Résumé :
Ce premier volet de la saga des Crèvecœur commence en 1914, lorsque la
belle Édith est mariée bien malgré elle à Romain Crèvecoeur, un
cordonnier fétichiste aux habitudes étranges, pour sauver l’affaire
familiale. La guerre 14-18 éclate et la jeune femme y voit l’occasion de
fuir le désastre de son mariage. Amours secrètes et interdites,
obsessions dangereuses et ambitions démesurées, le couple Crèvecoeur
donnera néanmoins naissance à un enfant, Germain, qui bouleversera leur
existence. Enfant sensible et conscient de sa différence, Germain
puisera dans l’amour inconditionnel de sa mère et la folie de son père
toute la force de son génie créatif et partira à la conquête des pieds
des femmes. Bayeux, Paris, la découverte de la sensualité, la création
de sa première collection de chaussures féminines, plus rien n’arrête
Germain dans quête de l’élégance féminine. Mais jusqu’où peut-on
vraiment fuir les secrets de notre famille ?
Mon avis :
Tout d’abord,
je tiens à remercier chaleureusement Livraddict pour ce partenariat ainsi que
les éditions Silk Thread Publishing pour l’envoi de ce roman.
Édith et
Romain nous plonge dans une saga familiale passionnante de près de 500 pages. Le
roman, en deux parties, s’ouvre sur Raphaël, qui est contacté par un notaire
qui lui déclare la mort de son père dont il héritera s’il se rend aux obsèques. Raphaël, remonte alors l’existence de Germain, son père né de l’union d’Édith
et Romain, juste avant la première guerre mondiale.
Le roman suit
les bases des sagas familiales mais à ceci près qu’ici nous avons affaire à une
famille atypique de cordonniers. Édith est un personnage que j’ai beaucoup
aimé, c’est une femme soumise à la volonté de ses parents et plus tard à son
mari tyrannique mais elle est aussi indépendante et moderne pour son temps. « Il
entonna ses grandes phrases, remplies de bons sentiments, sur le mariage et
l’amour et l’amour éternel, ajouta quelques allégories bibliques dont il oublia
la signification et acheva l’ensemble par une déclaration d’union surréaliste
des époux. Avant même qu’Édith et Romain puissent s’embrasser, il les avait
poliment dirigés sur le côté et, par de grands gestes hospitaliers, s’affairait
à inviter l’auditoire à boire le vin divin. Les nouveaux mariés observèrent la
foule avide se précipiter vers l’autel sans se dire un mot, jusqu’à ce que
Romain glisse sa main dans sa poche pour en sortir une fine alliance.
« Tenez, je crois que c’est à vous », dit-il en lui tendant l’objet.
Intriguée et émue, Édith enfila cette alliance qui lui allait étrangement bien et s’aperçut alors que c’était le père Violette qui avait conservé celle qu’elle devait donner à son époux. Il avait non seulement oublié de la tendre à Édith, mais il avait également omis de bénir les alliances. Et il était déjà trop tard : Romain l’entrainait vers la sortie de l’église, ou des enfants leur jetèrent du riz et des fleurs séchées.
Et c’est ainsi que commença le mariage d’Édith et Romain Crèvecœur, sur un petit oubli et un grand malentendu. »
« Tenez, je crois que c’est à vous », dit-il en lui tendant l’objet.
Intriguée et émue, Édith enfila cette alliance qui lui allait étrangement bien et s’aperçut alors que c’était le père Violette qui avait conservé celle qu’elle devait donner à son époux. Il avait non seulement oublié de la tendre à Édith, mais il avait également omis de bénir les alliances. Et il était déjà trop tard : Romain l’entrainait vers la sortie de l’église, ou des enfants leur jetèrent du riz et des fleurs séchées.
Et c’est ainsi que commença le mariage d’Édith et Romain Crèvecœur, sur un petit oubli et un grand malentendu. »
Romain, c’est
le personnage que l’on adore détesté. Germain est lui bien complexe et il me
tarde de lire le second tome pour mieux apprendre à le connaitre, notamment en
apprendre davantage sur la naissance de Raphaël. Si je devais décerner un prix
pour le personnage secondaire qui m’a le plus plu c’est sans aucun doute le prêtre
qui m’a tant fait rire : « C’est donc dans les caves à liqueurs de la
cathédrale que, bien souvent, le père Violette trouvait le réconfort dont il avait
besoin. Inutile de dire que la cave de la cathédrale était pour le moins bien
garnie, ce que le prêtre justifiait aisément. Plus la paroisse était grande,
plus il y avait de soucis à se faire, et plus il fallait abreuver ses peurs et
se confesser. Après tous, il s’agissait de vin bénit, et un petit remontant
nous rapprochait plus de Dieu qu’il ne nous en éloignait. »
L’écriture de
l’auteur est agréable et apporte beaucoup au roman. Tantôt le roman est joyeux tantôt
rempli de tristesse et de mélancolie. L’auteure trouve en tout cas toujours le
mot juste « Sur le bord du lit, Édith regardait ses chaussures. Elle
balançait ses pieds dans le vide et repensait aux histoires de princesses
qu’elle lisait toute petite. Ils se marièrent, furent heureux et eurent
beaucoup d’enfants. Mais personne ne lui avait raconté ce qui se passe après le
mot «fin», lorsque tout commence vraiment et que le monde des adultes souille
celui des princesses. Elle se demanda soudain d’où venaient les méchantes
sorcières qui en voulaient tant aux jeunes filles parfaites et innocentes des
contes de fées. Et elle comprit avec horreur qu’il s’agissait surement de
princesses déçues, celles que les princes avaient trompées et bafouées en leur
faisant miroiter une vie de rêve, tout en leur offrant la laideur d’un mariage
trop humain, ou l’ennui finit par laisser place à une terrible solitude. »
On découvre également
une région de France peu / pas assez connue : Bayeux et ses alentours.
Cette histoire m’a d’ailleurs poussé à me documenter sur la fameuse tapisserie
de Bayeux dont il est plusieurs faits
mention dans ces pages. Bien évidemment on découvre aussi l’art de la cordonnerie
et de la fabrique de chaussures et j’ai été surprise de constater la complexité
pour habiller un pied. Le roman fourmille de détails qui sont tous plus passionnant
les uns que les autres. Malgré les 480 pages, l'on ne s'ennuie pas une seconde, bien au contraire.
Bref, c’est
une excellente découverte que je suis ravie d’avoir faite. Et avant de vous
recommander chaudement cette lecture, je ne peux terminer cette lecture sans
vous parler de cette couverture magnifique qui illustre parfaitement cette
belle saga.
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