Résumé :
Frère Jean se remémore l'année de ses 28 ans quand il résidait dans une abbaye bénédictine en Corée du Sud parce qu'il avait décidé de consacrer son existence à Dieu. Il évoque sa rencontre amoureuse avec une femme, la fin de cette romance, la mort tragique de deux des moines et la réminiscence d'un secret familial dramatique.
Mon avis :
Voilà un roman bien complexe, il renferme quasiment plusieurs romans à lui tout seul. Il y a d'abord l'histoire de Frère Jean et son questionnement sur la vie au monastère et son engagement auprès de Dieu. Il y a ensuite sa romance avec So-hui et l'histoire de la Corée. Tout ça s'emboîte pour donner L'échelle de Jacob, un roman dense et riche qui demande du temps. C'est une lecture qui ne se dévore pas au contraire il s'agit de ce genre de roman qu'il fait prendre le temps de lire pour l'apprécier à sa juste valeur.C'est ici ma première rencontre avec l'auteure coréenne, sans doute plus connu en France pour Nos jours heureux (que je n'ai pas encore lu d'ailleurs !) et je dois dire que je suis conquise par sa plume qui est magnifique. Pleine de pudeur comme beaucoup d'écrivains asiatiques, pleine de poésie, on pourrait relever un tas de citation tant son écriture est belle. Le livre est documenté, elle nous raconte l'histoire de la Corée, la pauvreté, les coutumes en toile de fond de l'histoire de Frère Jean.
Frère Jean justement est un personnage très attachant qui nous raconte son histoire. Il se livre sur sa vie au monastère, son engagement, ses doutes parfois et sur son histoire d'amour avec So-hui que j'ai eu du mal a cerner.
"- Vous ne voulez voir les religieux que comme des êtres en manque de relations sexuelles. Franchement, cette idée m'offusque. Un homme amoureux d'une femme et qui lui jure fidélité est un héros romantique, tandis que nous, qui faisons serment de consacrer notre existence à la recherche de la vérité et donc à Dieu, sommes toujours considérés comme un objet d'étude et de curiosité, le symbole même de l'interdiction et de l’inhibition sexuelles, et je déteste cette réalité. "
La vie monacale est magnifiquement décrite, l'auteure a su trouver les mots justes pour la décrire.
"Pour expliquer la vie au monastère, il faut avant tout mentionner le silence. Pendant mes années passées ici, j'ai appris que le silence n'était pas seulement le calme ou l'absence de bruit. Au contraire, il s'agit plutôt d'une écoute très attentive. Le silence est nécessaire pour percevoir le bruit au-delà du bruit, la sensation au-delà de la sensation."
C'est un très beau roman qui mérite d'être davantage connu et il me tarde maintenant de lire Nos jours heureux.
Lu dans le cadre du challenge :
- Raconte moi l'Asie