Résumé :
Un roman riche et puissant sur le poids de la mémoire. Une enquête passionnante qui mêle le personnel et l'historique.
Marjolijn, trente ans, a toujours pensé nommer son premier fils Frans,
en hommage à son grand-oncle - comme elle l'avait promis, plus jeune, à
sa grand-mère. Mais de ce légendaire " cousin à la bombe " qui aurait
fait exploser l'immeuble d'un collaborateur en 1946 à Amsterdam et dont
elle porte depuis des années la chevalière, elle ne sait rien.
Sa grossesse lui fait soudain considérer cette promesse sous un jour
nouveau et elle se lance dans une quête qui a désormais quelque chose
d'urgent et d'indispensable. Qui était vraiment l'oncle Frans ?
Peu à peu, le héros décoré par le général Montgomery et organisateur
d'une série d'actions spectaculaires se révèle sous un jour plus sombre
et la mythologie familiale si étincelante se délite.
Mon avis :
Je suis bien embêtée au moment d’écrire ma critique sur ce roman, terminé il y a déjà quelques jours, car je suis incapable de dire si j’ai aimé ou non. J’ai trouvé l’intrigue intéressante mais je n’ai pas réussi à m’attacher à l’héroïne ce qui m’a empêché de bien apprécier ce livre.
Marjolijn a fait une promesse à sa grand-mère, appeler son fils Frans comme l’oncle, héros de la famille qui a commis un attentat contre des collaborateurs à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Une promesse qui aujourd’hui prend toute sa grandeur car notre héroïne est enceinte de son premier enfant. Mais qui est vraiment cet oncle Frans ? Elle va mener l’enquête sur le passé familiale.
Comme je le disais plus haut, impossible de m’attacher à Marjolijn. J’ai pourtant récemment eu deux enfants qui ont aujourd’hui 19 et 6 mois, je n’ai absolument pas réussi à m’identifier à elle, a revivre mes grossesses grâce à elle. Je ne sais pas si c’est les hormones, mais je l’ai trouvé extrêmement détachée de sa grossesse, s’obsédant dans son enquête sur Frans aux risques et périls de sa santé et de son bébé.
L’histoire de Frans est intéressante et j’ai aimé en apprendre d’avantage sur lui, mettre un visage humain avec des défauts sur le héros de départ. J’ai aimé découvrir tout le travail de recherche, d’abord avec les membres de la famille puis aux archives, sur le net. Tout ce travail de fourmi est passionnant et donne envie de faire des recherches sur sa propre famille.
J’ai aimé le voyage au Pays-Bas, quand on pense à ce pays, c’est nécessairement à Amsterdam, parfois Rotterdam mais on n’imagine rarement plus. Hors ici, j’ai adoré visiter d’autres parties du pays moins touristiques, de sortir des sentiers battus. C’est aussi intéressant de vivre et découvrir la Seconde Guerre mondiale, la résistance, la collaboration ou encore l’occupation allemande d’un autre œil que celui des français et on remarque beaucoup de similitudes avec notre histoire nationale.
C’est un cours roman qui se lit vite, j’ai aimé la plume de Marjolijn Van Heemstra même si j’ai encore un petit bémol à apporter. J’ai été dérangé par les personnages secondaires dont on ne cite jamais les prénoms et qui sont simplement cités par une simple lettre : D. ou encore A. Je trouve dommage de réduire des personnages de cette façon car ça contribue à la difficulté a vraiment rentrer dans l’histoire. En tout cas, ce roman a éveillé ma curiosité et j’espère que l’auteure en écrira d’autres que je m’empresserai de lire pour me faire une autre opinion.
Pour finir, j’ajouterai que j’adore la couverture de l’édition 10/18 que je trouve pleine de mystères et qui m’a donné envie de lire ce roman.
Extraits :
Je pense au cartographe qui a dessiné la carte de l’Antarctique. A-t-on déterminé pour lui la quantité de blanc qu’il devait y mettre ? Y a-t-il eu concertation à propos de l’opportunité ou non d’inscrire sur la carte l’une ou l’autre superficie encore non découverte ? Comment représente-t-on L’inconnu ? Tout commence par l’échelle, évidemment. Un sur autant. Telle est la première question du cartographe : quelle échelle utiliser ?
J’ai toujours pensé que la grossesse rapprochait l’homme et la femme. Ce cliché est omniprésent : sur les sites de naissance, dans les journaux féminins, dans les brochures qu’on trouve chez la sage-femme, et sur la cheminée des jeunes parents, on voit une photo montrant le futur père, derrière sa compagne, qui pose tendrement les mains sur son gros ventre. Cette image est censée illustrer le lien qui unit les deux futurs parents. Maintenant seulement j’en comprends la vraie signification : l’homme se cache, et il s’accroche à ce gros ballon de chair parce que lui-même a les mains vides. Hormis les moments où il peut partager un tout petit bout de l’expérience de la grossesse – à l’échographie, aux premiers mouvements du bébé visibles sous la peau –, il n’a aucune prise sur ce qui se passe. La grossesse tout entière instaure un processus de distanciation à vitesse grand V. Un des deux membres du couple prend des allures de baleine, devient d’une faiblesse affligeante, se met à pleurer pour un oui ou un non, se dédouble, doit constamment faire face à un scénario de science-fiction, devant assumer la présence en son sein d’un étranger qui grandit en elle. Et l’autre, pendant ce temps-là, eh bien, l’autre demeure pareil à lui-même.
Cela a quelque chose d'absurde pour moi de retrouver sur de simples courriers de la mairie des dates que j'associe à la guerre et aux camps de concentration. En octobre 1944 aussi, les gens payaient des taxes et des amendes pour excès de vitesse. J'ai toujours envisagé l'occupation des Pays-Bas comme une période d'anarchie et de chaos. de paralysie des institutions. Or, en novembre 1941, Frans souscrit une assurance vie pour 71,30 florins. La boîte contient vingt-huit amendes pour excès de vitesse. Sur les autoroutes d'avant guerre, la vitesse autorisée était manifestement de soixante kilomètres heure ; Frans faisait régulièrement du quatre-vingts. Durant l’Occupation, il ne commet plus d’excès de vitesse, mais il reçoit sept procès-verbaux pour stationnement interdit et un autre pour conduite a contresens.
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