Résumé :
A 14 ans, Sofia vient de perdre sa mère. Seule, elle prend le train pour
Moron, en banlieue de Buenos Aires, où vit son père, Lucas, qui
jusqu'alors ignorait son existence. Coup de tonnerre pour cet homme qui
découvre qu'il a une fille, orpheline ! Et la jeune ado va littéralement
bouleverser le train-train pantouflard de Lucas, écrivain introverti
ayant développé une tendance exacerbée à la passivité.
La cohabitation promet d'être rythmée et ce n'est pas toujours du goût
de Fabiana, sa femme. Propulsé père du jour au lendemain, il s'attelle à
construire le bonheur de Sofia et l'aide à se réapproprier un
quotidien, loin des tracas qui étaient autrefois les siens. Très vite
père et fille tissent une complicité éclatante et attendrissante qui
accompagnera le bouleversement de leur existence. Toutefois une question
reste en suspens : quel est donc le mystère qui entoure la mort de la
mère de Sofia ? Le bonheur, c'était ça met en scène l'émouvante
rencontre de deux âmes solitaires qui ensemble parviendront à se frayer
un chemin vers le bonheur.
Grâce à ses dialogues percutants et saupoudrés de notes felliniennes,
une galerie de personnages irrésistibles et parfois décalés, Eduardo
Sacheri ménage le suspens, nous émeut et immanquablement, fait mouche !
Mon avis :
Il y a longtemps qu’un roman ne m’a pas autant touchée et émue. Le bonheur, c'était ça est juste un magnifique coup de cœur, qui n’est, sans doute, pas assez connu.
Je connaissais Eduardo Sacheri pour avoir lu Dans ses yeux, et je suis très contente d’avoir retrouvé sa plume ici. On fait la connaissance de Sofia, quatorze ans, qui débarque dans la banlieue de Buenos Aires, pour y rencontrer son père. Sa mère vient de mourir et Sofia se retrouve seule avec juste une adresse et deux photos de ce fameux père qu’elle ne connait pas. Lucas, quand à lui, se retrouve a endosser le rôle de père du jour au lendemain.
J’ai adoré Sofia et Lucas, il forme un splendide duo. Tous les deux, un peu paumés, ils vont se serrer les coudes et s’apporter du bonheur mutuellement. Sofia est un ado tellement attendrissante, tellement loin des clichés d’ado en pleine crise, elle est une jeune fille adorable. Lucas, lui, subit sa vie depuis trop longtemps. Il a des rêves qu’il n’arrive pas à réaliser, trop heureux de toujours chercher à satisfaire son épouse exigeante. Sofia, va l’aider à aller au bout de ses envies.
J’ai, enfin, beaucoup aimé le dépaysement qu’offre ce roman : un voyage en Argentine, dans la banlieue de Buenos Aires, mais aussi dans la petite station balnéaire où Sofia a grandi. J’ai aimé vivre au fil des saisons inversées de l’hémisphère sud ou découvrir le système scolaire argentin.
Extraits :
Soudain un homme apparaît. Il ne sort pas de l'ascenseur : il se
contente de passer la tête, sans quitter la cabine. Sofia suppose qu'il
veut vérifier qu'il y a bien quelqu'un en train de l'attendre. Que ce
n'est pas un mauvais tour comme cette blague qu'ils font l'été à Villa
Gesell. En voyant Sofia, il sort enfin de l'ascenseur, s'approche de la
porte d’entrée et l'ouvre.
«Oui ?
- Tu es Lucas ? demande-t-elle.
- Oui.
- Je suis... Je m'appelle Sofia.»
Elle s’arrête. Elle a peur que le type referme la porte et s'en aille en
quatrième vitesse. Mais si elle ne dit rien, elle court le même risque.
Mieux vaut se décider.
«Je suis là parce que... c'est ma mère qui m'a donné ton adresse. Ma
mère s'appelait Laura Kruppswickz. Elle t'a connu à Villa Gesell.»
Il fronce les sourcils comme pour fouiller dans ses souvenirs, mais on
dirait qu'il a trouvé parce qu'il fait oui de la tête. OK. C'est
maintenant ou jamais.
«Ben voilà : apparemment, tu es mon père.»
S’il y a une chose que Sofía ne supporte pas, c’est qu’on ait pitié
d’elle. Ce petit regard qu’ont les gens quand ils pensent « la pauvre,
avec ce qui lui est arrivé... », elle le déteste. Elle les déteste. Ça
lui donne envie de leur dire, leur crier: «Mais pourquoi tu regardes pas
ailleurs? Si je te fais pitié, t’as qu’à penser à autre chose!» Mais
elle ne le dit pas. Elle se tait, ou change de sujet, ou leur pose une
question pour les détourner de cette compassion qu’elle refuse, qui ne
l’aide pas, dont elle ne sait que faire.
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