et la folie de son père toute la force de son génie créatif et partira à la conquête des pieds des femmes. Bayeux, Paris, la découverte de la sensualité, la création de sa première collection de chaussures féminines, plus rien n’arrête Germain dans quête de l’élégance féminine. Mais jusqu’où peut-on vraiment fuir les secrets de notre famille ?

Mon avis : 

Tout d’abord, je tiens à remercier chaleureusement Livraddict pour ce partenariat ainsi que les éditions Silk Thread Publishing pour l’envoi de ce roman.

Édith et Romain nous plonge dans une saga familiale passionnante de près de 500 pages. Le roman, en deux parties, s’ouvre sur Raphaël, qui est contacté par un notaire qui lui déclare la mort de son père dont il héritera s’il se rend aux obsèques. Raphaël, remonte alors l’existence de Germain, son père né de l’union d’Édith et Romain, juste avant la première guerre mondiale.

Le roman suit les bases des sagas familiales mais à ceci près qu’ici nous avons affaire à une famille atypique de cordonniers. Édith est un personnage que j’ai beaucoup aimé, c’est une femme soumise à la volonté de ses parents et plus tard à son mari tyrannique mais elle est aussi indépendante et moderne pour son temps. « Il entonna ses grandes phrases, remplies de bons sentiments, sur le mariage et l’amour et l’amour éternel, ajouta quelques allégories bibliques dont il oublia la signification et acheva l’ensemble par une déclaration d’union surréaliste des époux. Avant même qu’Édith et Romain puissent s’embrasser, il les avait poliment dirigés sur le côté et, par de grands gestes hospitaliers, s’affairait à inviter l’auditoire à boire le vin divin. Les nouveaux mariés observèrent la foule avide se précipiter vers l’autel sans se dire un mot, jusqu’à ce que Romain glisse sa main dans sa poche pour en sortir une fine alliance.
« Tenez, je crois que c’est à vous », dit-il en lui tendant l’objet.
Intriguée et émue, Édith enfila cette alliance qui lui allait étrangement bien et s’aperçut alors que c’était le père Violette qui avait conservé celle qu’elle devait donner à son époux. Il avait non seulement oublié de la tendre à Édith, mais il avait également omis de bénir les alliances. Et il était déjà trop tard : Romain l’entrainait vers la sortie de l’église, ou des enfants leur jetèrent du riz et des fleurs séchées.
Et c’est ainsi que commença le mariage d’Édith et Romain Crèvecœur, sur un petit oubli et un grand malentendu.
 »
Romain, c’est le personnage que l’on adore détesté. Germain est lui bien complexe et il me tarde de lire le second tome pour mieux apprendre à le connaitre, notamment en apprendre davantage sur la naissance de Raphaël. Si je devais décerner un prix pour le personnage secondaire qui m’a le plus plu c’est sans aucun doute le prêtre qui m’a tant fait rire : « C’est donc dans les caves à liqueurs de la cathédrale que, bien souvent, le père Violette trouvait le réconfort dont il avait besoin. Inutile de dire que la cave de la cathédrale était pour le moins bien garnie, ce que le prêtre justifiait aisément. Plus la paroisse était grande, plus il y avait de soucis à se faire, et plus il fallait abreuver ses peurs et se confesser. Après tous, il s’agissait de vin bénit, et un petit remontant nous rapprochait plus de Dieu qu’il ne nous en éloignait. »

L’écriture de l’auteur est agréable et apporte beaucoup au roman. Tantôt le roman est joyeux tantôt rempli de tristesse et de mélancolie. L’auteure trouve en tout cas toujours le mot juste « Sur le bord du lit, Édith regardait ses chaussures. Elle balançait ses pieds dans le vide et repensait aux histoires de princesses qu’elle lisait toute petite. Ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Mais personne ne lui avait raconté ce qui se passe après le mot «fin», lorsque tout commence vraiment et que le monde des adultes souille celui des princesses. Elle se demanda soudain d’où venaient les méchantes sorcières qui en voulaient tant aux jeunes filles parfaites et innocentes des contes de fées. Et elle comprit avec horreur qu’il s’agissait surement de princesses déçues, celles que les princes avaient trompées et bafouées en leur faisant miroiter une vie de rêve, tout en leur offrant la laideur d’un mariage trop humain, ou l’ennui finit par laisser place à une terrible solitude. »
On découvre également une région de France peu / pas assez connue : Bayeux et ses alentours. Cette histoire m’a d’ailleurs poussé à me documenter sur la fameuse tapisserie de Bayeux dont il  est plusieurs faits mention dans ces pages. Bien évidemment on découvre aussi l’art de la cordonnerie et de la fabrique de chaussures et j’ai été surprise de constater la complexité pour habiller un pied. Le roman fourmille de détails qui sont tous plus passionnant les uns que les autres. Malgré les 480 pages, l'on ne s'ennuie pas une seconde, bien au contraire.

Bref, c’est une excellente découverte que je suis ravie d’avoir faite. Et avant de vous recommander chaudement cette lecture, je ne peux terminer cette lecture sans vous parler de cette couverture magnifique qui illustre parfaitement cette belle saga.
 

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