lundi 11 octobre 2021

Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette, tome 2 : À Knokke-le-Zoute !

Résumé : 

Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague...
Enfin les vacances, direction Knokke-le-Zoute ! Le peintre Magritte et sa femme Georgette se préparent à savourer les plaisirs de la côte belge : promenades en cuistax, croquettes de crevettes et moules-frites. Mais avant ça, ils profitent de la plage, bien installés dans leur transat. Un peu plus loin, les aboiements de leur chienne Loulou sonnent la fin du farniente. En grattant dans le sable, elle a déterré une main. Une aubaine pour René et Georgette qui vont se livrer à leur plaisir secret : traquer le meurtrier.

Mon avis : 

René et Georgette m’ont tellement plu lors de notre première rencontre que j’ai voulu lire immédiatement la suite de leurs aventures.

On quitte Bruxelles pour la côte belge où les Magritte prennent quelques jours de vacances. C’est aussi l’occasion pour eux de mener l’enquête sur la disparition d’une femme qui très vite est suivie par la mort de son mari.

Encore une fois, je me suis régalée avec cette enquête. Difficile à dire si j’ai préféré le premier ou second tome. En tout cas, l’enquête est prenante, l’auteurs nous entraine sur de fausses pistes et pendant les ¾ du livre on se demande vraiment où l’on va. Et puis les pièces du puzzle s’emboitent et la résolution de l’enquête est à la hauteur de nos attentes.

Concernant les personnages, je les ai trouvés encore plus attachants ici car il y a beaucoup moins de personnages secondaires puisque notre couple est loin de chez eux. Dans le premier tome, René ramenait les informations pêchées au café ou lors de ses rencontres et Georgette faisait preuves de déductions. Ici, on est plus sur une enquête classique. Et si le procédé est différent les deux tomes sont vraiment prenants.

J’ai beaucoup aimé croiser du beau monde belge, après une rencontre avec Jacques Brel dans le premier tome, on fait la rencontre de Hergé dans celui-ci. Il me tarde de lire la suite te j’espère que de nombreux tomes verront le jour.

Nadine Monfils nous entraine dans son pays, nous le fait vivre grâce à ses personnages, son histoire, sa culture et sa gastronomie et je ne m’en lasse pas. Il faut dire que le récit est truffé d’humour, les dialogues sont vraiment très drôles et l’on savoure chaque page.



Extraits : 

— Rien de tel que l’iode pour se requinquer, avait décrété Georgette.
Chaque fois qu’ils allaient à la côte, ils séjournaient au même endroit, à l’hôtel de la Plage donnant sur la mer. C’était un hôtel chic mais familial et on s’y sentait comme chez soi. Georgette aimait beaucoup parce qu’on lui lançait du « madame Georgette » à tout bout de champ : « Tout va bien madame Georgette ? Besoin de rien madame Georgette ? », et que le personnel se souvenait de son prénom d’une année à l’autre. Elle faisait en quelque sorte partie de la famille ! René y retrouvait le tic-tac rassurant des pendules et le décor qui faisait penser aux salons de thé des vieilles ladies ou de Miss Marple. Tasses en porcelaine décorées de roses, buffet en bois foncé et fauteuils confortables recouverts de chintz. Ici, il était aussi à l’aise que dans ses pantoufles malgré le parfum de luxe que laissaient derrière elles les veuves argentées à la peau ridée par le soleil. Le personnel était aux petits soins pour la clientèle et voltigeait d’une table à l’autre, telles des mouches affairées soucieuses de satisfaire les moindres désirs et caprices de ces messieurs-dames. Le must est que leur chienne Jackie, qu’ils appelaient affectueusement Loulou, avait sa gamelle en faïence et quelques douceurs de bienvenue.
La chambre était dans le style du reste, avec une armoire flamande en chêne et un lit recouvert d’une parure fleurie assortie aux tentures. Chaque fois que René se trouvait dans un endroit où il se sentait bien, il avait coutume de dire : « On est ici comme dans un presbytère. »



Une fois leur valise déballée et les vêtements légers rangés dans l’armoire, les Magritte descendirent à la salle à manger, située dans une grande rotonde d’où on voyait la mer.
Au menu : croquettes de crevettes, bisque de homard et moules avec des frites, bien sûr ! Et pour accompagner ces délices des fonds marins, un petit chablis dont vous me direz des nouvelles.




- René, y a quelque chose de pas net, je le sens…
Au loin, la mer grondait comme si elle annonçait une tempête.




- […] Me dis pas que tu n’as pas une idée derrière la tête…
Georgette regarda son mari avec ses grands yeux bleus et lui adressa ce petit sourire énigmatique qu’il connaissait bien et qui lui annonçait que les vacances n’allaient pas de tout repos.




La mer c’est toujours magique. Ce sont les vagues violettes et leurs éclats d’émeraude qui déposent sur le sable nos souvenirs d’enfance. Des couleurs, des odeurs, le sel marin, le parfum sucré des beignets et celui des ballons en caoutchouc. Les halls des hôtels encombrés de malles. Les cris des enfants qui ont peur de l’eau et de ceux qui s’y éclatent en s’éclaboussant. Ou encore ces pêcheurs de crevettes avec leur filet… Les femmes en maillot, le regard attentifs des mères, les gosses qui creusent leurs rêves et font des châteaux de sable. Est-ce si différent lorsqu’on devient adultes ? Magritte se disait que les emmerdants, les gens creux, sont ceux qui ont oublié que tout ce que l’on construit n’a pas plus d’importance que les châteaux de sable de notre enfance. Tout est éphémère. Seul compte le plaisir de l’instant.





- Si tu veux mon avis, a l’heure qu’il est, cette journaliste est sur un yacht en compagnie d’un milliardaire.
- Tu vois trop de films, René !
- Vu le rastaquouère qu’elle a épousé, ça doit être le genre à suivre un vieux plein de pognon. Ces gens-là ne m’intéressent pas.
- Ah non ? Pourtant elle parle de ta fresque au casino…
Georgette lui tendit le magazine en pointant du doigt un passage ou la journaliste faisait son éloge, le qualifiant de « plus grand peintre belge, qui fait parler les images pour traduire la pensée, et qui utilise la peinture pour penser et non pour s’exprimer ». Elle terminait son article par « ne manquez pas d’aller admirer les œuvres de ce génie au Grand Casino de Knokke. »
- Finalement, je crois que tu as raison mon p’tit poulet, conclut Magritte en lui rendant sa revue. Cette dame mérite qu’on s’intéresse à ce qu’elle est devenue.
Georgette sourit, Même s’il s’en défendait, clamant qu’il n’aimait pas qu’on lui cire les pompes, René n’était pas insensible aux compliments. En plus venant d’une jolie femme, car sur la photo trouvée sur son défunt mari, Daisy ressemblait à une star de cinéma. Si elle n’avait pas disparu, Georgette en aurait été jalouse.

jeudi 7 octobre 2021

Sans passer par la case départ


 Résumé : 
Skurusundet, détroit huppé dans l'archipel de Stockholm, réveillon de la Saint-Sylvestre. Quatre jeunes sont réunis pour fêter la nouvelle année. Pour braver l'ennui, ils décident de jouer au Monopoly. Mais ils ne sont plus des enfants : il faut pimenter les règles et les enjeux. La partie d'action ou vérité dans laquelle ils se lancent les entraîne vers des révélations de plus en plus fracassantes et des mises en situation de plus en plus dangereuses, jusqu'au point de non-retour...


Mon avis : 


Avec Camilla Lackberg, je ne suis jamais déçue et une fois de plus, ce nouveau roman est à la hauteur de mes attentes.

On fait la rencontre de 4 adolescents qui sont réunis pour célébrer le Nouvel an. Ils sont issus de familles aisés, sont dans la villa des parents qui font la fête dans celle d’à côté. Ils boivent énormément et pour patienter jusqu’à minuit, décident de se lancer dans une partie de monopoly en modifiant les règles avec un jeu d’action ou vérité. Très vite, les langues se délient et l’on découvre que chaque jeune cache un sombre secret.

J’ai vraiment adoré ce roman ou la construction est vraiment habile. On sent la tension et le suspense monter progressivement. C’est un huis clos qui fait froid dans le dos. Encore une fois, l’écriture est crue, sans fioriture, c’est troublant et dérangeant au départ mais on s’y fait rapidement. Les pages se tourne très rapidement tant le roman est fascinant.

Nos quatre jeunes semblent froids, désagréables et superficiels au premier abord, issu de la jeunesse dorée, qui ont toujours été gâtés et qui ne connaissent rien a la vie. Mais au fil du roman, on se rend compte que derrière les portes closes, ils ont, en réalité, vécus des choses traumatisantes. Et c’est la toute l’habilité de l’auteure à nous faire changer de regard sur ces quatre personnages.

La fin du roman est étonnante, on ne s’y attend pas mais elle est vraiment réussie. Ce roman est court et je pense que certains lecteurs diront qu’il aurait pu être plus long mais je ne trouve pas. Il se suffit à lui-même et n’a pas besoin de plus de pages.

C’est un roman subversif, avec des personnages brisés qui reproduisent ce qu’on leur a inculqué. Excellent thriller psychologique qui pointe du doigt les travers de la société moderne en toile de fond : les écarts entre riches et pauvres, le problème de l’immigration en Suède, les réseaux sociaux ou l’on s’invente une vie.

Vivement le prochain roman de l’auteur !




Extraits : 

Le père de Max dirige une grande banque, sa mère est femme au foyer.
Quoique la notion de femme au foyer soit plutôt trompeuse. Car elle ne prend pas particulièrement soin de la maison, pas plus qu’elle ne s’occupait des enfants quand ils étaient petits. Ils ont des employés pour tout. Max est le plus jeune d’une fratrie de quatre et le seul à vivre encore sous le même toit que ses parents.


C’est ici, du côté chic de Skurusundet à l’extérieur du centre-ville, qu’elle a grandi. Elle avait quatre ans quand sa famille a quitté Örebro pour venir s’y installer. Les villas sont grandes, tournées vers l’étroit bras de mer. Les plus cossues ont un accès privé à la mer, bien sûr. Vues d’un bateau, les vastes baies vitrées font penser à des aquariums où des gens fortunés vivent leur vie. Liv sait de quoi elle parle : sa famille habite l’un de ces aquariums. Il n’y a plus que des taxis qui tournent encore, les SUV et les voitures de sport sont garés dans les allées des propriétés ou dans les garages. La plupart des maisons sont dans le noir. Les habitants de Skurusundet fêtent en général le réveillon du Nouvel An à l’étranger. À Chamonix, aux Seychelles, à St Anton ou aux Maldives. L’Instagram de Liv est un véritable tour du monde à cette période de l’année.




Secrets et mensonges sont étalés, déballés au grand jour. Des abîmes s’ouvrent. Parfois, celui qui raconte pleure, parfois ceux qui écoutent pleurent. Ils remplissent leurs verres et continuent leurs confessions.

mercredi 6 octobre 2021

Les folles enquêtes de Magritte et Georgette, tome 1 : Nom d'une pipe !


 Résumé : 

C'était au temps où Bruxelles bruxellait...
À l'arrêt du tram, le célèbre peintre René Magritte, chapeau boule, costume sombre et pipe au bec, a une vision étrange : une jeune femme en robe fleurie, debout à côté de son corps ! Il en parle à Georgette, son épouse, et immortalise la scène dans un tableau. Quelques jours plus tard, cette femme est retrouvée assassinée, avec une lettre d'amour parfumée dans son sac et un bouquet de lilas sous sa robe.

Mon avis :

Je découvre Nadine Monfils avec ce titre et je n’ai qu’un seul regret : ne pas avoir lu un de ses romans avant.

Nom d’une pipe est le premier tome d’une saga qui met en scène un couple emblématique : René et Georgette Magritte. Tous deux se plongent dans une enquête en se déclarant détectives. Si j’ai douté de leur capacité dans les premières pages, j’ai très vite été épatée par la suite. Georgette est incroyablement douée, dotée d’un esprit de déduction impressionnant, qui ferait pâlir Sherlock Holmes. René est attendrissant, vraiment malin et bluffant dans sa capacité à s’introduire chez les gens aux risques de découvrir de mauvaises surprises. C’est un couple incroyablement amoureux et tellement mignon.

Bonne surprise également coté enquête parce que pour un cosy murder, l’intrigue se révèle être bien plus profonde qu’elle n’y paraît au premier abord. Deux femmes sont assassinées et toutes deux avaient un admirateur secret qui leur envoyé des mots doux dans des enveloppes bleues. Qui se cache derrière ses meurtres ? Un mari ou amant jaloux ? L’intrigue se révèle un peu plus compliquée que cela et après quelques retours dans le passé, les pièces du puzzle viennent s’emboiter à merveille avec une fin de roman très prenante.

J’ai été transporté grâce à l’ambiance bruxelloise très agréable. Bruxelles et la Belgique en général est un pays que j’aime beaucoup. J’y ai retrouvé cette ambiance si chaleureuse, ses bistrots emblématiques, sa gastronomie délicieuse. Certains diront que l’on tombe dans certains clichés mais cela ne m’a pas dérangé du tout bien au contraire.

Je suis impressionnée par l’imagination débordante de l’auteure : mettre en scène un couple célèbre, se documenter sur leur vie et les faire revivre sous nos yeux ce n’est pas facile mais Nadine Monfils relève le défi avec brio. Son humour est très appréciable et j’ai très souvent sourit voire carrément ri lors de certains passages. Et puis, elle arrive même à nous faire vivre une scène incroyable avec Jacques Brel et sa rencontre fictive avec Magritte.

Un premier tome vraiment incroyable, qui annonce une série passionnante. Il me tarde de lire la suite.





Extraits : 


Jeanne, la gouvernante qui s’occupait de ses frères et lui a la mort de sa mère, leur avait expliqué que les pensées tricotent les choses. Que quand on a des idées noires, on les provoque dans la réalité. Elle avait du tellement souhaiter devenir la femme de leur père veuf qu’il avait fini par l’épouser ! Il faut dire qu’elle était belle et avait de l’allure avec ses chapeaux cloche, son grand manteau noir en poils de singe et ses hauts talons. Côté vertu, en revanche, elle n’avait pas le cul dans un bénitier…




Elle arborait un sourire mystérieux et ses collègues s’en étaient aperçus. Ils la charriaient par des « Oh, elle est amoureuse ! ». Madeleine restait silencieuse. Un secret, ça vous donne du charme et vous rend belle.




Comme disait une de ses collègues : « Vaut mieux épouser la sécurité. L’amour est un jeu de dupes dont personne ne sort gagnant. Et puisque, souvent, la plupart des hommes meurent avant leur épouse il te restera suffisamment de pognon pour mener la belle vie et aller rigoler sur la tombe de ton vieux crétin. »




Il était convaincu que l’art, le vrai, n’a besoin d’aucune explication. Il se suffit à lui-même. Ceux qui entourent une œuvre de mots comblent le vide qu’elle cache en cherchant à faire illusion. Seuls les esprits creux sont dupes.