Résumé :
Comment vivre dans un monde où il n’existe plus ?
Finn, sculpteur, et Bridget, biologiste, tous deux originaires de
Tasmanie, viennent de s’installer avec leurs deux enfants en Australie
avec l’espoir de sauver leur couple, mis à mal par des infidélités.
Étrangers sur cette terre baignée de soleil, ils tentent tant bien que
mal de recoller les morceaux et de prendre leurs marques, tant dans leur
vie privée que professionnelle. Jarrah, leur fils de 15 ans, peine lui
aussi à s’adapter à sa nouvelle vie. C’est alors que la tragédie les
touche de plein fouet : Toby, le petit dernier, si longtemps attendu et
adoré de tous, échappe un matin à la surveillance de sa mère et se noie
dans la piscine familiale.
Avec la douleur arrivent les premières questions, brutales : Que
s’est-il vraiment passé et quelqu’un doit-il être tenu responsable de la
mort de l’enfant ? Face au désespoir et à la culpabilité de son épouse,
Finn, déterminé à protéger sa famille, décide d’endosser ce fardeau et
prétend être à l’origine du drame. Jarrah, lui, perd à jamais son
innocence et bascule dans l’âge adulte de la façon la plus violente qui
soit… Mais la descente aux enfers ne s’arrête pas là : des accusations
de négligence se font bientôt entendre et les Brennans deviennent la
proie des médias…
Mon avis :
Quelques secondes d’inattention est le premier roman traduit en français de la regrettée Jesse Blackadder. J’ai eu un vrai coup de cœur pour ce livre et encore plus quand on lit les remerciements à la fin et que l’on découvre que l’auteure s’est inspirée de sa propre histoire, la perte de sa petite sœur de deux ans noyée dans la piscine familiale tandis que Jesse Blackadder n’avait que douze ans.
On fait la connaissance d’une famille ordinaire qui a quitté la Tasmanie pour s’installer en Australie. Finn, le père est sculpteur et père au foyer tandis que Bridget est biologiste et étudie les koalas. Ils ont deux enfants, Jarrah quinze ans et Toby, deux ans et demi. Il semble heureux, jusqu’au jour où le drame survient : Toby se noie dans la piscine. Quelques secondes d’inattention porte bien son titre, soixante secondes en anglais fait encore plus froid dans le dos puisque c’est le temps qu’il faut pour qu’un enfant meure noyé. On suit alors les trois personnages à la suite de l’accident, leur façon de gérer leur deuil avec en toile de fond l’enquête policière pour déterminer la négligence.
C’est un roman prenant, du début à la fin. Les chapitres sont très courts, le changement de narrateur entre les trois personnages est habillement construit et le roman se dévore. J’ai beaucoup aimé Finn que j’ai trouvé admirablement courageux, Jarrah qui en pleine adolescence doit gérer la perte de son frère est vraiment touchant. Il se cherche au fil des pages et je l’ai trouvé sacrement fort. Par contre, j’ai eu beaucoup plus de mal avec Bridget. Je peux comprendre sa colère face au drame, mais je n’ai pas compris ses réactions. Je l’ai trouvé très absente, jamais autour de son fils Jarrah, dont la solitude est tellement saisissante.
Quelques secondes
d’inattention est vraiment remarquable et j’espère que d’autres romans de
l’auteure seront traduits. Le dépaysement est garanti : la chaleur tropicale de la Nouvelle-Galles du sud, les saisons inversées et l’été qui bat son plein entre décembre et février notamment. Les descriptions font rêver même si la nature n'est pas toujours tendre, je pense surtout au serpents et grosses bêtes qui peuplent l'Australie et ses forets. En tout cas, ça offre une belle toile de fond et donne un aperçu d'une terre si lointaine (au propre comme au figuré) de la France.
Citations préférées :
"Sydney. Vacarme, chaleur, béton, métal. Le flot de la circulation.
La clameur des Klaxon. Les portes qui claquent. Une agression, bien
appréciée, en réalité. N’importe quoi plutôt que le silence
terrifiant qui régnait chez lui, seulement interrompu par le bruit
hideux de la pompe de la piscine quand elle se mettait en marche ou à
l’arrêt. La radio lui cria au visage. Edmund l’éteignit d’un coup
sec, mais Finn avait eu le temps d’entendre son nom.
— C’était quoi ?"
"Finn avale sa première part de pizza en deux bouchées et te souris la bouche pleine. Un véritable ours des cavernes, un forgeron tout droit sorti d’un village médiéval, avec ses larges épaules et son gros ventre. Tout en lui respire la force."
"Regarder la télé, c’était comme manger des bonbons. Au début, on pense qu’on ne s’en lassera jamais, et puis au bout d’un moment, ça rend malade."
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