mardi 31 janvier 2023

L'énigmatique madame Dixon

Résumé : 
Jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour vivre la vie dont vous avez toujours rêvé ? C’est la question que pose ce thriller psychologique élégant et vicieusement divertissant.

Florence Darrow veut être écrivaine. Chose plus simple à dire qu’à faire, et Florence peine à trouver sa place dans le monde de l’édition new-yorkaise.
Quand on lui propose de devenir la nouvelle assistante de madame Dixon, l’autrice de Mississipi Foxtrot, le best-seller de l’année, elle saute sur l’occasion. Seul petit détail, Madame Dixon refuse toute publicité, Dixon est un pseudonyme et elle garde jalousement sa vraie identité. La collaboration se passe bien, Florence est avide d’apprendre les ficelles du métier. Mais le
rêve tourne au cauchemar quand Florence se réveille un matin dans un lit d’hôpital. Elle a apparemment survécu de peu à un accident de voiture dont elle n’a que très peu de souvenirs.
 

Mon avis : 
L’énigmatique madame Dixon est un roman passionnant. On fait la connaissance de Florence Darrow qui travaille dans une maison d’édition New-Yorkaise mais qui rêve de publie un roman. Elle a du mal à trouver sa place parmi les New-Yorkais, elle qui a grandi en Floride. Un jour, elle est contactée pour devenir l’assistante de la mystérieuse auteure Maud Dixon dont personne ne sait qui se cache derrière ce pseudonyme. "- C'est drôle, j'ai entendu un jour un psychologue faire remarquer que, quand un patient commence une phrase par "pour être franc", c'est le signe qu'il ment."

C’est un thriller incroyablement excitant et bien écrit. Le suspense et la noirceur du roman monte au fil des pages et on sent le drame inévitable. Dans les dix derniers chapitres, où l'histoire se renverse continuellement, amenant le lecteur à ne pas comprendre comment elle va se terminer. "Par essence, chaque secret recèle le pouvoir de détruire, elle en avait conscience."

C’est le portrait de deux femmes différentes, mais "affamées" par la vie dont elles ont toujours rêvé et prêtes à tout pour éliminer les obstacles devant elles. Ce qui les rend encore plus humaines ce sont leurs imperfections et surtout le fait qu’elles soient diaboliques.
Malgré tout, j’ai trouvé Florence extrêmement naïve, j’ai eu parfois l’impression qu’elle n’avait aucune idée des difficultés de la vie, qu’elle pensait arriver à New-York et publier directement un premier roman et connaitre le succès par exemple. Elle qui travaille dans l’édition c’est un peu improbable. "Il existait un monde au-delà du sien, Florence le savait, qui lui était totalement étranger. De temps à autre, l'un de ses habitants le prenait à pleines mains et le secouait, et il s'en détachait alors un petit morceau qu'elle voyait tomber à ses pieds. Elle collectionnait tous ces fragments comme un entomologiste rassemble des insectes rares à épingler dur une planche. Ils représentaient autant d'indices qui, un jour ou l'autre, mis bout à bout, lui révèleraient quelque chose de plus vaste. Elle ne savait pas encore quoi. Une personnalité à construire, peut-être. Ou une réponse. Ou encore, une vie." Peut-être que cela vient de son enfance et du fait que sa mère l’a toujours placé sur un piédestal ? Et tout cas, sa métamorphose de chenille a papillon est incroyable dans ce roman. 


Il me semble avoir lu que les droits de ce roman avaient été acheté et j’en suis ravie car tout au long de ma lecture je pensais que ce roman ferait un excellent film ou série à l’écran.

jeudi 26 janvier 2023

Le grand silence


Résumé : 
En 2002, une vague de scandales déferle sur l’Église catholique de Boston. Un à un, des prêtres respectés du diocèse sont accusés du pire des crimes, celui d’avoir abusé d’enfants qui leur étaient confiés. Éloignée depuis longtemps de sa famille par trop étouffante, Sheila McGann est restée néanmoins proche de son frère aîné, Art, curé dévoué et populaire d’une grande paroisse de banlieue. Lorsque Art se retrouve soupçonné à son tour de proximité coupable avec un jeune garçon, Sheila rentre à Boston afin de le soutenir. Leur autre frère Mike, ancien policier, est lui aussi bien déterminé à découvrir la vérité. Leurs enquêtes croisées révéleront les doutes et faiblesses de chacun, venus de leur passé, ancrés dans leur présent.

Mon avis : 
Comment réagiriez-vous si votre frère (prêtre) était accusé d'avoir agressé un jeune garçon ? Jennifer Haigh tente de répondre à cette question avec un magnifique roman qui fait écho au scandale au sein du diocèse de Boston, révélait par le Boston Globe aux débuts des années 2000.

C'est l'histoire touchante d'une sœur qui part à la recherche de la vérité et découvre que rien n'est tout noir ou blanc. Il faut dire que les McGann sont une famille avec une longue histoire de non-dits. Ils ont toujours gardé de douloureux secrets et ne se sont jamais posé les bonnes questions. Alors quand Art doit faire face à ce scandale, ils découvrent tous, trop tard, les conséquences de ce long silence.

C’est un livre magnifique qui fait réfléchir, l’auteurs s’emparent d’un sujet sensible et le traite avec beaucoup de tendresse et pudeur. Aucun sensationnalisme dans ces pages, aucun détail dérangeant, juste une très belle plume.

J’avais un peu peur du coté trop religieux, étant moins même athée mais le roman ne prend absolument aucun ton religieux. Naturellement, il y a des détails de catholicisme essentiels à l'intrigue, mais ils ne dominent pas. "La Bible nous offre quatre récits de la vie de Jésus, racontés par quatre auteurs différents : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Les Beatles de Dieu ont écrit dans des langues différentes, à des siècles différents." Il s'agit d'une véritable fiction contemporaine, englobant tous les éléments de la société moderne comme la sexualité, la drogue ou la vie de famille. "Abby était une excellente mère, en tous points meilleure que ne l’était maman. Elle rationnait le temps que les garçons passaient devant la télé, distribuait les vitamines, gardait la trace de leurs contrôles dentaire, les forçait à prendre des bains. Pourtant, Mike se demandait parfois : Abby éprouvait-elle du plaisir avec leurs enfants ? Est ce qu’être parent n’impliquait pas davantage que simplement faire tout comme il faut ?"

J’ai aimé en fin de compte en apprendre davantage sur la vie de prêtres. Pour moi, un prêtre célèbre la messe mais je ne m’imaginais pas tout le reste de sa charge. On se rend compte des très longues journées à entendre des confessions, à organiser des évènements caritatifs, a visiter des hôpitaux, des personnes âgées, des écoles mais aussi tout le poids administratifs pour lever des fonds par exemple. C’est aussi une vie d’une grande solitude, et j’ai aimé qu’Art éprouve des doutes car ça le fait vraiment devenir plus humain. "Amour, mariage, foyer, famille : reliez ces points et vous obtenez la forme approximative de la vie de la plupart des gens. Supprimez-les et vous perdez tout espoir d’établir des relations. Vous abandonnez votre place dans le monde."

Je ne connaissais pas Jennifer Haigh avant cette lecture mais j’ai maintenant vraiment envie de découvrir Ce qui gît dans ses entrailles et Mercy Street.




mardi 24 janvier 2023

Le plongeur


Résumé : 
Chris Papas, détective privé à Hambourg, de père grec et de mère allemande, reçoit la visite d'un homme très âgé qui lui offre une avance importante simplement pour suivre une femme durant quarante-huit heures. La filature commence au pied de l'immeuble de la dame, et se poursuit jusqu'à un hôtel minable où elle retrouve un jeune homme dans la chambre 107 tandis que Papas, installé dans la pièce mitoyenne, s'endort lamentablement.
Le lendemain, c'est la police qui sonne chez lui : un vieillard a été retrouvé pendu dans la fameuse chambre 107. Au fond de sa poche, la carte de visite du détective. Forcément suspect, Papas poursuit seul une enquête qui l'emmène bientôt dans un coin du Péloponnèse où se trouve son propre village natal. De l'Occupation à l'asphyxie économique imposée par l'Europe, les rapports entre la Grèce et l'Allemagne sont au coeur de ce polar qui rouvre des plaies suppurant depuis la Seconde Guerre mondiale.

Mon avis : 
Première déception de 2023 : Le plongeur.

Dès les premières pages, nous plongeons dans un roman noir sans savoir vraiment ce qui nous attends. Tout comme Chris Papa, le personnage principal. Un jour, un homme âgé se présente à son bureau et lui propose 1000 euros pour garder une femme pendant 48 heures. Puis il disparaît. Ainsi commence la chasse depuis Hambourg et la chambre 107 d'un humble hôtel. De là et en suivant quelques indices, il se retrouve à Aigion en Grèce. Mais soudain le roman prend une tout autre direction en remontant dans le temps et nous voilà durant la Seconde Guerre Mondiale.

Premièrement : La passivité du détective. Certes il se qualifie lui-même de mauvais détective (ouf au moins il en a conscience) mais sa seule action dans toutes les pages du roman, c’est de s’endormir dans la chambre d’hôtel voisine d’Eva. Le reste du temps, il ne fait que discuter, suivre d’autres personnages….

Deuxièmement : le roman est truffé de situations complètement farfelues et qui n’ont aucun sens. Notre héros décide par exemple de conduire une parfaite inconnue jusqu’à Athènes à 3h du matin. J’ai vérifié sur une carte c’est un trajet de plus de deux heures, personnellement j’ai du mal à le concevoir mais peut-être les Grecs sont plus gentils que moi.

Troisièmement : Le roman est confus. Par exemple, page 51, Chris rencontre un pécheur qui la page suivante devient soudain Dimitris sans aucune présentation ou dialogue.

Pour conclure : c’est un roman avec un détective qui n’enquête pas, avec une succession d’idées qui ont traversé l'esprit de l'auteur sans connexion évidente, des coïncidences sans fin et une scène dégoûtante à la fin. Bref, c’est un roman à fuir absolument.



Extraits : 
Mardi 18 janvier. En cette saison, une filature dans les rues de Hambourg a autant d’attrait qu’une réunion de nudistes au pôle Nord. J’enfile tout ce qui me tombe sous la main et j’ajoute encore un pull-over.
Dans le métro, je repense à l’affaire. Presque tous les maris trompés et les amants jaloux demandent la même surveillance étroite. Leur soif de preuves photographiques ou sonores demeure inextinguible, bien qu’ils sachent parfaitement qu’elles ne feront que les blesser davantage. La nature humaine recèlerait-elle quelque chose de résolument masochiste ? Ou bien le désir d’acquérir une certitude, si torturante soit-elle, est-il plus fort que le réflexe d’éviter la douleur ?




Des dessins animés traversent l’écran de la télévision qui scintille, allumée depuis la veille. Le bruit de la sonnette me réveille une deuxième fois à dix heures vingt du matin.
Un homme se tient immobile sur le seuil et me regarde.
— Monsieur Chris Papas ?
— Lui-même.
— Pardon de vous avoir réveillé.
— Non, je…
Je ne parviens pas à finir ma phrase. Si j’avais du talent pour les excuses,
je serais devenu avocat plutôt que détective.





Georg Weber travaille à Friedrichstadt, une petite ville à cent cinquante kilomètres de Hambourg. Son ventre impressionnant résulte de sa faiblesse pour la bière et les saucisses. Son extraordinaire collection d’oiseaux chanteurs résulte de sa solitude de célibataire. Son accès aux archives centrales de la police résulte de son poste d’inspecteur dans la police municipale.

lundi 23 janvier 2023

Our missing hearts

 

Résumé : 
Twelve-year-old Bird Gardner lives a quiet existence with his loving but broken father, a former linguist who now shelves books in Harvard University’s library. Bird knows to not ask too many questions, stand out too much, or stray too far. For a decade, their lives have been governed by laws written to preserve “American culture” in the wake of years of economic instability and violence. To keep the peace and restore prosperity, the authorities are now allowed to relocate children of dissidents, especially those of Asian origin, and libraries have been forced to remove books seen as unpatriotic—including the work of Bird’s mother, Margaret, a Chinese American poet who left the family when he was nine years old.

Bird has grown up disavowing his mother and her poems; he doesn’t know her work or what happened to her, and he knows he shouldn’t wonder. But when he receives a mysterious letter containing only a cryptic drawing, he is drawn into a quest to find her. His journey will take him back to the many folktales she poured into his head as a child, through the ranks of an underground network of librarians, into the lives of the children who have been taken, and finally to New York City, where a new act of defiance may be the beginning of much-needed change.

Our Missing Hearts is an old story made new, of the ways supposedly civilized communities can ignore the most searing injustice. It’s a story about the power—and limitations—of art to create change, the lessons and legacies we pass on to our children, and how any of us can survive a broken world with our hearts intact.

Mon avis : 
J’avais beaucoup aimé « little fires everywhere » et quand mon club de lecture a proposé ce nouveau roman de Celeste Ng, je me suis précipitée dessus. A la lecture du résumé, j’ai, tout de suite, pensé à La Servante écarlate. Je n’ai pas lu ce roman mais vu quelques épisodes de la série, que j’ai dû arrêter de regarder à cause de la violence et du malaise que j’éprouvais. Autant dire que j’ai commencé « Our missing hearts » avec une petite appréhension tout de même.

La première partie du roman est un peu longue, avec beaucoup de descriptions. L’auteure plante le décor, nous décrit en détails cette nouvelle société américaine ou des lois ont été mise en place pour préserver la culture américaine et rejeter les autres cultures notamment la culture chinoise. Les dissidents disparaissent, les enfants sont retirés de leur famille pour être envoyé dans des camps et être rééduqués, les professeurs leur font subir un véritable lavage de cerveau.

Ce roman fait énormément réfléchir sur ce que l’on transmet à nos enfants. En temps que parent, on souhaite leur faire découvrir le plus possible de choses pour que leur esprit s’éveille alors qu’avec ce roman c’est tout l’inverse. Ils vivent reclus sur eux même. C’est vraiment terrifiant.

Quand l’action se met en place en milieu de première partie, le roman devient additif et il est impossible de le lâcher. J’ai vraiment adoré la seconde partie ou Margaret nous fait le récit du changement de la société, de toutes les lois qui sont venues s’ajouter. Je me suis vraiment sentie proche d’elle et j’ai eu le cœur brisé quand elle a raconté sa fuite pour protéger son fils.

La troisième partie et la fin sont très difficiles, j’espérais une fin heureuse et je suis déçue par ce dénouement. Cependant, j’ai beaucoup aimé les notes de l’auteure ou elle explique la naissance de ce roman, ou elle a puisé l’inspiration.

C’est une lecture dont on ne sort pas indemne, un roman puissant et triste mais qui fait énormément réfléchir sur les dérives de la société.


Extraits : 
How to explain this to someone who has never seen it ? How to explain fear to someone who has never been afraid?
Imagine, Margaret wants to tell him. Imagine if everything you think is solid turns out to be smoke. Imagine that all the rules no longer apply.



There is a monastery behind its high sandstone wall, as impenetrable and imperturbable as ever. Monks live there, she’d told him, and when he’d asked what’s a monk, she’d answered: a person who wants to escape the world.




“PACT protects innocent children from being indoctrinated with false, subversive, un-American ideas by unfit and unpatriotic parents. He taps the paper.”

vendredi 20 janvier 2023

Cuisine tatare et descendance


Résumé : 
Avec virtuosité et panache, Rosalinda nous fait partager sa façon d'affronter la misère matérielle et spirituelle de son pays l'URSS des années 1980, marqué par les pénuries et la corruption. Lorsque sa fille Sulfia tombe enceinte mais ignore de qui, Rosalinda remue ciel et terre pour empêcher l'arrivée d'une nouvelle bouche à nourrir. En vain. Une petite fille est née. Contre toute attente, Rosalinda se transforme en grand- mère fervente et donne aussitôt à la petite le nom de son aïeule tatare, Aminat.
Rien ne résiste à la jeune grand-mère désireuse d'améliorer le sort des siens. De ruse en subterfuge, elle fait subir d'insolites épreuves à sa petite famille, qu'à cela ne tienne, elle ne veut que leur bien ! Jusqu'au jour où Aminat grandit et cesse d'être dupe. Cuisine tatare et descendance est une chronique tumultueuse de plusieurs décennies en compagnie de trois femmes inoubliables.
Alina Bronsky, elle- même d'origine russe, donne la parole à des héroïnes de l'ombre et nous invite, en passant, dans les coulisses des destins qui mènent à l'émigration.

Mon avis : 
Cuisine tatare et descendance nous entraine sur trente ans dans la vie de Rosalinda. Le livre commence en ex-URSS, a la fin des années 1970, ou sa fille de 17 ans est enceinte. La survie dans un pays en proie au manque de nourriture, a la corruption n’est pas facile mais Rosalinda a plus d’un tour dans son sac.

En effet, c’est une femme a la poigne de fer, une reine de la débrouille mais aussi une femme tyrannique. Elle est fascinante en tant que personnage de roman et on prend plaisir à lire ses aventures mais on est drôlement heureux de ne pas avoir une femme comme ça dans son entourage.

J’ai adoré le ton qu’Alina Bronsky donne à son roman et je lui tire mon chapeau d’avoir mis autant de légèrement en abordant des thèmes si durs. Je suis conquise par ce premier roman que j’ai lu en 24h tant j’avais envie de connaitre le destin des trois femmes de la famille. Celui-ci me donne envie de lire d’autres romans de l’auteure mais aussi d’en découvrir plus sur la cuisine tatare.


Extraits :
“On m’a dit que vous collectiez des recettes”, ai-je dit dans l’espoir qu’il s’arrête ainsi de manger. J’avais déjà des haut-le-cœur. Pour Sulfia, c’était plus facile : en tant qu’infirmière, elle était habituée à pire.
Enfin, Dieter a fait glisser sa gorgée de vin au fond de son gosier.
“Tout à fait, tout à fait, a-t-il répondu de sa petite voix fluette.
— Et que comptez-vous en faire ?”
Il a saisi un coin de la serviette posée sur ses genoux et s’est tamponné les lèvres pour en essuyer le gras.
“J’écris un livre, a-t-il déclaré.
— Et sur quoi, puis-je vous demander ?
— Sur les recettes, les recettes de cuisine, a dit Dieter. Les recettes anciennes, traditionnelles.
— Et ces recettes, qui devra vous les cuisiner ? Votre femme ? ai-je demandé sans y croire.
— Je suis quelqu’un qui n’est pas marié avec une femme, a répondu
Dieter dans son drôle de russe.
— Votre mère, alors ?
— Dieu m’en garde.”
Je commençais à avoir mal à la tête. Dieter a souri d’une oreille à l’autre.
“C’est moi qui cuisine, a-t-il dit. Oui, moi, moi.
— Oh”, ai-je fait. Face à moi se tenait un vrai crétin venu de loin – comme si nous n’en avions pas suffisamment ici.




Je portais toujours des talons hauts. Sulfia n’en portait jamais. Ce dimanche-là, elle avait aux pieds une paire de croquenots qui tenaient à la fois des pantoufles et des tennis. Et c’était mon gendre, nous a-t-elle expliqué, qui lui avait rapporté ces chaussures des États-Unis. Des États-Unis ! Est-ce qu’on portait vraiment des horreurs pareilles, là-bas, ou est-ce que c’était ce qu’il avait trouvé de moins cher ? Si mon mari m’avait offert des chaussures aussi laides, je lui aurais interdit pendant plusieurs semaines l’accès au lit conjugal.

jeudi 19 janvier 2023

Petites histoires pour futurs et ex-divorcés

Résumé : 
On a toujours mille et une raisons de divorcer et de le regretter ! Ces Petites histoires croquent avec délices les travers de chacun, la difficulté d'avoir envie des mêmes choses au-delà de cinq ans de vie commune, l'exigence d'exister aussi comme individu. Quelques portraits au vitriol : homme ou femme, divorcés, enfin seuls ! enfin libres ! mais libres de quoi, déjà ? Car la vie est cruelle : une fois seul(e), pourquoi faut-il que ce qui nous agaçait le plus nous manque soudain ? Comme si le divorce était le meilleur moyen de se retrouver à gérer l'emploi du temps de 8 personnes une semaine sur deux...
C'est caustique et gouleyant, c'est Katarina Mazetti.
 
Mon avis : 
C’est toujours avec plaisir que je retrouve l’écriture de Katarina Mazetti et comme j’adore les nouvelles j’étais impatiente de découvrir ce recueil.

Certaines histoires semblent profondes, d'autres plus banales, presque légères et tout cela m’a donné un sentiment mitigé. Toutes les nouvelles ne se valent pas malheureusement. Il y en a des très bonnes : « Au diable Downton Abbey » ou encore « Je vous souhaite un joyeux divorce » qui m’ont fait vraiment beaucoup rire.

C’est un portrait pas toujours flatteur de la vie de couple ou infidélité, mensonge et routine prennent place dans le quotidien de ses couples. J’ai eu le sentiment que ce recueil avait beaucoup de potentiel mais on reste sur notre faim. Certaines nouvelles auraient pu être mieux travaillé, peut-être être un peu plus longues pour nous permettre de mieux nous imprégner de toutes ses histoires.

Je crois que je préfère Katarina Mazetti, auteur de romans plutôt que de nouvelles, car j’aime beaucoup son style mais l’exercice d’écriture d’une nouvelle est difficile et je n’ai pas été entièrement convaincue ici.



Extraits :
Le mariage n'est qu'une histoire de gestion de patrimoines, répliqua-t-elle. Moi, je préfère vivre comme un animal, eux ne s'achètent pas de meubles de salle à manger, ils ne contractent pas d'emprunts immobiliers en commun seulement parce que l'envie leur prend de s'accoupler.



Le boulot a bouffé une bonne partie de votre temps pendant toute votre vie d'adulte, debout chaque foutu matin qu'il fasse soleil ou qu'il pleuve, pour se coltiner des projets absurdes qui foirent ou qui aboutissent, peu importe. Puis un jour on vous gratifie d'un horrible vase design et d'un discours.

mercredi 18 janvier 2023

La diablesse dans son miroir


Résumé : 
Au début des années 90 à San Salvador, Olga María Trabanino est froidement assassinée d'une balle dans la tête. Qui peut donc avoir voulu la mort de cette jeune femme apparemment sans histoires ? Au fil de l'enquête, sa meilleure amie, Laura, découvre incrédule tout ce qu'elle lui avait caché : son passé, ses fréquentations, ses vices... Le portrait qui se dessine alors est celui de la bourgeoisie tout entière, qui abrite ses turpitudes et sa corruption sous le masque impavide de la respectabilité. Le jour où l'assassin s'évade de prison, elle voit le piège se refermer sur elle. Avec cette intrigue menée d'une plume haletante, l'auteur du Dégoût poursuit sa radiographie au vitriol de la société salvadorienne, gangrenée par les luttes politiques et le trafic de drogue.

Mon avis : 
La Diablesse dans son miroir est un court roman très original puisque c’est un long monologue. Laura nous raconte l’assassinat de sa meilleure amie, Olga-Maria, et se lance dans l’enquête. Mais nous sommes à San Salvador dans les années 1990 et la plupart des crimes reste impuni et la corruption est partout.

On entrevoit dans le récit de Laura : l’instabilité politique, les cartels de drogues et la faillite des banques. C’est un roman inclassable qui mêle avec finesse un peu de crime, un peu d'érotisme, beaucoup de commérages, un peu de politique et un peu de psychologie.

Le bavardage incessant de Laura et ses ragots sont souvent très drôles mais il y a des moments, ou l’on a l’impression de devenir fou. On voudrait lui dire de se calmer, de faire une pause, sans pouvoir pour autant arrêter de lire. Et c’est un incroyable exercice de style livré par un auteur masculin.

Enfin destinataire du monologue n'est jamais révélé avant les dernières lignes même si avec le titre du roman en dévoile un peu trop. La fin est une vraie réussite, elle clôture le récit à merveille.



Extraits : 
Ma belle, il faisait une de ces chaleurs dans cette église ! Je ne sais pas ce qui leur a pris d’organiser les funérailles si tôt. On devrait climatiser les églises ! Ne crois pas que ce soit la première fois que j’y pense : je t’assure que si les curés y mettaient l’air conditionné, on irait plus souvent à la messe. Quand j’ai dit ça à ma mère, elle a fait une telle tête qu’on aurait dit que j’avais blasphémé. Heureusement qu’on est déjà dans la voiture et que je l’avais garée à l’ombre. À un moment donné, je transpirais tellement que je sentais mon maquillage commencer à fondre. Et quel bavard, ce curé, ma belle !


Quel cauchemar ! Tout à la fois : la perte de l’argent d’Olga María, l’arrestation d’Alberto, la maladie de doña Olga, l’évasion de Robocop. J’ai l’impression d’être dans un film. Et l’assassin qui s’est mis en tête de me filer. Il faut que je boive une tasse de tilleul pour calmer mes nerfs.


Regarde celle-là en minijupe, on dirait qu’elle vend de la cellulite. Les gens n’ont plus aucun sens du ridicule, ma belle ; la règle, c’est le laisser-aller.


Un soir, j’y suis venue avec Olga María. On a commandé une bouteille de vin blanc français et une assiette de fromages et de viandes froides. Exquis. On n’a pas arrêté de parler. Je crois que c’est la dernière fois qu’on a autant bavardé. Elle était superbe, minijupe noire, bottes montantes. Elle était impressionnante ; je ne l’avais jamais vue aussi coquette. On a d’abord visité l’endroit ; de ce côté, après le comptoir, il y a des magazines et des journaux étrangers, au cas où tu serais seule et aurais envie de lire. Puis on a choisi cette table. Olga María était un peu triste, après sa déception avec El Yuca et à cause de ses problèmes de couple avec Marito, mais après les premiers verres, elle est devenue pétillante, joyeuse, extrêmement sympathique. Ce qu’il y a de plus agréable ici, ce sont les serveurs, étudiants à l’université, de beaux garçons qui te mettent l’eau à la bouche. On dit que Mirna les choisit pour que les femmes deviennent accros de l’endroit. Des mauvaises langues, ma belle : quoique moi, si j’étais à la place de Mirna, qui sait si je résisterais à la tentation de les essayer ? Celui qui passe est celui qui nous avait servies quand je suis venue ici avec elle. Joli comme un cœur, n’est-ce pas ? Je crois qu’il s’appelle Rodolfo. Tu aurais vu Olga María ce soir-là ! Elle n’a pas arrêté de jacasser avec ce Rodolfo. Chaque fois qu’il passait près de nous, elle l’appelait et se mettait à lui poser des questions. Le pauvre gosse en était tout retourné. Olga María ne plaisantait pas quand elle avait le béguin pour quelqu’un.

mardi 17 janvier 2023

Dans son silence

Résumé : 
Alice, jeune peintre britannique en vogue, vit dans une superbe maison près de Londres avec Gabriel, photographe de mode. Quand elle est retrouvée chez elle, hagarde et recouverte de sang devant son mari défiguré par des coups de couteau fatals, la presse s’enflamme. Aussitôt arrêtée,Alice ne prononce plus jamais le moindre mot, même au tribunal. Elle est jugée mentalement irresponsable et envoyée dans une clinique psychiatrique.
Six ans plus tard, le docteur Theo Faber, ambitieux psychiatre, n’a qu’une obsession : parvenir à faire reparler Alice. Quand une place se libère dans la clinique où elle est internée, il réussit à s’y faire embaucher, et entame avec elle une série de face-à-face glaçants dans l’espoir de lui extirper un mot. Et alors qu’il commence à perdre espoir, Alice s’anime soudain. Mais sa réaction est tout sauf ce à quoi il s’attendait…

Mon avis : 
J’avais beaucoup aimé les Muses et encore une fois, je suis conquise par cet excellent thriller psychologique.

On fait la connaissance de Theo, un psychothérapeute qui se fait embaucher dans un hôpital psychiatrique ou séjourne Alicia, une célèbre peintre internée après avoir tué son mari. Celle-ci s’est murée dans le silence depuis des années. Theo souhaite l’aider et découvrir la vérité.


Le livre contient quelques défauts dont le plus gros est sans doute que le fonctionnement de l’hôpital n’est pas crédible. Les patients dealent des médicaments, les traitements sont revus a la hausse ou a la baisse sans réelle concertation de l’équipe médicale, la salle d’art contient des objets dangereux comme les pinceaux….

Pourtant malgré cela, le livre est un véritable « page turner ». L’auteur nous plonge dans une intrigue passionnante au point que j’ai dévoré ce livre en moins de vingt-quatre heures.

J'aurais aimé en savoir plus sur Alicia, que son silence soit mieux expliqué. Y’a-t-il eu une véritable enquête ? Theo rencontre l’entourage d’Alicia mais absolument aucun policier ayant enquêté a l’époque. Son jugement ne peut qu’être biaisé par ce manque d’objectivité ?

J'ai aimé l'entrelacement de l'histoire personnelle du psychologue et de son travail avec Alicia. D’autant que Theo n’a rien du psy qu’on s’imagine et traine pas mal de casseroles. Enfance malheureuse dont il n’a pas fait le deuil, addiction au cannabis, fuite des responsabilités dans son couple….

Concernant la fin, je ne m'y attendais pas, j'avais fait d'autres hypothèses et je dois dire que le retournement de situation est vraiment réussi.

vendredi 13 janvier 2023

Idol

Résumé : 
'Follow your heart and speak your truth.'
For Samantha Miller's young fans - her 'girls' - she's everything they want to be. She's an oracle, telling them how to live their lives, how to be happy, how to find and honour their 'truth'.
And her career is booming: she's just hit three million followers, her new book Chaste has gone straight to the top of the bestseller lists and she's appearing at sell-out events.
Determined to speak her truth and bare all to her adoring fans, she's written an essay about her sexual awakening as a teenager, with her female best friend, Lisa. She's never told a soul but now she's telling the world. The essay goes viral.
But then - years since they last spoke - Lisa gets in touch to say that she doesn't remember it that way at all. Her memory of that night is far darker. It's Sam's word against Lisa's - so who gets to tell the story? Whose 'truth' is really a lie?
'You put yourself on that pedestal, Samantha. You only have yourself to blame.'
Riveting, compulsive and bold, IDOL interrogates our relationship with our heroes and explores the world of online influencers, asking how well we can ever really know those whose carefully curated profiles we follow online. And it asks us to consider how two memories of the same event can differ, and how effortlessly we choose which stories to believe.

Mon avis : 
Idol est le premier roman de Louise O’Neill que j’ai l’occasion de lire et je dois dire que je suis conquise. Dès les premières pages, j’ai été happé et impossible de lâcher le roman une fois commencé.

On fait la connaissance de Samantha, une star des réseaux sociaux, qui publie son 4eme livre, enchaine les interviews et règne sur sa petite communauté avec une main de fer. Elle frôle les 3 millions de followers, et sa popularité ne cesse de grimper. Mais quand une rumeur qui dit qu’elle aurait violée sa meilleure amie le soir de ses 18 ans, se répand, sa vie change et tout son entourage lui tourne le dos. Elle est prête a tout pour laver son honneur. Mais qui dit la vérité ? Lisa est-elle vraiment victime ou il s’agit d’un complot qui vise à faire tomber Samantha de son piédestal ?

Je dois dire que le roman est terriblement addictif, les pages se tournent très vite et l’on a hâte de connaitre la fin. Le roman est habillement construit et les chapitres alternent entre présent et passé jusqu’à cette fatale soirée. J’ai aimé le parallèle entre les fêtes d’anniversaire : les 18 ans et les 40 ans de Lisa, voir ce que tous les protagonistes étaient devenus et l’on se rend vite compte que ce n’est pas forcément Sam qui a le mieux réussi dans la vie.

J’ai aimé Lisa et je l’ai trouvé attachante, je ne sais pas quoi penser de Josh ou encore de Becky, je pense qu’ils auraient pu être plus présent pour que l’on se fasse une meilleure opinion d’eux. Samantha est un personnage qui nous fait passer par tous les sentiments, parfois attachante, parfois détestable sans compter les fois ou elle m’a vraiment fait rouler des yeux à se faire passer pour une victime constamment.

La fin est incroyable et j’ai adoré le retournement de situation incroyable proposée par l’auteure, je ne l’avais pas vu venir du tout.



Extrait : 
‘Look at what that boy has done to you. Look at what you’ve allowed him to do.’ She pulled Sam’s shoulders back, forcing her to stand taller. ‘You can’t give a man the power to make you cry. That’s what they want and if you’re weak enough to give it to them, they won’t respect you. There’s always one person who loves the other a little more in a relationship.’ Carolyn caught her daughter’s eye in the mirror. ‘Make sure it’s never you.’

vendredi 6 janvier 2023

L'ami du défunt


Résumé : 
Un jeune traducteur au chômage, que sa femme a quitté, noie son chagrin en compagnie d'un ami d'enfance. Le désespoir et l'alcool aidant, c'est sa propre mort que le mari malheureux décide de programmer, en engageant un tueur professionnel. Lorsqu'il reprend goût à la vie et change d'avis, il est trop tard : le tueur à gages est déjà à ses trousses... Mais, à Kiev, les solutions extrêmes peuvent prendre des détours inattendus !
Comme dans Le Pingouin, Andreï Kourkov, usant d'une écriture à la fois désabusée, comique et pleine de suspense, place ses personnages dans des situations férocement drôles.

Mon avis : 
Le livre dont je vais vous parler aujourd'hui est un petit bijou qui vaut le détour. Tolia est un jeune homme d’une trentaine d’année, que sa femme trompe et est sur le point de le quitter, sans emploi, sombre peu a peu dans la dépression. Sa vie n’a plus de sens et il décide d’en finir mais il n’a pas le courage de se suicider. Il contacte donc un tueur à gage pour effectuer le travail à sa place. Mais quand il retrouve le gout de vivre, il est trop tard, le tueur est à ses trousses.

C’est une lecture d’un soir, le roman fait un peu plus de cent pages, c’est l'histoire d'un homme brisé qui prend soudainement une tout autre tournure. En Bonus, on découvre la vie à Kiev, fraîchement libérée du joug soviétique, quand les dollars, les tueurs à gages et les conspirations étaient à l'ordre du jour. A grand coup de vodka, avec des airs de variété russe en bruit de fond, on dévore ce roman.

L’auteur nous projette dans un univers gris, froid et absurde, ou les rebondissements s’enchaine jusqu’à la dernière page. J’ai adoré la fin complètement inattendue, mais dans la lignée du reste du roman. Une belle découverte.



Extrait : 
Je cherchais une issue à l'impasse de mon existence. Mais je la cherchais surtout dans mon imagination. Et voilà que l'issue apparaissait clairement, qui permettrait de sortir non seulement de ma situation mais de la vie tout court. J'avais trop d'amour-propre pour faire un bon suicidé, mais le rôle de victime m'irait comme un gant.

jeudi 5 janvier 2023

Borderline


Résumé : 
Un soir d'automne, Vincent rentre chez lui après quelques bières au pub avec des potes. Perchée sur les hauteurs, sa maison n'est accessible que par une route sinueuse. Dans le dernier virage, il avise une voiture renversée, dont le moteur tourne encore. I1 se gare, sort de son pick-up et se précipite vers l'épave. Il n'y a personne dans la voiture, mais il perçoit du mouvement au bord de la route.
C'est alors qu'il la voit, accroupie, le talus plongeant à pic derrière elle. Elle se balance légèrement et chantonne. Quand elle lève la tête, ses longs cheveux s'écartent, découvrant le bébé mort qu'elle tient dans les bras. Il les ramène chez lui en attendant l'arrivée des secours. La jeune femme est hospitalisée en état de choc. Quelques jours plus tard, il la retrouve, pieds nus, tremblante, perdue, dans son jardin.
Il la recueille et prend soin d'elle, sous le regard de sa fille adolescente. A mesure qu'il s'attache à elle, Vincent comprend que son traumatisme est plus ancien que la mort de l'enfant. Ce qu'il ignore, c'est que le père du bébé est sur le point de retrouver la trace de celle qui avait décidé de le fuir à tout jamais... Emouvant roman noir, Borderline ressemble à une ballade de Springsteen : déchirante et douce, sombre comme un ciel plein d'étoiles.

Mon avis : 
Premier roman de l’année 2023 et premier coup de cœur, cette année s’annonce vraiment bien en termes de lecture.

Borderline, nous emmène au cœur de l’Australie, dans une vallée isolée du nord de la Nouvelle-Galles du Sud. Vinnie rentre chez lui après une soirée arrosée au pub et trouve une voiture accidentée près de chez lui. Sur le bord de la route, une jeune fille avec un nouveau-né mort dans ses bras. Il décide de l’aider mais la connait-il vraiment ?

C’est une histoire captivante qui expose les différents aspects des relations et comment les rencontres fortuites peuvent modifier considérablement le cours d'une vie.

Je me suis vraiment attachée aux personnages de ce roman : la gentillesse de Vincent, la confusion de Gemma et le chagrin de Rachel sont profondément touchants car on oscille entre espoir et désespoir.

La violence, la compassion, l'amour, la responsabilité familiale et les abus s'entremêlent pour créer des relations ambiguës compliquées par le chagrin, la jalousie et la solitude.

L'histoire est racontée en alternance entre le père et la fille. J’ai trouvé qu’il y avait de très beaux moments de complicité entre Gemma et son père.

Mais en arrière-plan la violence masculine imprègne également le livre. Vincent, bien que compatissant et doté de principes, est prompt à la colère, tout comme les autres hommes du roman.

La fin est rapide, inattendue, très noire mais est-ce que cela pouvait finir différemment ?


Extraits : 
Je me suis demandé qui pourrait abandonner un chaton, surtout à côté d’une route où il avait des chances de se faire écraser, mais après j’ai repensé à papa qui m’avait raconté que son père avait l’habitude de leur briser le cou à la naissance. À l’époque c’était normal. Personne faisait châtrer les chats. Juste ils leur tordaient le cou comme si de rien n’était, comme s’ils étaient même pas des êtres vivants. Ça m’a paru bizarre que des hommes qui aiment leurs femmes et leurs enfants puissent briser le cou d’un chaton sans aucun remords. Papa a dit que c’est pas bien de laisser grandir tous les chatons, parce qu’après ils deviennent des chats sauvages, mais j’ai bien vu que lui non plus aimait pas trop l’idée de leur briser le cou.
Les gens veulent toujours faire passer leurs saloperies pour des actes nobles, comme si tordre le cou d’un chaton était un devoir responsable. Mais il suffit de regarder un bébé chat une minute pour comprendre que c’est faux.

mardi 3 janvier 2023

La villa aux étoffes

 

Résumé : 

Dans l'Allemagne de 1913, dans l'apparat d'une somptueuse maison bourgeoise, maîtres et domestiques se croisent et se côtoient, partageant joies, drames, secrets et amours interdites.

La jeune orpheline Marie occupe le poste de femme de ménage dans l'imposante résidence de la famille industrielle Melzer. Alors que Marie cherche sa place parmi les domestiques, l’agitation règne lors de la saison du bal hivernal : Katharina, la belle et plus jeune fille des Melzers, doit être introduite en société. Seul Paul, l'héritier de la famille, se tient à l'écart et préfère sa vie étudiante à Munich - jusqu'à ce qu'il rencontre Marie...

Tandis que la guerre approche, petite et grande histoire se mêlent, palpitantes, pour nous plonger au coeur d'une saga inoubliable.

Mon avis : 

J’ai longtemps repoussé la lecture de La villa aux étoffes de peur d’être déçue. En effet, j’ai souvent entendu que ce roman était comparé a Downton Abbey, la barre était donc très haute. Et puis avec le froid, l’hiver et ses journées très courtes, j’ai eu envie de lire une romance, de me plonger dans ce domaine allemand avec ses aristocrates et ses domestiques. Je regrette de ne pas l’avoir lu plus tôt, car dès les premières lignes j’ai été captivé au point de commander immédiatement la suite que je devrais lire très vite en janvier.

On fait la connaissance d’une multitude de personnages : Marie, jeune fille qui arrive en tant que fille de cuisine au sein de cette grande maison. Elle fait la connaissance des autres domestiques qui lui mènent la vie dure mais aussi des maitres de la maison. Elle n’a pas eu une enfance facile et a grandit dans un orphelinat. Elle est déterminée à connaitre la vérité sur ses parents et l’on n’est pas au bout de nos surprises dans ce premier tome. On s’attache aux différents personnages Paul, dont je suis tombée amoureuse, Kitty pour son insouciance mais on adore en détester d’autres comme Elizabeth ou encore Maria.

J’ai aimé le dépaysement et me retrouver du coté allemand pour une fois, ou l’on sent un ressentiment pour les Français suite à la dernière guerre de 1870. L’arrivée de la Première Guerre Mondiale ne va sans doute pas arranger les choses et il me tarde de lire la suite.