Résumé :
Qui est Diego de la Vega, alias Zorro, le justicier masqué que nous
connaissons tous ? Isabel Allende, avec l’humour qui la caractérise,
nous emmène dans les coulisses de la légende. Né dans le sud de la
Californie à la fin du XVIIIe siècle, Diego de la Vega est l’enfant de
deux mondes. Son père, un gentilhomme espagnol, et sa ravissante mère à
moitié indienne façonnent sa double personnalité. Formé au maniement de
l’épée et initié aux rites de sa tribu, il embarque à quinze ans pour
Barcelone où le maître d’armes Manuel Escalante parfait son éducation.
Avec à ses côtés le fidèle Bernardo, Zorro retourne en Californie pour
combattre les injustices.
Mon avis :
Encore une fois je suis conquise par la merveilleuse plume d'Isabel Allende. Elle se livre ici a une exercice difficile, écrire un roman mi-biographique, mi-aventure sur un personnage de fiction, j'ai nommé le grand Zorro. Vous devez (ou alors les plus anciens), tous vous souvenirs de la série qui commencé par :
♪♫ Un cavalier, qui surgit hors de la nuit
Court vers l'aventure au galop
Son nom, il le signe à la pointe de l'épée
D'un Z qui veut dire Zorro ♪♫
Et bien c'est bien ce Zorro, que l'on retrouve ici et l'auteur a choisi de nous raconter sa vie, de retracer son parcours.
Le livre s'ouvre en Haute-Californie, à la mission San Gabriel, en 1790. On y fait la connaissance du père Mendoza et des parents de Diego : son père un riche espagnol et sa mère, une indienne. Le père Mendoza essaie de convertir les Indiens d’Amérique au Catholicisme :
"
En Californie plusieurs autres religieux, exerçant dans vingt-trois
missions, étaient chargés de répandre la doctrine du Christ chez
plusieurs milliers de gentils des tribus chumash, shoshone et autres,
qui ne se prêtaient pas toujours de bonne grâce a la recevoir. Les
natifs de la côte californienne avaient un réseau de troc et de commerce
qui fonctionnait depuis des milliers d'années. Leur environnement, très
riche en ressources naturelles, avait permis à chaque tribu de
développer des spécialités différentes. Les Espagnols étaient
impressionnés par l'économie chumash, si complexe qu'elle pouvait se
comparer avec celle de la Chine. Les Indiens utilisaient des coquillages
comme monnaie et organisaient régulièrement des foires où, en plus
d’échanger des biens, on arrangeait les mariages.
Déconcertés par le mystère de l'homme torturé sur une croix que les
Blancs adoraient, les Indiens ne voyaient pas l’intérêt de vivre mal en
ce monde pour jouir d'un hypothétique bien-être dans l'au-delà. Au
paradis chrétien, ils pourraient s'installer sur un nuage et jouer de la
harpe avec les anges, mais la majorité d'entre eux préférait en
réalité, après la mort, chasser l'ours avec leurs ancêtres sur les
terres du Grand-Esprit. Ils ne comprenaient pas non plus pourquoi les
étrangers plantaient un drapeau en terre, marquaient des lignes
imaginaires, la déclaraient leur propriété et s'offensaient si quelqu'un
y entrait en poursuivant un cerf. L'idée de posséder la terre leur
paraissait aussi invraisemblable que celle de se partager la mer."
Diego vient au monde en même tant que Bernardo, le fils d'une autre indienne, et vont devenir frère de lait et ne plus se quitter. Ils vont passer leur enfance, en Californie, faire plein de bêtises et passer un rite indien pour devenir adulte. Puis à l'âge de 15 ans, ils vont embarquer pour Barcelone pour parfaire leur éducation. La traversée est périlleuse mais après plusieurs mois de voyage, ils vont découvrir une vie bien différente de la leur.
Diego passera cinq ans avant de revenir en Californie. Cinq ans ou il va commencer a se travestir et créer son personnage de Zorro au nom de la justice. Ses aventures sont vraiment passionnante et le récit ne nous laisse pas une minute de répit. Les références a l'histoire sont nombreuses et le ton porte toujours une petite pointe d'humour :
"
Les hommes portèrent un toast à la lointaine patrie et à leur amitié,
commençant la révolution qui avait soulevé en armes le peuple de France.
L'événement avait eu lieu voilà plus d'un an, mais la nouvelle venait
d'arriver à Monterrey. Ils tombèrent d'accord sur le fait qu'il n'y
avait pas de raison de s'alarmer : L'ordre avait sûrement été rétabli
dans ce pays et le roi Louis XVI devait être de nouveau sur son trône,
même s'il le considéraient comme une homme pusillanime, peu digne de
pitié."
Les chapitres se succèdent, avec entre chacun, quelques lignes d'Isabel Allende pour introduire la suite ou elle s'adresse directement à ses lecteurs :
"
Nous sommes arrivés à la cinquième et dernière partie de ce livre. Nous
devrons bientôt nous dire adieu, chers lecteurs, car l'histoire prend
fin au moment ou le héros revient au point de départ, transformé par ses
aventures et par les obstacles surmontés. C'est ce qui se passe
habillement dans les récits épiques, de l'Odysée aux contes de fées, et
je n'ai pas l'intention d'innover en la matière."
Bref c'est un roman passionnant, qui mélange le coté historique, l'aventure, avec une petit pointe d'amour. Il y a bien sur aussi comme dans beaucoup de roman sud-américain, ce coté réalisme magique ou certain fait imaginaire, magique viennent s'insérer dans le récit. C'est un excellent roman et si vous ne l'avez pas encore lu, il faut vite vous y plonger.
Lu dans le cadre des challenges :
- ABC 2016 : lettre A
- pavés 2015-2016