Résumé :
La Maison de la Beauté est un luxueux institut de la Zona Rosa, l’un des quartiers animés de Bogotá, et Karen l’une de ses esthéticiennes les plus prisées. Mais son rôle dépasse largement l’art de la manucure et de la cire chaude. Ses clientes lui confient leurs secrets les plus intimes. Un petit massage avant l’épilation… et Karen apprend tout sur leurs implants mammaires, leurs week-ends à Miami, leurs divorces ou leurs amourettes. Un après-midi pluvieux, une adolescente entre dans le salon – en uniforme d’écolière et sentant très fort l’alcool : Sabrina doit être impeccable pour une occasion très particulière. Le lendemain elle est retrouvée morte. Karen est la dernière personne à l’avoir vue vivante. Qui Sabrina a-t-elle rejoint ce soir-là? Que se sont confié les deux jeunes femmes lors de ce dernier rendez-vous?
Mon avis :
Le salon de beauté est une belle surprise et si je me suis tournée vers ce roman c’est par nostalgie. Mon premier métier, de mes 18 a 22 ans, a été d’être esthéticienne. J’ai raccroché mon uniforme, il y a bien longtemps mais pourtant certains jours cela me manque. J’ai donc voulu y retrouver l’ambiance au fil de ces pages, et j’ai pu découvrir un excellent roman.
On fait la rencontre de trois femmes : Karen, esthéticienne, Claire, psychanalyste et cliente de Karen et Lucia, une amie de Claire. Autour d’elle, une sombre histoire de meurtre, une jeune adolescente qui est venue se faire épilée avant un rendez-vous avec son petit ami est retrouvée morte. Que s’est-il passé pour qu’elle perde la vie ?
Au-delà de l’enquête qui au final n’est présente qu’en arrière-plan, c’est toute la société colombienne qui nous est décrite et le constat n’est pas forcement très beau : corruption, violence, viol, drogue, meurtre… Bref, il n’est pas facile d’être une femme dans un pays comme celui-ci. En dehors de cette description de la société, on constate également que l’enquête est inexistante ou très bâclée sans le payement de pot-de-vin et sans argent donné aux bonnes personnes. C’est parfois tellement révoltant. Et la fin, le prouve. J’ai lu beaucoup de critiques où les lecteurs étaient déçus et pourtant, je l’ai trouvé fidèle à tout ce qui nous a été présenté au fil des pages. Est-ce que le roman aurait pu finir autrement, honnêtement je ne pense pas.
J’ai aimé le dépaysement et le voyage dans ce pays tellement fascinant. C’est une destination qui me fait rêver mais aussi extrêmement peur et après ma lecture, ce sentiment est encore plus présent. C’est dommage car il doit y avoir des choses tellement belles et une culture tellement riche à découvrir mais en même temps le pays semble terriblement dangereux.
Enfin, j’ai beaucoup apprécié nos trois héroïnes. Karen est peut-être la plus complexe, celle qui est la plus difficile à cerner par ses choix ou ses actions mais au final toutes ses décisions sont compréhensibles vu sa situation difficile. Claire est attachante et Lucia m’a fait beaucoup pitié par son attachement à un homme qui n’en valait vraiment pas la peine.
J’ai retrouvé avec plaisir l’univers de la beauté et des instituts : l’étroitesse des cabines et les confidences des clientes, l’ambiance parfois difficile entre les collègues féminines, les soins et les odeurs des produits. C’est une vraie réussite car tout est très bien décrit.
C’est en tout cas, une bonne découverte et j’espère que d’autres romans de l’auteure seront traduits dans le futur.
Extrait :
Comme la thérapeute ou le confesseur, l'esthéticienne doit faire vœu de silence.
Le fauteuil de soins tient du divan. Le corps de la femme y est sans
défense dans une posture de don de soi. Obéissant à l'injonction
"Détendez-vous, éteignez votre téléphone portable", elle entre en
cabine, prête à déconnecter un moment. Pendant quinze minutes, une
demi-heure, parfois plus, elle s'isole du monde, se connecte a son
propre corps, au silence, et souvent a une intimité qui l'encourage à
confier des choses qu'elle n'avoue a personne, pas même ses proches.
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