Résumé :
En 2008, le corps sans vie de Catherine Burgod est découvert dans le
relais communal de la poste de Montréal-la-Cluse (dans l’Ain),
sauvagement poignardé. En janvier 2009, un voisin, Gérald Thomassin, est
placé en garde à vue puis relâché faute de preuves. Thomassin est un
marginal. C’est aussi un jeune acteur, récompensé d’un César en 1991
pour son rôle dans Le petit criminel de Jacques Doillon. En 2013, il est
à nouveau interpellé, mis en examen puis incarcéré. Faute de preuves,
il est remis en liberté en 2015 après deux ans de détention préventive.
Mais voici qu’un rebondissement imprévu remet tout en cause : un nouveau
suspect fait son apparition, trahi par son ADN. La date du procès
d’assises approche. Et le 29 août
2019, Gérald Thomassin disparaît...
Florence Aubenas se rend sur place à plusieurs reprises. Interrogeant
inlassablement les habitants du village, décortiquant les PV établis par
les gendarmes, confrontant les témoignages des uns et des autres. Elle
vient de terminer une première version de ses investigations lorsque la découverte du suspect n° 2
l’oblige à tout reprendre depuis le début. Jusqu’au coup de théâtre final, qui change à nouveau la perspective.
Le résultat est saisissant : c’est le portrait d’une France dite rurale
où, sous la banalité apparente, se cachent des drames, des secrets
inavoués. Mais c’est aussi l’histoire d’une enquête, avec ses
accélérations soudaines, ses fausses pistes, ses révélations. Et le
récit d’une étrange amitié brutalement interrompue.
Mon avis :
J’ai acheté ce roman avec mon crédit audible mensuel, sans grande conviction, et un peu par dépit ne trouvant rien d’autre dans les nouveautés. Et quelle surprise ! C’est un vrai coup de cœur et je l’ai dévoré en trois jours à peine.
Florence Aubenas, en excellente journaliste, retrace un fait-divers : l’assassinat de Catherine Burgod, dans son petit bureau de poste rural, tuée de 28 coups de couteau. Très vite, les soupçons pèsent sur Gérald Thomassin, acteur montant du cinéma dans les années 1990, porté disparu depuis deux ans.
Sans jamais prendre parti, elle retrace le crime, puis l’enquête policière. C’est ensuite au lecteur, tel un membre d’un jury populaire lors d’un procès d’assise de se faire son intime conviction.
On découvre une partie de la France rurale et montagnarde, dépendant du secteur du plastique et de ses usines, une France meurtrie, qui se réfugie dans l’alcool et la drogue qui transite à la frontière avec la Suisse. On rencontre des individus tombés trop tôt dans l’alcool, la drogue et la petite délinquance, des enfants de la DDASS, victime de viols et de maltraitances qui tentent tant bien que mal de se faire une place en tant qu’adulte. C’est un récit extrêmement touchant dont on ne sort pas indemne.
La version audio, lue par Fabienne Loriaux, accentue l’effet d’une longue confidence, d’une quête de la vérité remplie de fausses pistes, d’erreurs judiciaires et d’incohérences. On ressort révolté par la lenteur de la procédure, par les faux témoignages et l’identité du meurtrier toujours non dévoilé. Il y a forcément quelqu’un quelque part qui sait quelque chose et qui se tait. Qui se tait sur le meurtre de Catherine Burgod bien sûr. Mais aussi, je suis toujours sidérée que de nos jours, avec tous les téléphones portables, ordinateurs, vidéos de surveillance, un individu peut se volatiliser sans aucune trace…
C’est donc une affaire bien complexe, dont on se saura sans doute jamais la vérité qui nous est raconté à merveille par Florence Aubenas. Un récit qui lui a pris six longues années à écrire et que je vous conseille vraiment si vous ne l’avez pas encore lu.
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