mercredi 14 juillet 2021

Sémi

Résumé : 

Après plus de quarante ans de mariage, Tetsuo et Fujiko se sont installés en maison de retraite car Fujiko, atteinte de la maladie d'Alzheimer, requiert une prise en charge particulière. Un matin, au réveil, elle ne reconnaît plus son époux. D'abord en grand désarroi, Tetsuo entreprend finalement de reconquérir celle qui le prend désormais pour un étranger auquel elle se trouve simplement fiancée.
 

Mon avis : 

Encore une fois conquise par la plume Aki Shimazaki mais ce n’est pas une surprise puisque j’ai adoré tous ses romans jusqu’à maintenant.

Sémi nous entraîne dans le quotidien d’un couple qui vit dans une maison de retraite. La dame est atteinte d’alzheimer et ses souvenirs s’effritent un peu plus chaque jour. Un matin, elle croît qu’elle et son époux sont encore fiancés et sur le point de se marier. Le mari décide de jouer le jeu pour ne pas la contrarier. Mais, il va vite découvrir que, malgré les années à ses côtés, son épouse a bien des secrets pour lui.

L’intrigue est vraiment bien construite et même les secrets bien enfouis refont toujours surface dans les romans d’Aki Shimazaki. J’ai adoré ce couple, surtout le personnage masculin qui est extrêmement touchant auprès de son épouse. Ce n’est pas facile de voir les gens que l’on aime sombrer dans la maladie mais il fait preuve d’énormément de dévotion. J’ai aimé la révélation et les conséquences sur sa personne, ses doutes, ses questions qui l’ont rendu encore plus humain à mes yeux. D’autant que lui nous avoue aussi ses faiblesses et ses erreurs passées. En tout cas, le sujet « connaissons nous vraiment les gens avec qui nous partageons notre vie » est vraiment très bien traité ici.

L’écriture est belle, poétique et le récit encore une fois très bien documenté. Je dois dire que je n’y connaissais absolument pas en cigale et je suis impressionnée par les connaissances de l’auteure en la matière. J’aime toujours autant son style et il me tarde de lire son prochain roman.




Extraits : 

Ma femme me demande :
- Vivre, qu’est-ce que c’est pour vous ?
Son expression est grave. Un instant, j’oublie qu’elle est atteinte d’alzheimer.
- Fujiko-san, c’est une grande question philosophique. Trop vaste pour y répondre en quelques mots. Qu’en pensez-vous ?
- Pour moi, c’est aimer et être aimé. Si nous nous marions, je veux que nous nous aimions toute la vie.


J’ai travaillé pour la compagnie M. jusqu’à soixante-cinq ans, soit quarante-trois années après la fin de mes études d’ingénieur. C’était l’époque des emplois a vie et on ne changeait pas facilement de compagnie. J’ai certainement eu des périodes difficiles, surtout quand mes supérieurs étaient incompétents ou désagréables. Malgré tout, je m’en suis tiré et suis devenu directeur d’un service. J’ai obtenu une bonne prime de départ et une pension raisonnable pour nous deux. Grâce à ça, à présent, nous n’avons pas de soucis financiers.
Bien sur que la vie de Fujiko n’était pas facile non plus : s’occuper de nos trois enfants tout en cohabitant avec ses beaux-parents. Au besoin, elle travaillait à temps partiel. Elle a pris soin de mes parents jusqu’à leur dernier soupir. Je lui suis toujours reconnaissant de son dévouement.


Quelle journée… Je soupire
Au réveil, ma femme a été choquée de me trouver dans « sa » chambre. L’infirmière l’a convaincu que j’étais son fiancé. Mais Fujiko a insisté pour que nous dormions séparés jusqu’à notre mariage, puis des paravents ont été placés entre nos lits. Au mini-concert, Fujiko n’a pas réagi à la prestation de notre petite-fille, ni aux natsuméro. Pourtant, elle a pleuré au nocturne de Chopin joué par nos voisins. Et ce soir, en regardant Rei Miwa a la télé, elle a soutenu qu’elle devait lui rendre trois cent mille yens.
Je réfléchis en promenant mon regard sur les paravents blancs. Si ce qu’elle raconte est vrai, quelle relation a-t-elle eue avec Rei Miwa ? Pourquoi lui a-t-il donné cet argent ? Quand et où cela s’est-il passé ? Aurait-elle été son amante ? Ce n’est pas possible… Mon esprit s’agite de plus en plus.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire