Résumé :
En 1953, José Saramago remit un roman manuscrit à une célèbre maison d’édition de Lisbonne qui ne lui répondit pas et ne lui renvoya jamais son texte.
En 1989, lors d'un déménagement, cette même maison d'édition retrouva le manuscrit et proposa à l'auteur de le publier. Saramago refusa et s’opposa à toute édition de son vivant.
La Lucarne nous parvient donc avec soixante ans de retard. On y raconte la vie des habitants d’un immeuble dans une petite ville portugaise.
Des couples qui se haïssent, une femme entretenue, une jeune fille ambitieuse qui devient sa rivale, quatre couturières amoureuses de Beethoven et de Diderot, un cordonnier philosophe et son locataire, alter ego de l’auteur.
Ce roman, profondément subversif pour le Portugal du milieu du XXe siècle, traite de situations apparemment anodines mais aussi profondes qu’universelles.
Dans l'immeuble où Saramago a fait entrer le monde, les lecteurs retrouveront les personnages de ses romans futurs et l'univers littéraire qui a marqué toute son œuvre.
Mon avis :
Tout d'abord, je remercie chaleureusement Livraddict pour leurs partenariats ainsi que les éditions points pour l'envoi de ce roman qui m'a permis de découvrir José Saramago. Je le connaissais de nom bien sur (prix nobel de littérature en 1998) mais je n'avais pas encore lu un de ses écrits. C'est donc une très bonne découverte. L'auteur est aussi connu pour ses écrits au mise en page particulière, pour ne pas dire inexistante. J'ai souvent entendu dire qu'il n'utilisait pas de ponctuations, pas de majuscules, pas retour a la ligne. C'est donc avec soulagement que j'ai constaté que La lucarne déroge a la règle puis que la mise en page ici est classique. Choix de l'auteur ou de la maison d’édition, je ne sais pas en tout case, ça a été un soulagement pour moi.
Autant vous le dire de suite, il y a peu d'actions et pourtant on ne s'ennuie pas un instant. On suit plusieurs familles qui on en commun de vivre dans le même immeuble. Leur quotidien fait de rire, de larmes, de rancunes, de tristesse.... Bien sur on n'échappe pas aux potins et aux ragots, forcement les gens aiment parler.
Concernant l'intrigue :
Commençons par le deuxième étage gauche, derrière cette porte c'est l'appartement de Lydia, une femme qui n'est pas beaucoup apprécié au sein de l'immeuble, pour la simple raison qu'elle se fait entretenir par un homme riche.
A l'étage en dessous, vit un couple avec leur fille qu'il surprotège : "Anselmo avait découvert que, dans les grands moments "ma fille" valait mieux que toute autre expression. Cela faisait sérieux, cela suggérait l'affection paternelle, l'orgueil de la paternité, avec une pointe de respect" . Grâce a Lydia, elle se trouve un travail de dactylo. C'est l'homme qui entretient Lydia qui l'embauche et très vite une jalousie envahit Lydia. La jeune fille est jolie et beaucoup plus jeune.
Deuxième étage droit, c'est ici une vieille femme qui vit avec sa soeur et ses deux filles. Ces deux dernières tiennent, je pense, une rôle plus importante que la mère et la tante. L'une est amoureuse de son patron, un amour pas réciproque, tandis que l'autre adore la lecture. Elle sont prisent dans leur routine : "Puis ce fut l'heure du dîner. Quatre femmes autour de la table. Les plats fumants, la nappe blanche, le cérémonial du repas. En deça -ou peut-être par-delà- les bruits inquisitorial du passé qui nous contemple et le silence ironique de l'avenir qui nous attend." Jusqu'au jour ou l'une des jeunes filles découvre La religieuse de Diderot.
Première étage porte de droite, c'est un couple, qui se déteste mais qui s'attire. Ils ont perdu une petite fille, la femme est diabétique, et surtout a un caractère tyrannique, elle veut maintenir une certaine autorité sur son mari. Lui, a une attirance sexuelle pour sa femme qui augmente au fur et a mesure que sa femme s'éloigne de lui. C'est un couple assez étrange, que l'on a envie d'aider mais le peut-on vraiment ? Ils se déchirent mais en même temps, je n'ai pas eu l'impression qu'ils se haïssaient vraiment.
Enfin rez-de-chaussée droit, c'est un couple qui se déchire, ou plutôt qui a dut mal a vivre ensemble. Elle est espagnole et a le mal du pays, tandis que lui rêve de liberté et se sent emprisonner dans ce mariage. Elle est très caricaturale, dans le rôle de l'espagnole, qui maîtrise mal le portugais qui râle, qui crie sans cesse. Lui est plutôt terne et j'ai vite eu l'impression, qu'il est spectateur de sa propre vie, IL ne sais pas vraiment ce qu'il veut, tout ce qu'il sait c'est qu'il n'est pas heureux.
De l'autre coté, c'est un couple : "dans la cuisine mari et femme entamèrent le dialogue monotone de ceux qui sont mariés depuis plus de vingt ans. Des banalités, des paroles prononcées pour le simple plaisir de dire quelque chose, un simple prélude au sommeil tranquille de l'âge mûr", lui est cordonnier et pour arrondir un peu leur fin de mois, il décide de prendre un locataire.
C'est la que repose l'intrigue puisque le livre s'ouvre sur l'arrivée du locataire et se termine par son départ. Je pense que le locataire en question et ce vieux couple sont les personnages que j'ai le moins aimé. Le cordonnier et le locataire, on en effet l'habitude de discuter de la vie, de leur souvenir et d'échanger leurs opinions sur plusieurs pages et cela m'a un peu ennuyé a la longue. Par contre, le vieux couple et forcement un peu touchant.
Résumer comme cela, le roman parait simple mais Saramago décrit a merveille, ses personnages sont complexes et surtout on se prend au jeu. Ce jeu de voyeur, d'observation. On rit, on pleurs, on s'énerve face a ses personnages, mais au final, on referme le livre avec une certaine nostalgie de devoir les quitter. On a suivit leur vie pendant un petit laps de temps, on s'habitue a eux, on partage leur quotidien et forcement on regrette de les laisser partir.
Un jolie découverte qui me donne envie de sortir les autres Saramago qui attendent dans ma PAL notamment La lucidité ou L'aveuglement. L’écriture de l'auteur m'a plu, elle est soignée, recherchée, pleine de style (bon en même temps, ce n'est pas pour rien qu'il a obtenu le prix nobel).
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