Résumé :
Caché dans l’obscurité, sous la pluie, Christian est assis au volant de
sa camionnette. Il attend sa femme, Leonora. Tous deux sont mariés
depuis vingt ans, ils ont un fils, tout semble leur réussir. Soudain, il
voit la silhouette de Leonora qui court. Il serre le volant de toutes
ses forces. Leur première rencontre, leur premier baiser, leur histoire
d’amour… il essaie d’oublier. Il ne doit pas penser qu’elle est sa
femme, ni même un être humain. D’ailleurs, est-elle encore sa femme ?
C’est davantage une menace, quelqu’un qui, s’il ne fait rien, va
détruire sa vie. Il a pris sa décision, une décision terrible. Il n’a
pas le choix. Il appuie sur l’accélérateur. Il voudrait pouvoir fermer
les yeux mais c’est impossible. Une dernière image avant le choc : la
queue de cheval de Leonora qui se balance en rythme dans la pluie. Trop
tard pour changer d’avis.
Une scène terrifiante : un homme s’apprête à tuer sa femme. Ce qui s’est
passé avant ? Ce qui va se passer après ? Personne, pas même le plus
perspicace des lecteurs, ne saurait le soupçonner.
Mon avis :
Amour entre adultes est un roman captivant comme seuls les scandinaves savent les écrire. Et chose originale : le roman commence par la fin, nous savons que le héros s’apprête à tuer sa femme. Puis on revient en arrière de quelques jours pour savoir comment le couple en est arrivé là. Malgré tout ça, le lecteur n’est pas au bout de ses surprises car les rebondissements vont s’enchainer. En parallèle, c’est Holger, flic à la retraite qui raconte l’enquête à sa fille. Enquête qui n’a jamais été résolue.
Difficile de s’attacher aux personnages qui sont tous plus machiavéliques les uns que les autres. Mais j’ai trouvé Holger attachant et extrêmement rusé. Malheureusement, il n’a jamais pu prouver ses intuitions.
J’ai aimé le dépaysement et découvrir un Danemark différent, m’éloigner de Copenhague pour découvrir l’île de Mors, les fjords et tous ses paysages sauvages qui font rêver. Cela allège un peu le récit de tous les éléments très sombres, les descriptions macabres qui se succèdent au fil des pages.
Je suis contente d’avoir découvert ce nouveau roman d’Anna Ekberg, la femme secrète, m’avait laissé un sentiment mitigé mais je suis vraiment conquise par ce roman et j’espère que d’autres suivront.
Extraits :
La plupart du temps, Johan est plutôt facile à vivre. Un gentil garçon,
surtout comparé à ce que sait Christian de la façon dont deux ou trois
garçons de sa classe occupent leur temps libre. Seul le matin pose
problème. Leonora a coutume de comparer Johan a un lac gelé au début de
l’hiver. Il faut être prudent si l’on marche dessus, y aller
précautionneusement, vérifier si la glace tient. Aujourd’hui elle tient,
estime Christian en posant une tasse de café devant son fils.
Rompre ou ne pas rompre. Cela aurait du être le dilemme d’Hamlet, être ou ne pas être, la réponse était trop facile, pense Christian en se garant sur le chantier.
Elle se souvient encore comme ils adoraient parler politique quand ils
étaient jeunes. Ils n’étaient jamais d’accord, Leonora était beaucoup
plus à gauche que Christian. Plus on vieillit, plus on découvre que la
politique n’est qu’une illusion, l’idée fausse que l’on peut faire la
différence par son vote si l’on suit les débats. Mais c’est impossible,
les choses suivent leur cours tordu.
Trois mots seulement : « Je veux divorcer », tout comme trois autres mots : « Je t’aime ». Ce sont trois mots qui peuvent conduire à la catastrophe, déclencher la guerre et changer le monde. Comment les dire ? La réponse reste incertaine dans sa tête quand il tourne près de la vallée d’Ulvedalen, le soleil forme des taches jaunes sur la route entre les ombres des arbres. Pourquoi n’y a-t-il pas un manuel qui explique comment un mari doit dire à sa femme qu’il souhaite continuer sa vie sans elle ?
Le violoniste peut créer des tons et des rythmes, mais le timbre habite
le corps du violon, le timbre vit dans le bois de l’arbre, conifère et
érable, le son s’y développe avec l’âge, comme la voix humaine ; quand
le vernis et le bois vieillissent lentement, le timbre devient plus
doux.
Son rire forcé le frappe : la jovialité est le masque des gens
malheureux et tristes. Telle sera sa vie désormais. Dissimuler sa
tristesse intérieure derrière des banalités, des plaisanteries faciles,
de l'humour de chantier. Un clown. Il va se changer en clown,
entièrement misérable à l’intérieur, grand sourire à l’extérieur.
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