Résumé :
"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici". En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.
Mon avis :
J'ai découvert Édouard Louis lors de son passage dans l'émission de télévision, la grande librairie et pousser par la curiosité, j'ai immédiatement commandé son livre. Il faut dire que l'auteur est a peine plus jeune que moi et surtout que l'on est originaire de la même région et du même département. Et oui moi aussi je suis Picarde ! (Bon je ne m'en vante pas souvent car quand on parle de la Picardie c'est souvent en mal, et après avoir lu ce livre vous n'aurez pas forcément envie d'aller y passer vos vacances)
J'ai donc dévoré ce livre en a peine deux jours et comme la plupart des lecteurs, j'en ressors profondément touchée et émue. Je réalise a qu'elle point j'ai eu de la chance de naître dans un petit village tout près d'Amiens, la ville pleine de noirs et d'arabes pour reprendre la phrase du papa d’Édouard Louis. La chance d'avoir eu des parents cultivés et aimant a l'opposé de ceux décrient dans le livre. La violence que nous présente l'auteur, je n'en ai jamais été victime, comme je le dis plus haut, je vivais dans un village ou tout le monde se connaissait. On allés a l'école de la maternelle jusqu'en troisième tous ensemble, toujours dans la même classe et donc on voyait toujours les mêmes têtes. Et puis ensuite, est venue l'heure d'aller au lycée, a Amiens et puis j'ai quitte mon village pour aller vivre en ville.
Cette violence, cette précarité, elle fait partie du quotidien et je ne l'a voyait pas vraiment mais depuis que j'ai quitté la France pour l'Irlande c'est toujours un choc énorme de revenir en Picardie. Je me pose très souvent la question suis-je devenue snob? Après avoir lu "En finir avec Eddy Bellegueule", j'ai enfin ma réponse : non, je suis simplement passée de l'autre coté, du coté des bourges comme le disent si bien les parents de l'auteur.
Je me rends compte de tous les préjugés que peuvent avoir la population picardes ; aujourd'hui je suis la fille bizarre, qui est partie vivre en Irlande (oui les picards sont loin d'être de grands voyageurs et ne quittent que très rarement leur régions), j'ai 26 ans et toujours pas d'enfants (chose très rare car généralement les filles les font très jeunes), j'ai envie d'évoluer dans ma carrière (le mot carrière n'existe pas en Picardie), je voyage, je visite des musées, je vais voir des expositions et chose incompréhensible pour les Picards : je lis beaucoup. Vous allez me dire que je suis tout a fait normal mais ce n'est pas le cas pour la plupart des gens que je côtoie dans ma région natale.
Autre exemple de cette précarité, le mère de mon fiancé est professeur d'anglais dans un lycée d'une petit ville rurale. Quand elle demande a ses élèves d'étudier, elle n'obtient que des réponses comme : "a quoi ça sert d’étudier, m'dame, après le lycée on fera comme nos parents, on sera au chômage" et bien sur pour eux, ils ne voit aucun problème a rester toute une vie sans travailler. Les filles n'aspirent qu'a être femme au foyer et a élever une ribambelle d'enfant.....
Je vais m'arrêtais ici avec mes exemples et mon expérience mais tout ça pour vous dire que je me suis beaucoup retrouvée dans ce récit. Dans l'émission, la grande librairie, Édouard Louis disait que son manuscrit avait été refusait par certaines maisons d'édition car elles pensaient que tout été exagère et bien non, la vie en Picardie est vraiment comme cela, malheureusement. J'ai envie de dire que j'espère que ce livre fera changer les mentalités et les préjugés sur les différences (l'homosexualité notamment) mais je doute sincèrement que les populations rurales picardes ou d'autres régions liront ce livre.....
Ce récit autobiographique est en tout cas très poignant, très dur, mais relativement bien écrit. L'auteur quand il quitte la campagne pour aller au lycée a Amiens, semble renaître et j'espère que ce livre aura été comme un libération. Comme une page que l'on essaie de tourner pour se reconstruire, pour prendre un nouvel envol.
C'est tout ce que l'on peut souhaiter a Édouard Louis et puis je vais être égoïste mais j'espère qu'il poursuivra dans l'écriture car ce premier roman est une réussite et je lirai avec plaisir les suivants.
Je vois que ce roman t'a vraiment touché puisqu'il t'a fait parler de ta vie personnelle assez similaire à celle d'Eddy. Moi aussi je viens d'un milieu rural où faire des études est exceptionnel, où les filles se trouvent rapidement un copain pour se faire entretenir et avoir des enfants, où secret story est l'émission culte... Je pense que ce roman me touchera autant que toi. Merci pour ton article plein de vérités.
RépondreSupprimer